Jean-Michel Da Cunha : «Pas assez passionné pour revivre ça»

  • Jean-Michel Da Cunha : «Je laisse Séb se rétablir et il prendra la décision. Mais sans lui, continuer ne m’intéresse pas».
    Jean-Michel Da Cunha : «Je laisse Séb se rétablir et il prendra la décision. Mais sans lui, continuer ne m’intéresse pas». Archives JLB
Publié le , mis à jour
Maxime Raynaud

Si l'état de santé de Sébastien Durand s'améliore depuis leur violente sortie de route, dimanche, sur le rallye du Quercy, Jean-Michel Da Cunha s'interroge aujourd'hui sur l'avenir de l'équipage en rallye. 

Sorti violemment, dimanche lors du rallye du Quercy, Jean-Michel Da Cunha raconte «le moment de panique» qui a suivi le choc et la perte de connaissance de son copilote, Sébastien Durand. Si celui-ci souffre de plusieurs côtes cassées et d’une hanche fêlée alors que le pire était à craindre, le pilote confie ses doutes quant à l’avenir, jusqu’à envisager de ne plus courir. Entretien.

Quels souvenirs gardez-vous de l’accident, dimanche ?

Je me souviens de tout. Moi, je n’ai pas subi de choc. Nous roulions sur une portion à la fois assez rapide et technique, avec un enchaînement de virages rapides qui se termine par un léger saut, relativement technique car décalé sur la gauche par rapport à l’axe de la route. J’étais mal aligné lorsque je suis arrivé dessus, à quasiment 130 km/h. Quand on est retombé, c’était trop tard...

Connaissiez-vous cette bosse ?

On l’avait souvent passée. Mais ce sont 50 cm d’erreur. Sauf que quand tu arrives à cette vitesse, surtout sur une route étroite bordée d’arbres, ça ne pardonne pas. Le choc a été violent mais, heureusement, j’avais réussi à redresser un peu la voiture avant l’impact. Sinon, ça aurait pu être bien plus dramatique...

Qu’est-ce qui passe par la tête dans un tel moment ?

Avant le choc, on a la sensation que ça va passer. Et une fois qu’on heurte l’arbre, la première chose que je veux voir, c’est Séb (Durand, son copilote depuis 2007). Je regarde à ma droite, il est inconscient. Là, c’était un moment de panique... Je suis sorti et j’ai essayé de le réveiller. Petit à petit, il a repris ses esprits. Mais cet instant était comme suspendu dans le temps. Il y avait quelques spectateurs mais personne autour de nous. Heureusement, notre mécano, Séb, était dans le coin et est arrivé en courant pour nous aider.

En plus de dix ans de rallye, aviez-vous déjà vécu telle mésaventure ?

J’avais déjà abîmé une voiture, deux fois quasiment coup sur coup en 2006. Mais à chaque fois, on pouvait réparer. Là, la voiture (Ford Escort Cosworth) est morte... 

Et est-ce le pire moment de votre carrière ?

Oui, c’est le pire moment depuis que je fais du rallye. Ce n’est à souhaiter à personne. La seule chose que je veux, à cet instant, c’est qu’il (Sébastien Durand) se réveille.

Envisagez-vous de ne plus piloter ?

J’ai une relation tellement particulière avec Séb... Ce sport, je l’aime davantage pour le pilotage, les sensations en équipe que pour le reste. Mais je ne pense pas être assez passionné pour accepter de revivre ça. C’est déjà une fois de trop. Je ne suis qu’amateur, je n’ai jamais vécu du rallye. Mon but, c’est prendre et donner du plaisir. Ça, ce n’en est pas. Même si on sait que ça fait partie du jeu. Donc pour l’instant, je laisse Séb se rétablir et il prendra la décision. Mais sans lui, continuer ne m’intéresse pas.

On vous sent choqué...

Choqué, ce n’est pas le mot. Je suis inquiet ou plutôt je veux seulement que Séb aille vite mieux. Il a très mal mais il a le moral. Moi, je suis un peu désolé, c’est moi qui tiens le volant, qui prend la décision... Je voudrais que ce ne soit plus qu’un mauvais souvenir et qu’il me dise que c’est fini.

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