La réforme du collège au JO, les opposants dénoncent un "passage en force"

  • La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem à la sortie du Conseil des ministres à l'Elysée le 20 mai 2015 à Paris
    La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem à la sortie du Conseil des ministres à l'Elysée le 20 mai 2015 à Paris AFP - PATRICK KOVARIK
  • Manifestation contre la réforme du collège le 19 mai 2015 à Paris
    Manifestation contre la réforme du collège le 19 mai 2015 à Paris AFP - Kenzo Tribouillard
  • Manifestation contre la réforme du collège le 19 mai 2015 à Lyon
    Manifestation contre la réforme du collège le 19 mai 2015 à Lyon AFP - Philippe Desmazes
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Centre Presse Aveyron

"Détermination" ou "passage en force"? Au lendemain d'une grève des enseignants, le décret qui concrétise la réforme contestée du collège a été publié mercredi, une accélération immédiatement décriée par ses opposants même si le gouvernement promet de poursuivre le dialogue.

La réforme du collège était prévue dans la loi sur l'école de 2013 et n'avait donc pas besoin de passer devant les parlementaires. Les textes publiés mercredi avaient eux reçu un avis positif de la communauté éducative, il y a cinq semaines, mais il restait à les promulguer.

La publication au Journal officiel du décret, qui énonce de grands objectifs, et surtout de l'arrêté, qui fixe "tout de façon autoritaire",est ressentie "comme une provocation et une marque de profond mépris pour les professeurs qui étaient en grève" la veille, selon Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

Cela "va rendre les suites très compliquées, il va falloir de la part du gouvernement un geste fort", a-t-elle dit. Une intersyndicale se réunira jeudi matin et pourrait envisager, faute de changement, "une action nationale de type grève et manifestation", a-t-elle prévenu.

Le Snalc (5,5% des voix aux élections professionnelles), classé à droite même s'il le réfute, a fustigé un "scandaleux passage en force" et "un stupéfiant déni de dialogue social". Il appelle à bloquer les épreuves du brevet fin juin.

"Publier le décret au lendemain du demi-échec" du Snes lors d'une mobilisation syndicale en demi-teinte est "une humiliation qu'on aurait pu lui éviter", a aussi tweeté Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissement.

Pour Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, syndicat réformiste favorable à la réforme, "le Premier ministre a souhaité clore le débat politique", dans un contexte "marqué par une offensive politique large".

"Oui nous voulons réformer, et c'est la raison pour laquelle nous avons décidé, avec le chef de l'Etat et avec la ministre de l'Education nationale, de publier ce décret car il faut aller vite, il faut former les enseignants pour préparer la rentrée 2016", a déclaré le Premier ministre à l'Assemblée.

- "Désordre" et "improvisation" -

Le tempo gouvernemental a aussi donné l'occasion à l'opposition de redoubler de critiques.

Appelant à une "manifestation nationale", le président du MoDem, François Bayrou, ex-ministre de l'Éducation, a dénoncé "un passage en force", qui a aussi "choqué" le patron du PCF Pierre Laurent. L'ex-Premier ministre François Fillon a raillé une "mauvaise" réforme faite de "désordre" et d'"improvisation", tandis que le député UMP Bruno Le Maire, en pointe pour exiger son retrait, a dénoncé "provocation" et "mépris" à la veille de son débat avec la ministre sur Europe 1 et iTÉLÉ.

"Il n'y a pas de précipitation, tous les délais sont tels que nous les avions prévus depuis le début", a assuré Najat Vallaud-Belkacem. "Les débats ont eu lieu, il est temps de dire que cette réforme aura lieu."

"Pour répondre aux inquiétudes, pour lever aussi un certain nombre de malentendus, pour rassurer, pour apporter des garanties aux enseignants qui seront ceux qui appliqueront cette réforme, nous allons adopter suite à une discussion qui s'ouvre aujourd'hui, une circulaire d'application", a-t-elle ajouté.

Plus du quart des professeurs de collèges publics (27,61%) ont fait grève mardi selon le ministère, le double selon le Snes. Plusieurs milliers d'enseignants ont manifesté, contestant la suppression des options latin-grec, remplacées par un enseignement pratique interdisciplinaire, et celle de la plupart des classes bilangues (deux langues dès la sixième) qui inquiète les professeurs d'allemand. A la place, la réforme propose une deuxième langue pour tous en cinquième.

Autres sujets d'inquiétude: le pouvoir des chefs d'établissement dans le cadre de l'autonomie accrue accordée aux établissements et un grignotage des horaires des matières classiques à causes de l'interdisciplinarité (croisement de disciplines dans un même cours).

Mercredi, deux à trois cents enseignants ont encore battu le pavé à Lyon contre la suppression des classes bi-langues et européennes. "Quand on pense que Mme le ministre prétend rechercher le dialogue (…) Les gens descendent dans la rue pour dire que la réforme ne va pas et on passe le décret dans la nuit. Ce n'est ni très courageux, ni très démocratique", selon Stéphane Gautier, professeur d'allemand, membre de l'Association pour le développement de l'Allemand en France (ADEAF).

Source : AFP

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