Crise migratoire: Berlin fait un geste pour soulager ses partenaires européens débordés

  • Familles de migrants aux abords du village serbe de Miratovac, le 25 août 2015
    Familles de migrants aux abords du village serbe de Miratovac, le 25 août 2015 AFP - Armend Nimani
  • La chancelière allemande Angela Merkel arrive à Duisburg en Allemagne pour participer à un "dialogue avec des citoyens", le 25 août 2015
    La chancelière allemande Angela Merkel arrive à Duisburg en Allemagne pour participer à un "dialogue avec des citoyens", le 25 août 2015 DPA/AFP - Federico Gambarini
  • Une migrante et sa fille aux abords du village serbe de Miratovac, le 25 août 2015
    Une migrante et sa fille aux abords du village serbe de Miratovac, le 25 août 2015 AFP - Armend Nimani
  • Des migrants à la frontière Hongro-serbe près du village de Roszke, le 25 août 2015
    Des migrants à la frontière Hongro-serbe près du village de Roszke, le 25 août 2015 AFP - Attila Kisbenedek
Publié le
Centre Presse Aveyron

L'Allemagne a renoncé à renvoyer les Syriens vers leur pays d’entrée dans l'UE, un "acte de solidarité européenne" salué par la Commission, alors que des milliers de migrants continuaient d'affluer mardi à la frontière hongroise.

La décision allemande, annoncée mardi mais discrètement mise en oeuvre de longue date, "est le seul cas dont nous avons connaissance parmi les Etats membres", a commenté à Bruxelles la porte-parole de la Commission européenne, Natasha Bertaud.

Le geste de Berlin "constitue une reconnaissance du fait que l'on ne peut laisser les Etats membres situés aux frontières extérieures gérer seuls" l'afflux exceptionnel de migrants, à l'instar de la Grèce ou de l'Italie, a poursuivi Mme Bertaud.

"L'Europe est dans une situation qui n'est pas digne de l'Europe, il faut tout simplement le dire", a de son côté déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, appelant lors d'un "dialogue avec des citoyens" à une plus juste répartition de l'accueil des réfugiés au sein de l'Union européenne.

Après le passage record de 2.100 personnes en Hongrie pour la seule journée de lundi, des centaines de réfugiés affluaient encore mardi à la frontière serbo-hongroise, quelques jours avant l'achèvement prévu le 31 août d'une clôture métallique qui devrait fermer cette route d'accès à l'UE.

Ces migrants, qui empruntent la "route des Balkans de l'Ouest", ont traversé la frontière près du village hongrois de Roszke, l'une des seules parties de la frontière avec la Serbie qui ne soit pas encore clôturée.

Leur voyage avait été bloqué la semaine dernière quand la Macédoine, dépassée, a fermé sa frontière pendant trois jours, repoussant les migrants à coups de matraques.

"Nous avons été stoppés en Macédoine pendant deux jours. Les émeutes étaient terribles, la police a eu recours aux armes et aux gaz lacrymogènes", a affirmé un ingénieur informatique irakien de 29 ans qui a fui sa ville de Mossoul pour échapper aux jihadistes du groupe Etat islamique.

- "Epuisés et traumatisés" -

Dans le nord de la Serbie, plus de vingt autobus remplis de réfugiés étaient arrivés dans la nuit à Subotica, avant de poursuivre leur route à pied vers la Hongrie, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Dans le sud du pays, le centre d'accueil de Presevo a enregistré l'arrivée d'environ mille personnes en milieu de journée, selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés, qui en avait déjà recensé plus de 700 dans la matinée.

Plus d'un millier de migrants ont passé mardi la frontière gréco-macédonienne et dans la soirée, un bateau avec 2.489 réfugiés à son bord, pour la plupart syriens, est entré dans le port grec du Pirée en provenance de l'île de Lesbos, en attendant une autre embarcation mercredi.

"Dans les prochains jours, nous attendons des milliers de réfugiés entrés en Grèce depuis la Turquie, qui sont toujours dans les îles grecques. Si la frontière avec la Macédoine reste ouverte, il n'y aura pas de problème", a déclaré à l'AFP un policier grec.

Bien qu'épargnée par la vague de migrants, la Bulgarie a annoncé avoir envoyé des militaires renforcer ses quatre postes-frontières avec la Macédoine.

Et l'Autriche a décidé de déployer quelque 500 soldats pour installer des solutions d'hébergements et distribuer de l'aide alimentaire.

A Genève, la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, a indiqué que "la situation s'est calmée après les scènes de chaos de la semaine dernière" à la frontière gréco-macédonienne, mais dit s'attendre à ce que le nombre de migrants passe de 1.500 à 3.000 par jour dans ce secteur.

Selon elle "beaucoup viennent de pays affectés par la violence et le conflit comme la Syrie et l'Afghanistan" et arrivent "épuisés, traumatisés".

Entre janvier et juin, quelque 102.000 migrants sont entrés dans l'UE par la Macédoine, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, le Monténégro et le Kosovo, contre 8.000 à la même période l'année dernière, selon l'agence Frontex chargée des frontières extérieures de l'espace Schengen.

- Plan d'action -

Au total, selon Frontex, sur les sept premiers mois de l'année, le nombre de migrants aux frontières de l'UE a atteint 340.000, contre 123.500 sur la même période de 2014.

Pour la seule semaine dernière, environ 5.300 personnes, provenant principalement d'Afrique subsaharienne, ont été secourues en Méditerranée dans le cadre de plusieurs dizaines d'opérations de sauvetage menées par la marine italienne ou la mission européenne Triton.

Face à cette crise exceptionnelle, le président français François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont plaidé lundi pour une réponse "unifiée" de l'UE.

Lors du sommet des Balkans de l'Ouest attendu jeudi à Vienne, l'Autriche doit proposer un plan d'action en cinq points, qui prévoit d'intensifier la lutte contre les réseaux de passeurs, une répartition "plus équitable" des réfugiés entre les pays de l'UE, une coopération sécuritaire renforcée, une aide aux pays d'origine des migrants et une "stratégie d'asile à l'échelle européenne".

Mais le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits des migrants, François Crépeau, a estimé que l'UE devrait élaborer une politique d'accueil des migrants "cohérente, globale" et respectant les droits de l'Homme.

"Ne prétendons pas que ce que l'UE et ses pays membres sont en train de faire est une politique qui marche", a-t-il dit. "La construction de barrières, l'usage de gaz lacrymogène et d'autres formes de violence contre les migrants et les autres demandeurs d'asile, la détention (...) n'empêchera pas les migrants de venir ou de tenter d'arriver en Europe", a-t-il estimé.

Source : AFP

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