À Rodez, des clients d’Ortea sont équipés d’un pied «intelligent»

À Ortea, dans le nouveau magasin spécialisé en orthopédie situé dans la zone de Bel Air, à Rodez, un petit événement a eu lieu cette semaine. Pour l’entreprise, certes, mais surtout pour deux de ses clients, Magalie et Yannick. Des trentenaires victimes de graves accidents, qui ont chacun été amputés d’une partie de leur jambe. Des représentants de l’entreprise allemande Ottobock, leader mondial de la fabrication de prothèses, sont venus présenter un pied unique au monde, appelé méridium, fruit de huit années de recherche.

Huit ans de recherche

C’est une sorte de pied intelligent, officiellement en vente depuis un an, qui leur a été ainsi dévoilé. «Ce pied-là, en quelque sorte, prend en compte tout son environnement et anticipe les désirs de celui qui marche», résume Jean-Charles Meunier, représentant la marque en France. Avec un résultat saisissant au bout.

Ainsi, quand Magalie, amputée depuis près de 17 ans, s’est mise à essayer cette nouvelle prothèse, elle n’en est pas revenue. Même sensation chez Yannick, amputé depuis un plus d’un an à la suite d’un accident de travail. À leurs côtés, les membres de la Société Ortea, qui accompagne ses clients, fabriquant pour leur part la prothèse sur laquelle s’emboîte le pied, sont tout aussi ravis qu’impressionnés par le résultat.

«On entre dans une nouvelle ère»

Ce pied-là est le fruit de l’alliance réussie entre la mécanique et l’électronique. Contrôle de la phase d’appui et de la phase pendulaire géré par microprocesseurs, talon qui se règle automatiquement: c’est une technologie de pointe qui permet à ces deux Aveyronnais de se rapprocher petit à petit des sensations qu’ils pouvaient connaître «avant». Jusqu’à présent, ils étaient équipés d’une prothèse certes haut de gamme, mais avec une flexibilité moindre.

Or, avec cette nouvelle génération de prothèse, la cheville et le pied sont équipés de multiples capteurs électroniques, offrant une flexibilité jamais égalée. Et adaptable qui plus est. La rigidité ou la souplesse du pied est réglée à partir d’un ordinateur, voire d’une application mobile. La mécatronique a permis de prendre un nouveau virage. «On entre dans une nouvelle ère» résume Jean-Charles Meunier. Il faut dire que la société allemande Ottobock est à l’origine des principales innovations en terme de prothèse, comme le genou «sous marin», appelé «genium», qui permet même de faire de la plongée sous-marine.

De quoi changer la vie

Pour Magalie et Yannick, ces innovations sont de nature à changer la vie. «Je me rends compte qu’avec cette prothèse, cela fait deux heures que je marche et je ne ressens pas de fatigue, pas d’envie de m’asseoir. Mais cela ne m’est jamais arrivé depuis l’accident!» sourit cette mère de famille. «Oh là, je retrouve l’impulsion sur le premier pas. Ça peut servir pour rattraper les filles quand elles m’agacent !» rigole Yannick, qui n’a jamais perdu de vue la possibilité de retrouver ses activités sportives. De quoi changer la vie, donc.

Et même plus. «Le corps est bien fait, glisse Abderahmane Bouheddi, chargé du développement commercial. Quand le corps est accidenté, il réagit ou surréagit. Il compense aussi. Et cette technologie lui permet de moins compenser. Et évite des complications futures, liées à ces compensations». Et à Ortea, à Rodez, où l’on fabrique des prothèses et des orthèses à longueur de journée, pour une population principalement âgée, on sait de quoi il retourne. Et il n’y a pas meilleur compliment que le sourire de ces clients qui, lorsqu’ils débarquent dans leurs ateliers de la zone de bel Air, sont en en train de traverser un moment délicat de leur vie.