Jean-Marie Le Pen se défend face au risque d'être exclu du FN

  • Jean-Marie Le Pen arrive au siège du FN à Nanterre, le 20 août 2015
    Jean-Marie Le Pen arrive au siège du FN à Nanterre, le 20 août 2015 AFP - KENZO TRIBOUILLARD
  • Jean-Marie Le Pen arrive au siège du FN à Nanterre, le 20 août 2015
    Jean-Marie Le Pen arrive au siège du FN à Nanterre, le 20 août 2015 AFP - KENZO TRIBOUILLARD
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Centre Presse Aveyron

Jean-Marie Le Pen se défendait jeudi au siège du FN devant le bureau exécutif du parti, face auquel il risque l'exclusion du mouvement qu'il a fondé, notamment pour ses propos réitérés sur les chambres à gaz.

Le cofondateur du FN, 87 ans, a été convoqué par sa fille fin juillet pour répondre à 15 griefs devant la plus haute autorité du parti, réunie en formation disciplinaire au siège à Nanterre. Mais Marine Le Pen, présidente du FN, n'assiste pas à cette réunion pour ne pas "être juge et partie", pas plus que son numéro deux Florian Philippot.

Accompagné de sa femme Jany et de son avocat, M. Le Pen, a ironisé en arrivant sur place: "les chefs sont aux abris, il n'y a que les fantassins ici". Une heure après, une déclaration écrite de Jean-Marie Le Pen a été distribuée à la foule de journalistes faisant le pied de grue à l'extérieur.

Il y demande que soit convoqué "au plus tôt un congrès des adhérents" ou à défaut un "comité central". Sans surprise, il récuse notamment "la compétence" et "l'indépendance" de ce bureau exécutif.

Quant à son avocat, Frédéric Joachim, qui a d'ores et déjà laissé entendre qu'il contestera la décision prise jeudi, il a protesté parce que Jean-Marie Le Pen -- en tant que président d'honneur (et membre du bureau exécutif à ce titre) -- n'a pas été autorisé à délibérer sur la question de la publicité des débats qu'il réclame...

Outre son avocat, le cofondateur du FN est assisté par un de ses proches, le député européen Bruno Gollnisch. Pour lui, une exclusion serait "absolument stupéfiante" et "la manifestation d'une ingratitude absolument incroyable".

Il ne voit d'ailleurs toujours pas en quoi les propos en cause "seraient contraires aux statuts et aux principes du FN", selon les extraits d'une déclaration devant le bureau.

Autre proche de Jean-Marie Le Pen, Marie-Christine Arnautu, membre du bureau exécutif, va elle "continuer à s'opposer de toutes ses forces à la suspension ou à l'exclusion".

Cet épisode est le énième rebondissement, entre déclarations fracassantes par médias interposés et guérilla judiciaire, d'une crise ouverte il y a cinq mois au FN. M. Le Pen avait déjà été convoqué début mai pour s'expliquer sur ses propos controversés et avait été suspendu comme adhérent.

- +Juridicus circus+ -

Mais la justice avait annulé cette décision, le FN faisant aussitôt appel. Et la justice a aussi suspendu le congrès postal prévu pour supprimer des statuts le titre de président d'honneur. Le parti a néanmoins publié les résultats de ce congrès: 94% des adhérents en faveur de la modification de ces statuts.

Depuis le printemps, la liste des griefs contre Jean-Marie Le Pen s'est allongée: il doit en effet s'expliquer sur des propos visant sa fille ("j'ai honte que la présidente du FN porte mon nom (...)", ou le vice-président du FN Florian Philippot (qui "s'empare des leviers de commande, place ses hommes, ses mignons partout (...)", mais aussi sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen ("elle n'a ni l'expérience ni le gabarit pour diriger la PACA").

Il devra également répondre "d'avoir fait intrusion sur la scène, place de l'Opéra, le 1er mai 2015", une montée à la tribune non prévue avant le discours de Marine Le Pen lors du traditionnel 1er mai organisé par le parti.

En l'absence de Mme Le Pen, la réunion sera présidée par Jean-François Jalkh, premier vice-président du FN. Le bureau exécutif a également pour membres Nicolas Bay, Louis Aliot, Steeve Briois, Wallerand de Saint-Just et Marie-Christine Arnautu.

M. Le Pen risque suspension ou exclusion pour "faute ou motif grave". "Je pense que tout est possible, on peut même imaginer l'arrêt des hostilités", a estimé Louis Aliot jeudi matin.

"Avec son +juridicus circus+, il n'a pas fini de déplacer son chapiteau, Jean-Marie, parce que de recours en recours, de procédure en procédure, il va animer son spectacle", a prédit le député Gilbert Collard.

La présidente du FN souhaite elle tourner la page et enfin lancer la campagne des régionales.

Source : AFP

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