Retraites complémentaires: nouvelle négociation "compliquée"

  • Avec l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits cumulés se creuser
    Avec l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits cumulés se creuser AFP/Archives - Damien Meyer
  • Le président du Medef Pierre Gattaz le 12 mai 2015 à Matignon
    Le président du Medef Pierre Gattaz le 12 mai 2015 à Matignon AFP - Kenzo Tribouillard
  • Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, à Paris le 7 septembre 2015
    Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, à Paris le 7 septembre 2015 AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
Publié le
Centre Presse Aveyron

Syndicats et organisations patronales ont repris vendredi les négociations pour tenter de sauver l'avenir des régimes de retraites complémentaires avec, au coeur de positions qui semblent irréconciliables, le recul de l'âge de départ à la retraite.

Vers 8H30, les représentants des organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et syndicats (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC) sont arrivés tour à tour au siège du Medef à Paris pour la sixième fois depuis le début des négociations en février, afin de trouver une solution pour renflouer les caisses déficitaires des régimes de retraites complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés du privé).

Première arrivée, Pascale Coton de la CFTC, bien décidée à trouver un accord: "S'il n'y pas d'accord, on continue de creuser et de puiser dans les réserves et on va à la catastrophe", a-t-elle prévenue.

Avec la crise économique, l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits cumulés se creuser à plus de 3 milliards d'euros en 2014.

Si rien n'est fait, leurs réserves, permettant de compenser ces pertes, seront épuisées d'ici à 2018 pour l'Agirc, 2027 pour l'Arrco. Et les cadres verraient leurs pensions complémentaires amputées de 11% dès 2018.

La CFTC, qui a revu à la hausse ses propositions, s'est dite prête à accepter des abattements des pensions allant jusqu'à 10% pendant un ou deux ans pour les départs à la retraite à 62 ans. Un taux bien loin des 25% "inacceptables" du Medef, selon elle.

Le patronat qui a encore aménagé ses propositions et devait les préciser dans la matinée, avait mis sur la table l'instauration, à partir de 2019, d'un système de bonus-malus afin "d'inciter" les salariés à partir plus tard à la retraite. Il prévoit d'appliquer pendant deux ans des abattements de 25% puis 15% des pensions des retraités prenant leur retraite avant l'âge qui permettrait de maintenir les régimes à l'équilibre, actuellement de 64,5 ans. A l'inverse, des surcotes de 15% puis 25% leurs seraient octroyées, s'ils dépassaient cet âge d'un ou deux ans.

Le report de l'âge de départ est la "seule solution possible pour sauver l'avenir des deux régimes", a insisté en début de semaine Pierre Gattaz qui s'est dit "très circonspect" sur la demande unanime de syndicats d'augmenter les cotisations patronales.

La CFDT s'est dite prête à accepter un abattement, "mais il ne peut pas être punitif au point d'empêcher les gens de partir", a prévenu à son arrivée Jean-Louis Malys.

- Expectative -

La journée s'annonce donc compliquée et les chances de trouver un accord dans la journée s'éloignent pour certains. "Il n'est pas question de se précipiter sur un accord trop déséquilibré", a lancé Philippe Pihet (FO).

"Eux aussi doivent être raisonnables et responsables", a répondu M. Pihet au président du Medef, Pierre Gattaz qui mardi appelait les partenaires sociaux au "pragmatisme" et à "la responsabilité collective".

La CGT, elle aussi tempère. "S'il n'y pas d'accord on peut se retrouver d'ici à la fin de l'année ou en 2016. Il n'y pas de couperet", a relativisé Eric Aubin

Pas opposée elle non plus à un abattement à "un taux raisonnable", la CFE-CGC, par la voix de sa présidente, Carole Couvert, appelle salariés, retraités et entreprises à "faire un bout de chemin" pour sauver les retraites complémentaires, estimant "prématuré" la fusion des régimes Agirc et Arrco.

"L'enjeu dépasse les seules retraites complémentaires. Il en va de l'avenir du paritarisme", estime-t-elle.

Pour être validé, le projet doit recueillir la signature de trois syndicats de salariés sur cinq.

Faute d'un consensus sur des mesures à long terme, un accord a minima portant sur des économies, comme une sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation jusqu'à l'horizon 2019, pourrait être recherché.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?