Grèce: sommet crucial à Bruxelles, les propositions d'Athènes bien reçues

  • Les minstres français, Michel Sapin, et grec, Yanis Varoufakis, des Finances, le 19 juin 2015 à Luxembourg
    Les minstres français, Michel Sapin, et grec, Yanis Varoufakis, des Finances, le 19 juin 2015 à Luxembourg AFP - THIERRY MONASSE
  • Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis quitte à moto une réunion chez le Premier ministre le 21 juin 2015 à Athènes
    Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis quitte à moto une réunion chez le Premier ministre le 21 juin 2015 à Athènes AFP - ANGELOS TZORTZINIS
  • Alexis Tsipras salue des personnes qui l'attendaient à la sortie du siège du gouvernement le 21 juin 2015 à Athènes
    Alexis Tsipras salue des personnes qui l'attendaient à la sortie du siège du gouvernement le 21 juin 2015 à Athènes IN TIME NEWS/AFP - COSTAS BALTAS
  • La Grèce et ses créanciers
    La Grèce et ses créanciers AFP - T. Eberding
  • La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec Alexis Tsipras le 22 mai 2015 à Riga
    La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec Alexis Tsipras le 22 mai 2015 à Riga AFP/Archives - ALAIN JOCARD
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Centre Presse Aveyron

Un sommet européen extraordinaire doit se tenir lundi à Bruxelles pour éviter à la Grèce un défaut de paiement aux conséquences imprévisibles, quelques heures après la présentation par Athènes de nouvelles propositions à ses créanciers qui y voient une "bonne base".

"Le sort de la Grèce, de l'euro se joue en bonne part aujourd'hui", a affirmé lundi le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici à quelques heures de ce sommet qui pourrait permettre de régler la crise grecque. Cette crise a déjà été l'occasion de maintes réunions présentées comme très importantes, mais "cette fois c'est décisif", a déclaré le commissaire, disant croire en un accord ce soir.

François Hollande estime pour sa part qu'un accord sur la Grèce est "possible", "à portée" de main", mais qu'il reste des "obstacles", a déclaré Pierre Laurent, numéro un du Parti communiste français (PCF), à l'issue d'une rencontre avec le chef de l'Etat.

"Nouvelle proposition grecque reçue par M. Juncker, Mme Lagarde et la Banque centrale européenne. Bonne base pour faire des progrès au sommet de la zone euro", a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi Martin Selmayr, le chef de cabinet du président de la Commission, sur son compte Twitter. En allemand, il a évoqué un processus qui s'est fait "aux forceps", alors que les propositions grecques étaient attendues dans l'après-midi de lundi par les créanciers.

Aucun détail n'a été fourni sur le contenu de ces propositions faites par Athènes pour obtenir le déboursement rapide de 7,2 milliards d'euros, promis de longue date, et qui doit lui permettre d'éviter à la fin du mois un défaut de paiement.

Un rendez-vous test attend le Premier ministre grec Alexis Tsipras avant le sommet prévu en début de soirée: il rencontrera à 11H00 (09H00 GMT) le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le président de la BCE, Mario Draghi, et le chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), puis les dirigeants des 19 pays qui ont l'euro comme monnaie commune se réuniront ensuite pour éviter au pays ce scénario catastrophe.

Sans avis positif sur les propositions grecques lors des deux sessions de négociations, les chances sont faibles pour que le sommet des dirigeants de la zone euro permette un dénouement devenu urgent.

Sans décision sur le déboursement d'une tranche de prêts de 7,2 milliards d'euros, Athènes à court d'argent risque de ne pouvoir honorer le 30 juin un remboursement de 1,5 milliard d'euros au FMI, un scénario aux conséquences imprévisibles.

La possibilité d'une sortie de la Grèce de la zone euro, même si ce processus inédit n'a rien de mécanique en cas de défaut, est désormais évoquée ouvertement.

L'accélération des retraits des épargnants au cours des derniers jours renforce les craintes pour le système bancaire grec, même s'il est soutenu par le financement d'urgence de la Banque centrale européenne (BCE).

Celle-ci se réunit de nouveau lundi matin à ce propos et pourrait, pour la troisième fois en moins d'une semaine, augmenter cette aide afin de faire face à de nouveaux retraits massifs attendus lundi.

- 'Folie' et 'bon sens' -

Alors que rien n'avait filtré officiellement dimanche du contenu des propositions grecques, le Premier ministre italien Matteo Renzi avait estimé que "toutes les conditions "étaient réunies" pour un accord "gagnant-gagnant".

Alexis Tsipras s'était entretenu dimanche au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et Jean-Claude Juncker. Il devait être à Bruxelles dès dimanche soir.

Le ministre du Budget Dimitris Mardas a affirmé à la télévision publique ERT que salaires et retraites pourraient être payés fin juin, mais sans s'engager sur le remboursement au Fonds monétaire international (FMI).

Le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) affirmait pour sa part dimanche que ni le versement au FMI ni les dépenses intérieures ne pourraient être assurés.

Dans une tribune publiée par le journal, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a appelé Mme Merkel à faire preuve de responsabilité face à un "choix décisif".

"Ce serait de la folie que d'entrer, pour deux ou trois milliards de différence (entre Athènes et ses créanciers, ndlr) dans ces eaux troubles et de prendre de tels risques pour l'Eurozone et la Grèce", a estimé Louka Katseli, présidente de la Banque nationale de Grèce (BNG), sur la BBC, pariant sur la victoire du "bon sens".

- Avec ou sans FMI -

Le gouvernement grec est prêt à des ajustements, suggérait samedi le ministre d'Etat Alekos Flambouraris, proche de M. Tsipras, évoquant l'accélération des suppressions de pré-retraites et la baisse de l'un des seuils de taxation des entreprises.

Mais la Grèce restera intransigeante sur plusieurs points, a signifié le ministre d'Etat, Nikos Pappas, l'un des chefs de file de la négociation, dans le journal Ethnos dimanche: "rétablissement du droit du travail, pas de baisse des salaires et des retraites, plan stratégique exhaustif sur le problème de la dette".

Athènes voudrait un accord qui apporte "une solution définitive", selon le Premier ministre, plutôt que provisoire avec déboursement partiel d'argent pour passer le cap du 30 juin et extension du plan d'aide, qui seraient suivis d'autres négociations laborieuses.

En cas d'extension du programme, la poursuite de l'assistance du FMI, aux côtés de l'Union européenne (UE) et de la Banque centrale européenne (BCE), n'est pas souhaitable, a estimé Nikos Pappas, invoquant "l'objectif unilatéral et pas du tout européen" de l'institution de Washington.

Des manifestations contre l'austérité et en soutien à la Grèce se sont tenues dans plusieurs villes européennes ce week-end. A Athènes en fin de journée, au moins 7.000 personnes, selon la police, se sont rassemblées devant le parlement pour dire leur refus de nouvelles mesures de rigueur et soutenir le gouvernement.

En Asie, avant la série de réunions de première importance en Europe sur la crise financière grecque, les marchés ont réagi positivement. "Le fait qu'il y a de nouvelles propositions sur la table est vu favorablement", a déclaré à Bloomberg News Shoji Hirakawa, stratégiste en chef chez Okasan Securities Co à Tokyo.

Source : AFP

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