"Deux cavaliers à la plage": première vente d'une oeuvre de la collection Gurlitt

  • Un vigile monte la garde devant le tableau du peintre allemand Max Liebermann "Deux cavaliers à la plage" (1901), lors d'une présentation à la presse à Londres le 19 juin 2015, avant sa vente aux enchères
    Un vigile monte la garde devant le tableau du peintre allemand Max Liebermann "Deux cavaliers à la plage" (1901), lors d'une présentation à la presse à Londres le 19 juin 2015, avant sa vente aux enchères AFP/Archives - JUSTIN TALLIS
  • La maison à Salzbourg, en Autriche, du collectionneur allemand Cornelius Gurlitt, le 18 novembre 2013
    La maison à Salzbourg, en Autriche, du collectionneur allemand Cornelius Gurlitt, le 18 novembre 2013 AFP/Archives - Wildbild
  • Photo fournie par Art Recovery montrant Christopher Marinello, avocat des héritiers du collectionneur d'art juif français Paul Rosenberg devant le tableau d'Henri Matisse "Femme Assise", le 15 mai 2015 à Munich
    Photo fournie par Art Recovery montrant Christopher Marinello, avocat des héritiers du collectionneur d'art juif français Paul Rosenberg devant le tableau d'Henri Matisse "Femme Assise", le 15 mai 2015 à Munich ART RECOVERY/AFP/Archives - WOLF HEIDER-SAWALL
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Centre Presse Aveyron

La première oeuvre issue de la collection Gurlitt, du nom de l'octogénaire allemand qui vivait reclus avec plus d'un millier de tableaux amassés par son père sous le IIIe Reich, sera mise en vente mercredi par Sotheby's à Londres.

La maison d'enchères attend au moins 550.000 livres (766.000 euros) pour le tableau de Max Liebermann, "Deux cavaliers à la plage", qui date de 1901.

L'oeuvre du peintre juif allemand est l'une des quelque 1.600 toiles retrouvées dans l'appartement munichois de Cornelius Gurlitt en 2012, et dans sa villa de Salzbourg.

Décédé en mai 2014, il tenait ce trésor de son père, le marchand d'art Hildebrand Gurlitt, qui s'était fait la spécialité de racheter à bon prix des oeuvres à des familles juives aux abois.

De nombreuses oeuvres dénoncées par les nazis comme de "l'art dégénéré" avaient également été décrochées des musées allemands et vendues légalement par le Reich.

Cédé en 1942 par les autorités nazies à Hildebrand Gurlitt, "Deux cavaliers à la plage" a vécu une existence mouvementée et a encore fait l'objet récemment d'une querelle juridique.

En mars 2014, un des héritiers légitimes, l'Américain David Toren, âgé de 90 ans aujourd'hui, a porté plainte à Washington contre l'Allemagne et la Bavière pour demander la restitution immédiate du tableau ayant appartenu à son grand-oncle David Friedmann jusqu'à ce que ce dernier doive renoncer à ses biens en faveur des nazis.

David Toren avait 13 ans en 1938 lorsqu'il a vu le tableau pour la dernière fois, accroché aux murs de la maison de Breslau de son riche grand-oncle, avant que ses parents ne le mettent dans un train pour la Suède.

Alors que presque toute sa famille a été décimée par les nazis, David Toren, qui a ensuite émigré en 1956 aux Etats-Unis, a fini par récupérer le tableau au mois de mai.

- "Décision douloureuse" -

"C'est comme une deuxième victoire sur les nazis", confiait-il alors au quotidien The Guardian.

Mais le nonagénaire ne peut plus admirer le tableau comme à l'époque puisqu'il est aujourd'hui aveugle.

Mettre "Deux cavaliers à la plage" en vente a été une "décision douloureuse" mais "inévitable" puisqu'il est "impossible de couper le tableau en plusieurs parties" afin de le partager entre les héritiers, a-t-il ajouté.

"Lorsqu'on a reçu le tableau, il était très sale. On pouvait voir qu'il avait été laissé à l'abandon. Cornelius Gurlitt avait beaucoup de choses qui étaient juste stockées quelque part dans sa maison, derrière des armoires ou sous des lits", souligne Bernhard Brandstaetter, le directeur de Sotheby's.

Quant au reste de la collection Gurlitt, l'essentiel a été légué au Musée des Beaux-Arts de Berne. Un accord a par ailleurs été trouvé avant sa mort avec l'Etat allemand concernant 590 oeuvres environ, pour lesquelles les descendants des anciens propriétaires spoliés avaient un an pour se faire connaître et valoir leurs droits.

La "Femme assise" de Matisse a ainsi été restituée mi-mai aux héritiers du collectionneur d'art juif français Paul Rosenberg et un accord a été trouvé pour "La Seine vue du Pont-Neuf, au fond le Louvre", de Camille Pissarro.

"Déterminer la provenance de chaque tableau est un travail de très longue haleine", note Bernhard Brandstaetter qui estime qu'il s'agit "probablement de la plus importante collection trouvée depuis trente ans".

La vente mercredi à Sotheby's propose également le "Portrait de Gertrud Loew" de Gustav Klimt, estimé à 18 millions de livres. L'oeuvre avait été abandonnée par la femme qui a servi de modèle lorsqu'elle a fui l'Autriche en 1939 après son annexion par l'Allemagne d'Hitler.

Source : AFP

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