Athlétisme/dopage: la Russie se défend, le scandale menace de s'étendre

  • Le chef de l'Agence russe antidopage (Rusada), Nikita Kamaev, en conférence de presse à Moscou, le 10 novembre 2015
    Le chef de l'Agence russe antidopage (Rusada), Nikita Kamaev, en conférence de presse à Moscou, le 10 novembre 2015 RUSSIA'S ANTI-DOPING AGENCY/AFP - -
  • Les athlètes russes Les athlètes russes
    Les athlètes russes AFP - A.Leung/G.Roma/JM.Cornu, vl/sc
  • e Canadien Dick Pound, président de la Commission indépendante de l'AMA, lors d'une conférence mondiale sur le dopage, le 17 novembre 2007 à Madrid
    e Canadien Dick Pound, président de la Commission indépendante de l'AMA, lors d'une conférence mondiale sur le dopage, le 17 novembre 2007 à Madrid AFP/Archives - Pierre-Philippe Marcou
  • Dopage, les principaux protagonistes
    Dopage, les principaux protagonistes AFP - S.Ramis/A.Bommenel, abm/
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Centre Presse Aveyron

La Russie a rejeté mardi les accusations de dopage et de corruption qui l'accablent et a promis des réponses rapides pour éviter d'être bannie des JO-2016, dans un scandale qui menace de s'étendre à d'autres pays et d'autres sports.

"Les accusations sont infondées", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en estimant qu'elles n'étaient pas "étayées par des preuves".

De son côté, la Fédération russe d'athlétisme "va bientôt soumettre à l'IAAF (la Fédération internationale, ndlr) un document (sur son) programme antidopage et les étapes concrètes de sa mise en oeuvre", a-t-elle assuré, en jugeant qu'"un partenariat honnête (avec l'IAAF) serait beaucoup plus efficace que toute suspension ou isolement".

Pour la Russie de Vladimir Poutine, qui a organisé les JO d'hiver à Sotchi en 2014 et accueillera le Mondial de football en 2018, le temps presse: elle a jusqu'à la fin de la semaine pour répondre aux révélations du rapport explosif publié lundi par l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui l'accuse de "dopage organisé", de ses athlètes. Faute de quoi elle risque une suspension de toute compétition en athlétisme, dont les JO-2016 de Rio.

Elle a reçu en fin de journée une sorte de soutien inattendu de la part du Comité international olympique (CIO), qui a estimé n'avoir "aucune raison de mettre en doute la crédibilité des contrôles antidopage" à Sotchi.

Mais l'IAAF a maintenu la pression en programmant dès vendredi une réunion de son Conseil, son gouvernement, afin de statuer sur une éventuelle suspension de la Fédération russe.

Une solution radicale en faveur de laquelle ont plaidé les instances australiennes et britanniques. Au risque de punir "un ou deux athlètes russes innocents pour le bien du sport", comme l'a dit le président de la Fédération britannique d'athlétisme, Ed Warner.

L'AMA a elle aussi affiché son volontarisme en retirant l'accréditation du laboratoire de Moscou. Et le CIO a suspendu provisoirement Lamine Diack, membre honoraire de l'institution et ancien président de l'IAAF. Poursuivi par la justice française, il est soupçonné d'avoir reçu de l'argent en contrepartie de la couverture de pratiques dopantes, principalement en Russie.

Le scandale va-t-il désormais s'étendre? Si oui, la crédibilité du sport et des valeurs morales qu'il est censé porter recevrait un coup terrible, à neuf mois des JO de Rio et sept de l'Euro de football en France. D'autant que le tableau a déjà été noirci par les accusations de corruption à la Fifa.

- Le Kenya, la Chine et les autres -

"La Russie n'est pas le seul pays, ni l'athlétisme le seul sport, à faire face au problème du dopage organisé", écrit la commission d'enquête indépendante de l'AMA dans son rapport.

"Le Kenya a un vrai problème. S'ils ne travaillent pas sérieusement (contre le dopage), je pense que quelqu'un le fera pour eux", a précisé sans détours lundi le Canadien Dick Pound, président de la Commission indépendante de l'AMA.

Selon plusieurs experts, le risque existe surtout dans des pays où le régime est fort. "De telles fraudes ne peuvent être qu'étatiques, avec plusieurs décideurs impliqués dont les services secrets", explique à l'AFP un spécialiste souhaitant garder l'anonymat, qui cite le cas de la Chine.

Il rappelle que, peu de temps avant les JO de Pékin en 2008, un journaliste allemand s'était fait passer pour l'entraîneur d'une nageuse voulant améliorer ses performances, et qu'il "ne lui avait pas fallu longtemps avant que des intermédiaires lui proposent clés en mains un kit de manipulation génétique pour 30.000 euros".

D'autres questions ont été soulevées par la chaîne allemande ARD, à l'origine de l'enquête de l'AMA. Dans un autre reportage, elle assurait qu'un tiers des 146 médaillés mondiaux ou olympiques en athlétisme entre 2001 et 2012 pouvait être soupçonné de dopage, dont 18 Kenyans.

- La natation concernée? -

Quels sont alors les sports potentiellement touchés, outre l'athlétisme et le cyclisme avant lui? La natation, le ski de fond et l'aviron sont aussi évoqués.

Dans le reportage de l'ARD, l'ancienne athlète russe Yulia Stepanova, devenue lanceuse d'alerte, témoignait de la présence de sportifs d'autres disciplines dans la salle d'attente de son médecin-fournisseur.

"Il y avait des nageurs, des entraîneurs et des athlètes d'autres sports, des skieurs de fond...", raconte-t-elle dans le rapport.

En septembre, ARD avait révélé, en collaboration avec le journal britannique The Sunday Times, les résultats d'une étude demandée par l'UEFA, portant sur 4.000 échantillons d'urine prélevés sur 879 joueurs en Ligue des champions. Et ses résultats étaient troublants, avec 7,7% de tests affichant des taux de testostérone élevés.

En attendant de possibles nouvelles révélations, des athlètes réclament des médailles dont ils estiment avoir été lésés par les Russes. Parmi eux, l'Américaine Alysia Montano, 5e du 800m des JO-2012, derrière Mariya Savinova (or) et Ekaterina Poistogova (bronze), dont l'AMA demande la suspension à vie.

Source : AFP

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