A Kaboul, colère après l'attentat contre le bistrot français

  • Des Afghans devant leur maison détruite à Kaboul, le 2 janvier 2016 conséquence de l'attentat contre le restaurant français
    Des Afghans devant leur maison détruite à Kaboul, le 2 janvier 2016 conséquence de l'attentat contre le restaurant français AFP - WAKIL KOHSAR
  • Des Afghans déblaient après l'attentat contre un restaurant français le 2 janvier 2016 à Kaboul
    Des Afghans déblaient après l'attentat contre un restaurant français le 2 janvier 2016 à Kaboul AFP - WAKIL KOHSAR
  • Un Afghan, membre des forces de sécurité, sur le site de l'attentat contre un restaurant à Kaboul, le 2 janvier 2016
    Un Afghan, membre des forces de sécurité, sur le site de l'attentat contre un restaurant à Kaboul, le 2 janvier 2016 AFP - WAKIL KOHSAR
  • Dégâts à Kaboul le 2 janvier 2016 au lendemain de l'attentat contre un restaurant français
    Dégâts à Kaboul le 2 janvier 2016 au lendemain de l'attentat contre un restaurant français AFP - WAKIL KOHSAR
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Centre Presse Aveyron

Ahmed n'en revient pas d'être vivant. Pas une égratignure malgré l'attentat des talibans contre un restaurant français de Kaboul, à 15 mètres de son échoppe. L'attaque a tué son cousin, mais à sa peine se mêle la colère: "ça devait arriver, ce restaurant était une cible".

Du mur d'enceinte du "Jardin", le dernier établissement ayant une carte à la française à Kaboul, il reste quelques briques éparpillées sur le sol boueux de la "rue 9", au centre de la capitale afghane. Le premier des quatre sas de sécurité a volé en éclats, mais la salle du restaurant a été préservée.

L'explosion de vendredi, premier attentat revendiqué par les talibans à Kaboul en 2016, a coûté la vie à un garde du restaurant et à un enfant de 12 ans, tué sur le pas de la porte de l'échoppe d'Ahmed Massoud.

"Le gamin est mort là", montre le commerçant de 21 ans, en pointant une flaque de sang séché sur le sol de sa boutique. Trois canettes de soda tiennent en équilibre sur une étagère. Des oeufs écrasés coagulent sur le comptoir.

"L'autre victime, le garde du restaurant, c'était mon cousin", souffle Ahmed, le regard vitreux. "J'ai vu une flamme puis je suis tombé et je me suis évanoui", raconte-t-il.

Avec ses croque-monsieur, ses baguettes et ses fromages, la carte du "Jardin" est hors de portée du porte-monnaie de l'immense majorité des Afghans.

Il attire journalistes, employés d'ONG et diplomates étrangers trop heureux de tailler une bavette avec l'élite politique et économique afghane. Les talibans considèrent les uns comme des "envahisseurs étrangers" et les autres comme les "larbins" des forces étrangères. Ils les prennent régulièrement pour cible, comme en 2014 lors de l'attaque de "La taverne du Liban", un restaurant de Kaboul, qui a fait 21 morts dont 13 étrangers, ou, vendredi, au "Jardin".

Pourtant, les victimes de l'attentat de vendredi étaient toutes afghanes et ne faisaient partie d'aucun cénacle.

- 'Nous, on n'est rien' -

Leur seul tort était de vivre près du restaurant, dans un quartier résidentiel de Kaboul, ville qui ne compte aucune enclave diplomatique ultra-protégée comme la "zone verte" de Bagdad.

C'est cette proximité avec une "cible" potentielle qui dérange les riverains du restaurant interrogés par l'AFP, outrés que "les puissants" s'installent dans leur voisinage et les mettent, de fait, en danger.

Et puissant, le propriétaire du "Jardin", l'est. Hamid Akram est gouverneur de la province de Kaboul et a travaillé dans l'administration d'Hamid Karzaï, l'ancien président afghan.

"Tout le monde dans le coin savait que le restaurant était une cible potentielle", explique Ahmed Massoud. "La police nous disait régulièrement de lui signaler tout individu suspect".

Un peu plus loin, Mohammed Haïdar, un chauffeur de taxi, ne décolère pas. Sa maison se trouve à 10 mètres de la déflagration. Son portail d'entrée "a été soufflé. On ne sait pas où il a atterri". "Ma femme et ma fille ont été blessées, mais grâce à Dieu elles ont survécu".

Très vite, Mohammed Haïdar en vient à accuser "les puissants" qui ont ouvert le restaurant. "Dans le restaurant, il y avait toujours des gens importants. Ils arrivaient dans leurs grosses voitures aux vitres teintées", raconte-t-il. "On savait que ça (un attentat) pouvait arriver. On en a parlé avec les voisins mais on ne peut rien faire", dit M. Haïdar.

"Le gouverneur de Kaboul est un homme puissant, nous on n'est rien", conclut-il.

Source : AFP

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