Michel Neyret, ex-star déchue de la police, jugé à Paris pour corruption

  • L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, arrive au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016
    L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, arrive au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016 AFP - DOMINIQUE FAGET
  • Croquis d'audience de l'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016
    Croquis d'audience de l'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016 AFP - BENOIT PEYRUCQ
  • L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, arrive au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016
    L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, arrive au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016 AFP - DOMINIQUE FAGET
  • L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, arrive au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016
    L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, arrive au tribunal correctionnel de Paris, le 2 mai 2016 AFP - DOMINIQUE FAGET
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Centre Presse Aveyron

"Séjours de luxe et cadeaux en échange de renseignements et de services": le procès de l'ex-numéro 2 de la PJ de Lyon Michel Neyret, poursuivi pour "corruption" avec huit autres prévenus, s'est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Celui qui dirigea durant vingt ans la prestigieuse brigade antigang de Lyon est également soupçonné de s'être procuré ou d'avoir tenté de se procurer du cannabis provenant de saisies pour rétribuer des informateurs.

Cerné par une forêt de micros et caméras, le policier, visage halé, costume gris, arborant un sourire qu'il dira être "peut-être de façade", s'est engouffré dans la salle d'audience sans faire de commentaire. Mais son avocat, Me Yves Sauvayre, a assuré que son client était "combatif" et impatient d'en finir avec cette affaire. "Il est raisonnablement optimiste", a-t-il ajouté.

Au premier jour d'audience, le président Olivier Geron est entré dans le vif du sujet en évoquant sans attendre les relations du policier et de ses indics.

A la barre, Neyret a raconté s'être "jeté à corps perdu dans une politique de renseignement pour infiltrer le milieu et décrocher des flagrants délits" lorsqu'il était patron de l'antigang. Il a aussi justifié avoir conservé ses propres indicateurs après être devenu numéro 2 de la PJ, même s'il n'était plus sur le terrain, en raison de "sa relation personnelle" avec eux.

"Je devais leur démontrer qu'ils pouvaient avoir confiance en moi. C'est vrai qu'il m'est arrivé de leur fournir des informations", a-t-il admis, tout en assurant n'avoir "jamais rien fait" pour entraver une enquête.

Questionné par le président sur son étrange relation avec les "indics" visés dans la procédure, qui n'étaient pas inscrits sur le fichier national des informateurs de police, avec lesquels il s'affichait pendant les vacances ou dont il empruntait les voitures de luxe, le policier a concédé "des imprudences".

"Je pensais à l'époque maîtriser les choses. Je n'ai pas fait preuve de professionnalisme dans leur gestion, d'une approche intelligente, je me suis laissé déborder par la situation", a-t-il lâché, mettant en lumière sa ligne de défense: défaillant oui, malhonnête non.

- "Le fric, le fric, le fric" -

Sa position ne risque pas d'être contredite par ses présumés corrupteurs, deux des trois membres du milieu lyonnais au centre du dossier étant absents au procès. Seul Cyril Astruc s'est présenté lundi à l'audience. Stéphane Alzraa est en fuite et le tribunal n'a pu que constater l'absence de Gilles Benichou. Ils seront représentés par leurs avocats.

Parmi les autres prévenus figurent l'épouse de Michel Neyret, Nicole, trois de ses anciens subordonnés, Christophe Gavat, Jean-Paul Marty et Gilles Guillotin, et un avocat, Me David Metaxas.

Pendant ses trente-deux ans de carrière, Michel Neyret, adulé de ses équipes et de ses supérieurs, a multiplié les performances dans des enquêtes sensibles qui ont bâti sa légende et lui ont valu la Légion d'honneur.

Mais le 29 septembre 2011, tout bascule lorsqu'il est interpellé à son domicile et mis en examen pour corruption. Il sera écroué huit mois avant d'être révoqué de la police et mis à la retraite.

Il est aujourd'hui poursuivi pour huit délits dont corruption et trafic d'influence passifs et détournement de scellés de stupéfiant et encourt dix ans de prison.

L'enquête judiciaire a démontré que le policier est intervenu à plusieurs reprises en faveur de Benichou et de ses proches, dont Alzraa et Astruc.

Selon l'accusation, l'ex-super flic aurait bénéficié en échange de séjours au Maroc et sur la Côte d'Azur dans de luxueux hôtels, de montres de prix et de remises d'espèces, avant la création d'une société suisse au nom de son épouse avec un compte à Dubaï où il aurait dû percevoir des commissions.

"C'est pas du tout le mec que j'ai rencontré. Il est plus voyou que les voyous. Il est obnubilé par le fric, le fric le fric", avait lâché Nicole Neyret dans une conversation avec Gilles Benichou qui était sur écoute.

Source : AFP

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