Grèce: forte pression de l'UE et du FMI à l'approche du référendum

  • Le drapeau européen devant le Parthénon le 2 juillet 2015 à Athènes
    Le drapeau européen devant le Parthénon le 2 juillet 2015 à Athènes AFP - LOUISA GOULIAMAKI
  • Préparation du matériel électoral en vue du référendum le 2 juillet 2015 à Tessalonique
    Préparation du matériel électoral en vue du référendum le 2 juillet 2015 à Tessalonique AFP - SAKIS MITROLIDIS
  • Le Premier ministre Alexis Tsipras et le ministre de la Défense et chef du parti des Indépendants, Panos Kamenos, lors d'une conférence de presse le 2 juillet 2015 à Athènes
    Le Premier ministre Alexis Tsipras et le ministre de la Défense et chef du parti des Indépendants, Panos Kamenos, lors d'une conférence de presse le 2 juillet 2015 à Athènes Ministère de la Défense/AFP
  • Des partisans du "oui" au référendum manifestent le 2 juillet 2015 à Tessalonique
    Des partisans du "oui" au référendum manifestent le 2 juillet 2015 à Tessalonique AFP - SAKIS MITROLIDIS
  • Le référendum grec du 5 juillet
    Le référendum grec du 5 juillet AFP - L.Saubadu/T.Saint-Cricq, tsq/fh
  • Des jeunes, partisans du "non" au référendum, manifestent le 2 juillet 2015 à Athènes
    Des jeunes, partisans du "non" au référendum, manifestent le 2 juillet 2015 à Athènes AFP - LOUISA GOULIAMAKI
Publié le
Centre Presse Aveyron

L'Union européenne et le Fonds monétaire international ont mis une forte pression sur la Grèce jeudi, à trois jours du référendum sur le plan des créanciers d'Athènes, le FMI publiant des chiffres épouvantables sur les finances publiques de ce pays.

Le FMI a publié un rapport imprévu, réduisant de 2,5% à 0% ses prévisions pour la croissance grecque cette année, et encore sans tenir compte de la mise sous contrôle des capitaux depuis lundi en Grèce.

Il a imputé la situation aux changements politiques survenus "plus tôt cette année" dans ce pays, dans une allusion à l'arrivée au pouvoir du parti de la gauche radicale Syriza fin janvier.

Pour ajouter à la confusion, le FMI a prédit que la Grèce aurait besoin d'une nouvelle aide européenne de 36 milliards d'euros dans les trois ans, même si elle acceptait dimanche le plan des créanciers soumis à référendum, et d'une forte restructuration de sa dette, dont l'UE devrait alors supporter la charge.

Le porte-parole du gouvernement grec, Gabriel Sakellaridis, a voulu considérer le verre à moitié plein, notant que "le rapport du FMI donne pleinement raison au gouvernement grec" au sujet de la dette. Il a considéré ce rapport comme "un échec" des plans d'aide à la Grèce, en vigueur depuis 2010, et qui se sont terminés mardi par le non-paiement d'une somme de 1,55 milliard d'euros due au FMI.

La campagne éclair pour ce référendum, annoncé le week-end dernier, a ainsi vraiment débuté jeudi, par cette pression sur le gouvernement.

La question posée aux Grecs dimanche est simple en apparence: êtes-vous d'accord avec la proposition des créanciers faite en date du 25 juin ?

Pour le gouvernement, qui n'a aucune intention de sortir de la zone euro, un non servirait surtout à être "mieux armé" pour la poursuite des négociations avec les créanciers.

Mais ces derniers soutiennent qu'un non équivaudrait à un choix contre l'euro, de quoi impressionner des Grecs déjà très inquiets de la situation.

Même le président français François Hollande, parmi les plus compréhensifs pourtant, a estimé que si le non l'emportait, on entrerait "dans une forme d'inconnu".

"La situation se dégrade en raison du comportement du gouvernement grec", a affirmé le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

"Selon moi, la Grèce ne sortira pas de l'euro, elle fera tout pour parvenir à un accord", a toutefois pronostiqué jeudi soir le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. "Quoi qu'il arrive, la Grèce devra retourner à la table des négociations et négocier un programme d'aide", a-t-il ajouté.

- Varoufakis sûr d'un accord après le référendum -

Face à cette pression, M. Tsipras a promis que son pays resterait "uni" à l'issue du scrutin, après le non qu'il espère.

Le Premier ministre n'a toutefois pas voulu jeudi dire ce qu'il adviendrait de son gouvernement si le oui l'emportait au référendum alors qu'il fait campagne pour le non.

Interrogé par la chaîne de télévision ANT1 sur ce qui allait se passer en cas de victoire du oui, il a laconiquement répondu: "Le choix du peuple grec sera respecté, je vais mettre en route la procédure prévue par la Constitution".

Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, a de son côté clairement annoncé sur Bloomberg TV qu'il ne serait plus à son poste en cas de victoire du oui. M. Varoufakis a par ailleurs estimé, dans une interview à la chaîne de télévision BBC News, qu'il y avait "100% de chances" qu'un accord soit trouvé avec les créanciers d'Athènes après le référendum. "Un accord sera trouvé que ce soit un +oui+ ou un +non+ qui sorte des urnes", a-t-il déclaré.

M. Varoufakis, qui a appelé les Grecs à voter contre le plan des créanciers, a durement critiqué la politique de l'UE. "Nous avons un très mauvais système de gouvernance en Europe. Ce n'est pas la bonne manière de diriger une union monétaire. C'est une parodie. C'est une comédie des erreurs depuis maintenant cinq ans", a dit le ministre des Finances.

Le président du Parlement européen Martin Schulz a quant à lui dit s'attendre à la nomination d'un "gouvernement de technocrates" en Grèce en cas de victoire du oui et de démission du gouvernement Tsipras.

De nouvelles élections s'imposeront "si le peuple grec vote pour le programme de réformes et donc en faveur du maintien dans la zone euro et si Tsipras, de façon logique, démissionne", a déclaré M. Schulz dans un entretien avec le quotidien des affaires Handelsblatt.

Dans cette hypothèse, la continuité pendant la période menant aux élections devrait être assurée par "un gouvernement de technocrates, pour que nous puissions continuer à négocier", a-t-il estimé.

Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, a tenté d'alléger l'atmosphère en lançant, à l'issue d'une réunion avec son homologue belge Didier Reynders: "Lundi, nous nous marierons, nous vivrons heureux et aurons beaucoup de discussions".

Le non prôné par le gouvernement grec, c'est-à-dire un rejet des propositions des créanciers, qui était en tête ces derniers jours avec une marge de plus en plus faible (57%/30% puis 46%/37% depuis dimanche), aurait désormais cédé la place au oui, à en croire un sondage ayant donné lieu à des fuites dans les médias grecs.

Les Grecs paraissaient en tout cas se lasser du contrôle des capitaux, qui les oblige à limiter leurs retraits bancaires à 60 euros par jour. Un début de pénurie de billets de 20 euros a été constaté, ainsi qu'un ralentissement du commerce.

Des milliers de partisans du parti communiste (KKE), 6.000 selon la police, ont manifesté dans le centre d'Athènes jeudi soir, ce parti appelant à s'opposer au gouvernement en glissant des bulletins nuls dans les urnes au référendum.

La Bourse de Tokyo a ouvert vendredi sur une tonalité hésitante, les acteurs du marché optant pour une position attentiste à deux jours du référendum en Grèce.

Source : AFP

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