De la tragédie grecque au psychodrame européen

  • Les ministres français, Michel Sapin, et allemand, Wolfgang Schauble, des Finances lors de la réunion de l'Eurogroupe le 12 juillet 2015 à Bruxelles
    Les ministres français, Michel Sapin, et allemand, Wolfgang Schauble, des Finances lors de la réunion de l'Eurogroupe le 12 juillet 2015 à Bruxelles AFP - JOHN MACDOUGALL
  • Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le ministre français des Finances Michel Sapin le 12 juillet 2015 à Bruxelles
    Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le ministre français des Finances Michel Sapin le 12 juillet 2015 à Bruxelles AFP - JOHN MACDOUGALL
  • La chancelière allemande Angela Merkel et le président du Parlement européen Martin Schulz le 12 juillet 2015 à Bruxelles
    La chancelière allemande Angela Merkel et le président du Parlement européen Martin Schulz le 12 juillet 2015 à Bruxelles AFP - JOHN MACDOUGALL
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Centre Presse Aveyron

"Ne me prends pas pour un imbécile !" L'avertissement a fusé au cours d'un week-end d'une intensité rare où la zone euro s'est déchirée sur le sort de la Grèce, certains préférant en finir en expulsant le pays plutôt qu'en le renflouant une nouvelle fois.

L'invective a été lancée par l'homme de fer de la zone euro, l'Allemand Wolfgang Schäuble, au patron de la BCE, Mario Draghi, dont l'institution tient à bout de bras les banques grecques et l'économie du pays. "A un moment donné, les choses ont été dites avec un rare degré d'intensité, de vérité", confirme un responsable européen. "L'attitude de Schäuble a été indescriptible", accuse de son côté une source grecque.

Au départ, la réunion samedi de l'Eurogroupe devait être l'occasion pour les ministres des Finances de donner leur avis sur les propositions de réformes de la Grèce, mises sur la table pour obtenir un troisième plan d'aide et éviter une sortie de l'euro, le fameux "Grexit".

Ces propositions avaient été approuvées, dans les grandes lignes, quelques heures auparavant par la Commission européenne, la BCE et le FMI, les "institutions" qui gardent un oeil sur Athènes.

Mais après des mois de négociations acrimonieuses, d'annonces prenant tout le monde par surprise, dont le référendum du 5 juillet en Grèce, les faucons de la zone euro n'y croient plus, évoquant en boucle un "manque de confiance" envers leur partenaire grec.

"Ils ont cuisiné un gâteau, on doit maintenant voir s'il est comestible", lance le très sceptique Slovaque Peter Kazimir, spécialiste de piques à l'encontre des Grecs.

Les efforts de la France, qui joue volontiers le rôle de "trait d'union" depuis deux semaines, ne suffisent pas à calmer les esprits. D'autant plus qu'en pleine réunion, un journal allemand annonce que Berlin propose une "sortie temporaire" de la zone euro, d'une durée de cinq ans. Jamais jusqu'ici personne n'avait envisagé aussi précisément un tel scénario ! Les démentis pleuvent avant qu'un député allemand (groupe des Verts) n'exhume le document.

"La mauvaise foi a changé de camp", souligne un observateur.

Après neuf heures de discussions, la réunion est suspendue dans une ambiance lourde. Elle reprend dimanche matin, quelques heures avant un sommet des 28 chefs d'Etat de l'Union, qui devra lui être annulé en raison de l'impasse.

- Merkel snobe Tsipras -

"Nous avons trois Eurogroupes trois jours de suite, c'est inédit. Mais il pleut. Qu'avons-nous de mieux à faire un dimanche ?" ironise un diplomate, alors que va commencer la 8e réunion de ce type en un mois. "Ca va être long", promet un autre diplomate.

Les ministres planchent et finissent par accoucher d'une liste de demandes à Athènes avec de nombreux points sur lesquels les dirigeants doivent trancher.

"Maintenant aux chefs de décider", résume un participant. Mais les divisions restent énormes entre ceux qui ne veulent "pas d'un accord à tout prix" et ceux qui refusent une sortie de la Grèce de l'union monétaire.

"La valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été perdue" avec Athènes, annonce d'emblée la chancelière allemande Angela Merkel, qui va ostensiblement snober Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, en se mettant à la table des négociations.

En face, la France refuse d'entendre de parler de "Grexit", même provisoire. "Pour parler simplement en français, il y a la Grèce dans la zone euro ou plus la Grèce dans la zone euro, mais à ce moment-là c'est une Europe qui recule", plaide François Hollande.

Neuf heures plus tard, les dirigeants européens discutent encore des gages supplémentaires à apporter par Athènes. Le texte mis sur la table est "très mauvais", jugent les Grecs, pour qui il n'est pourtant pas question d'abandonner les discussions.

Source : AFP

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