Outreau: Daniel Legrand clame encore son innocence avant le verdict

  • Daniel Legrand (C) et ses avocats Hugues Viguier et Hervé Corbanesi au tribunal le 5 juin 2015 à Rennes
    Daniel Legrand (C) et ses avocats Hugues Viguier et Hervé Corbanesi au tribunal le 5 juin 2015 à Rennes AFP - DAMIEN MEYER
  • L'avocat général Stéphane Cantero à la reprise de l'audience le 5 juin 2015 à Rennes
    L'avocat général Stéphane Cantero à la reprise de l'audience le 5 juin 2015 à Rennes AFP - DAMIEN MEYER
  • Thierry Delay et Myriam Delay Badaoui le 08 Juin 2004 au palais de justice de Saint-Omer
    Thierry Delay et Myriam Delay Badaoui le 08 Juin 2004 au palais de justice de Saint-Omer AFP/Archives - Philippe Huguen
  • Jonathan Delay à son arrivée au tribunal le 4 juin 2015 à Rennes
    Jonathan Delay à son arrivée au tribunal le 4 juin 2015 à Rennes AFP - DAMIEN MEYER
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Centre Presse Aveyron

Daniel Legrand, un des acquittés de l'affaire d'Outreau, jugé à Rennes dans le dernier volet de ce dossier, a clamé vendredi une ultime fois son innocence avant que la cour ne se retire pour délibérer, au lendemain de l'acquittement requis par l'avocat général.

"Moi et mon père, on est innocents, je le dis avec force, courage et dignité", a juste déclaré à l'ouverture de l'audience Daniel Legrand, dont le père homonyme, décédé en 2012, faisait aussi partie des acquittés de ce retentissant fiasco judiciaire parti d'une petite commune du Pas-de-Calais.

Puis le président Philippe Dary a prononcé la clôture des débats de ce procès entamé le 19 mai. L'ensemble de la cour dont les six jurés, quatre femmes et deux hommes, s'est alors retiré pour les délibérations qui devraient durer au moins la matinée car, quel que soit leur verdict, il devra être motivé en application de la réforme des cours d'assises entrée en vigueur en 2012.

Dans son réquisitoire jeudi, l'avocat général Stéphane Cantero a demandé avec véhémence l'acquittement de Daniel Legrand, non pas au bénéfice du doute, mais parce qu'il "est innocent, parce qu'il n'a rien fait!".

Comme à Paris en appel en 2005, les six avocats de la défense, la plupart anciens conseils des acquittés d'Outreau, ont choisi de ne pas plaider.

"Jonathan (Delay, ndlr) n'est pas là parce que pour lui c'est compliqué en ce moment, ses nuits sont courtes (...) Quelle que soit la décision, il l'accepte", a déclaré Me Patrice Reviron, l'avocat de ce jeune homme de 21 ans, dont les parents et un couple de voisins ont été condamnés dans l'affaire d'Outreau en 2004 pour les avoir violés, lui et ses frères, quand ils étaient enfants.

- Fiasco -

Treize des 17 accusés de cette affaire, parmi lesquels Daniel Legrand mais aussi son père, avaient été acquittés en 2004 et 2005 à l'issue de ce qu'on a surnommé le "fiasco judiciaire d'Outreau". Le président de la République Jacques Chirac leur avait même présenté des excuses.

Mais Daniel Legrand ayant été renvoyé devant les assises pour une période où il était en partie mineur, seules les accusations portant sur sa majorité avaient été jugées.

C'est l'association Innocence en danger qui, en 2013, a tenu à rappeler cet "oubli" au parquet général de Douai, à quelques semaines de la prescription. Et le nouveau procureur général a choisi d'audiencer ce procès qui, en onze jours de débats et une cinquantaine de témoins, a semblé une "redite" complète des deux précédents.

Tous les "acquittés" encore vivants, les quatre condamnés pour les viols des quatre fils Delay (parmi lesquels leur mère Myriam Badaoui dont les multiples accusations dans l'instruction puis les revirements aux procès avaient fait basculer l'affaire) mais aussi l'ancien juge d'instruction Fabrice Burgaud, sont venus témoigner à Rennes.

Si les avocats des parties civiles ont à de nombreuses reprises argué que ce procès avait le mérite de redonner la parole aux victimes dont les souffrances ont été escamotées par la place donnée aux acquittés, il était difficile de savoir, à la fin des débats, quel bénéfice en tireront les jeunes hommes que sont devenus Chérif, Dimitri et Jonathan Delay, qui s'étaient constitué partie civile.

L'avocat général a estimé que les accusations qu'ils ont portées à Rennes pour la première fois contre Daniel Legrand étaient le fruit de "souvenirs reconstruits", résultant de leur enfance de traumatismes et de viols mais aussi des violences psychologiques vécues lors de l'instruction et des procès.

"C'est les respecter aujourd'hui que de leur dire qu'ils se trompent", a-t-il clamé.

Mais Jonathan ne l'a pas vu ainsi: "Je me sens blessé... C'est une honte!", a-t-il réagi. "Il me dit que je me suis trompé de personne mais est-ce qu'il a le droit de me regarder dans les yeux et de me dire que je me suis trompé?", a-t-il demandé. "Est-ce qu'il était là quand il y avait tous ces sévices à la maison?"

Source : AFP

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