Le pays d’Entraygues va-t-il vers l’éclatement ?

  • Didier Eche, 48 ans, accomplit son deuxième mandat de maire. Installée depuis 5 ans dans la commune, Régine Bolis est l’une de ses adjointes, dans une petite équipe municipale issue de deux listes, au sein de laquelle les avis peuvent diverger.
    Didier Eche, 48 ans, accomplit son deuxième mandat de maire. Installée depuis 5 ans dans la commune, Régine Bolis est l’une de ses adjointes, dans une petite équipe municipale issue de deux listes, au sein de laquelle les avis peuvent diverger. Joël Born
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Joël Born

Intercommunalité. Sur les hauteurs de Golinhac, la réalité intercommunale n’est pas perçue comme dans la vallée voisine d’Entraygues. L’illustration des limites du nouveau redécoupage territorial.

La route qui mène d’Entraygues à Golinhac est pentue et sinueuse. Quelques kilomètres de lacets serrés permettent de s’élever jusqu’au village, perché à 650 mètres d’altitude. Ce matin-là, le soleil a bien du mal à chasser la brume qui enveloppe le paysage. Flanquée de son agence postale communale, la nouvelle mairie en jette. Sacrément même. 

Avec son petit coin bibliothèque, et la nouvelle salle des fêtes qui occupe la partie supérieure du bâtiment, ce fut la principale réalisation du précédent mandat. Un investissement conséquent de l’ordre de 700 000€, pour cet ensemble inauguré fin 2014, qui fait logiquement la fierté du maire Didier Eche. De son bureau, par beau temps, la vue sur la chaîne des Puys est admirable.

Éleveur de chèvres de 48 ans, Didier Eche est à la tête d’un cheptel de 850 à 900 bêtes. Associé en gaec avec son épouse, il accomplit son deuxième mandat de maire sur ces terres agricoles, où de nombreux bovins de race aubrac parcourent les pâturages, traversés par le chemin de Saint-Jacques, sorte de cheminement naturel entre Estaing, Golinhac et Espeyrac.

 Un mariage compliqué

Pour mieux appréhender les soubresauts qui agitent le pays entrayol, au risque de provoquer son éclatement, le maire de Golinhac estime nécessaire de remonter plusieurs mois en arrière.  «Dans un premier temps, nous étions rattachés au Carladez mais les élus du Carladez n’en voulaient pas vraiment, explique-t-il. Avec les changements d’équipes municipales, cela passait mieux. Le Carladez était finalement favorable à une fusion à cinq avec la Viadène, l’Argence, Entraygues et l’Aubrac. » Mais il était dit que le mariage serait compliqué. «On nous demande de nous positionner à long terme sans avoir toutes les données du problème, regrette Didier Eche. J’ai peut-être une vision innocente mais j’aurais aimé que l’on puisse envisager cette fusion, en y ajoutant l’Espalionnais.» 

Quelle locomotive ?

On l’aura compris, les chemins de l’intercommunalité sont parfois aussi tortueux que certaines routes départementales. «Il est difficile de faire travailler tous ces gens ensemble, constate Didier Eche. Francine Lafon (maire de Saint-Hippolyte) et Bernard Boursinhac (maire d’Entraygues) pensent qu’il y aura un meilleur équilibre territorial avec l’Aubrac. Ce n’est pas aussi simple. Pour moi, c’est une question de locomotive. Sur l’Aubrac, ils sont très PNR (Parc naturel régional). Pour nous, Espalion est notre bassin de vie.» 

Il est évident que sur un territoire aussi vaste, les intérêts des uns ne sont pas toujours ceux des voisins... «Le maire d’Entraygues a de grandes affinités avec Saint-Amans, où il a exercé professionnellement. Cela explique certaines choses et on ne peut pas lui en vouloir mais j’ai du mal à comprendre la position de Francine Lafon, qui est la remplaçante de Simone Anglade au conseil départemental...» 

Une balle dans le pied

Au final, Didier Eche avoue de la déception, de la frustration. «C’est un dossier capital pour l’avenir. On se tire une balle dans le pied. On se met hors jeu. C’est jouer à qui perd gagne. La majorité est favorable à l’Espalionnais. Si elle avait opté pour aller sur l’Aubrac, on y serait allé... Ce qui m’exaspère le plus, c’est qu’on ait travaillé aussi longtemps à cinq et que du jour au lendemain on rebat les cartes alors qu’on a des projets partagés. » Dans tous les cas, l’horizon semble bouché. «S’il y a un divorce, cela va être compliqué, redoute le maire de Golinhac, évoquant entre autre exemple, le projet de réfection du gymnase d’Entraygues. Et que vont devenir les équipements communautaires, comme notre terrain de quilles?» 

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