Le tourisme industriel a trouvé sa place en Aveyron

  • Chez Raynal et Roquelaure, le succès populaire est croissant.
    Chez Raynal et Roquelaure, le succès populaire est croissant. Repro CP
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Economie. Conserveries, fromageries, coopératives viticoles... Devant l'appétit des visiteurs, les entreprises de l’Aveyron ouvrent leurs portes et dévoilent leur savoir-faire. 

Conserveries, fromageries, coopératives viticoles... mais aussi mégisseries, coutelleries, confection, ou même barrages hydrauliques, les entreprises de l’Aveyron ouvrent leurs portes et dévoilent leur savoir-faire. C’est grâce à elles que le public connaît mieux (et goûte) le roquefort, le laguiole. La charcuterie également ou bien d’autres spécialités. Et l’hydroélectricité, comment ça marche ? En Aveyron, tout est dévoilé ! Le tourisme industriel a le vent en poupe... Trois exemples pour comprendre de quelle façon il est organisé. 

«Après un an de tâtonnement, ça monte en puissance»

À Capdenac-Gare, la création de la galerie pour entrer dans l’univers des plats cuisinés en barquettes et en conserves (n° 2 français) de Raynal et Roquelaure coïncide avec le déménagement de l’entreprise du centre-ville vers la zone des Taillades en 2000.

Pendant dix ans, elle a réservé ses visites aux professionnels et aux étudiants; l’ouverture au grand public date de 2011 avec la signature d’une convention avec l’office de tourisme du Grand Figeac. Si l’entreprise a alors procédé à divers aménagements supplémentaires (extension de la galerie qui surplombe les différents ateliers, naissance d’un «couloir du temps» pour découvrir l’histoire de la société depuis 1876, scénographie pointue avec une enveloppe de 1420 00 entre l’étude et la réalisation...), ce sont cinq guides conférenciers qui prennent en charge les visites (exclusivement sur réservation, payantes) : toute l’année pour les groupes et lors de 14 dates précises pour les individuels. Le succès populaire est croissant. Notamment au niveau des groupes: 13 (et 296 personnes) en 2012, 15 (430) l’année suivante et 28 (790) l’an dernier.

«Après un an de tâtonnement, ça monte en puissance. À la fois sur le plan des outils, régulièrement optimisés, que de la fréquence, se réjouit Florence Guillon, directrice du marketing à Raynal et Roquelaure. Notre souhait de l’ouvrir au public était la conjugaison de trois éléments: une envie qui nous trottait dans la tête depuis longtemps, un déficit de notoriété au niveau local alors qu’on était reconnu à l’échelle nationale, une activité accrue avec une vitrine de marques à valoriser.» Et la recette fonctionne bien !

«Montrer le savoir-faire et le savoir-être» 

C’est une volonté du président fondateur de la coopérative. Quand Jeune Montagne a fait sortir de terre sa nouvelle fromagerie en 1992 à Laguiole, André Valadier a décidé de la doter d’un outil de promotion du fromage AOC (appellation d’origine contrôlée). En un peu moins d’un quart de siècle, la salle d’accueil, la galerie de visite, la zone de dégustation et la boutique en ont vu passer du monde! Et jamais le directeur général n’a voulu y toucher. «Ce qui était vrai il y a 25 ans est encore plus vrai aujourd’hui, assure Bernard Robert. Nous sommes une entreprise territoriale avec des produits territoriaux. C’est important d’expliquer d’où on vient et où on va». Le dirigeant est très sensible «à cet esprit identitaire» : «Le ressenti du consommateur est primordial et il passe par ce contact direct». Il met aussi l’accent sur «la valorisation de nos métiers» et sur le fait que Jeune Montagne «s’inscrit dans un système touristique». Et de préciser alors volontiers sur le sujet : «Nous avons la chance d’être dans un flux et nous sommes complémentaires de tout le reste (couteau, gastronomie locale...)».

Outil pédagogique

Dans l’intérêt porté au tourisme industriel, Bernard Robert ne néglige pas «la notion d’information» : «Si l’aligot est connu, la notoriété du fromage de Laguiole est faible. Ces visites sont donc un outil pédagogique, une façon aussi d’essaimer nos produits dans toute la France». Visites libres, guidées en hors saison pour les groupes et les autocaristes, lancées toutes les 30 minutes en juillet et août «avec des hôtesses du pays», plusieurs formules (gratuites) existent... Mais la recette fonctionne à tous les coups ! Le directeur général estime à 70000 le nombre de visiteurs par an. À Laguiole toujours, La Forge, qui a été créée en 1987, est un site incontournable pour découvrir l’âme (lame?) de la coutellerie. Et Thierry Moysset ne tranche pas avec la philosophie de son voisin Bernard Robert. «Plutôt que d’en parler, rien ne vaut de le montrer !», insiste le maître des lieux, qui met l’accent sur «la gratuité». «Le but n’est pas lucratif mais la formation et l’information, précise-t-il volontiers. Et on ne cache rien. Les visiteurs passent partout, dans les ateliers bien sûr, mais aussi dans mon bureau !»

«Le savoir-faire mais aussi le savoir-être»

Thierry Moysset ajoute sur le sujet : «Cette transparence est pour nous une volonté affichée de respecter le visiteur, une question de déontologie. Il y a ainsi le savoir-faire mais aussi le savoir-être». Le directeur de la Forge se réjouit aussi du fait que le tourisme industriel permet de «valoriser les salariés» avec «une mise en avant des métiers». Si ce n’est «a prise en compte de la sécurité de tous», l’entreprise n’a pas procédé à d’aménagements particuliers et «elle gère tout en direct». Pour ce qui est de la fréquentation, «difficile à dire, vu que c’est gratuit», reconnaît Thierry Moysset. Lequel glisse tout de même: «On parle régulièrement de 60 à 70000 personnes qui passent à Laguiole chaque année. Disons qu’on doit en capter la moitié...».

Partager sa passion

Si les visites individuelles libres sont possibles toute la semaine (du lundi au vendredi, toute l’année), des visites guidées sont proposées en juillet et août. D’autres entreprises aveyronnaises sont attachées au tourisme industriel et mettent tout en œuvre pour partager leur passion avec les visiteurs. C’est le cas, par exemple, de Roquefort et son fromage (accès guidé payant à Société, cave d’affinage reconstituée chez Gabriel Coulet, ateliers de conditionnement pour Combes et le Vieux berger), de Millau et son viaduc Eiffage (en particulier une plongée dans la célèbre P2, la plus haute au monde) ou de ses gantiers (dont la Maison Fabre), ou encore de Sauveterre-de-Rouergue et l’atelier du maroquinier Max Capdebarthes, du vin de Marcillac avec la cave coopérative des vignerons du Vallon à Valady, ou de la bien nommée triperie La Naucelloise à Naucelle. 

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