Mazars, les adieux à ses reines

  • David Mazars s’apprête à quitter le banc des Rocettes à la fin de 
la saison. Ses joueuses peuvent lui offrir un beau cadeau d’adieu 
en cas de montée en nationale 2.
    David Mazars s’apprête à quitter le banc des Rocettes à la fin de la saison. Ses joueuses peuvent lui offrir un beau cadeau d’adieu en cas de montée en nationale 2. Repro CP
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Guillaume Verdu

David Mazars vit ses derniers jours en tant qu’entraîneur des Rocettes. Malgré sa passion pour le handball et sa proximité avec ses joueuses, il a décidé d’arrêter à la fin de la saison pour privilégier sa vie familiale.

Le compte à rebours est lancé. Dernier match, dernier entraînement, dernière causerie... Dans les prochaines semaines, David Mazars va vivre une ultime fois tous ces moments qui font le quotidien d’un entraîneur.

Le coach de l’équipe féminine de Rodez - Onet-le-Château va arrêter à la fin de la saison. Le technicien au catogan a pris lui-même cette décision. Non pas qu’il n’ait plus la passion du handball, bien au contraire. Le Ruthénois de 37 ans fait un choix de vie, qui passe par un éloignement des parquets.

«Depuis deux ans, cela devient vraiment dur mentalement et physiquement, explique celui qui travaille également de nuit à la Bosch. J’ai deux filles, de 8 et 5 ans, et j’ai l’impression de ne jamais les voir.»

«Je n’en dors pas la nuit»  

Après onze ans de coaching et dix-sept saisons en tant que joueur chez les seniors, essentiellement au Roc, David Mazars souhaite s’occuper un peu plus de lui et de ses proches. «Entraîner, c’est contraignant, explique-t-il. On n’est jamais là le week-end, on voit moins les potes. J’ai l’impression que mes amis, ce sont les arbitres et les coaches adverses !» Alors, il a décidé de passer à autre chose. Même si c’est un véritable crève-cœur. «Je n’en dors pas la nuit. C’est une vie qui s’arrête, concède-t-il. J’ai posé trois semaines de vacances en août. D’habitude, c’est la période où l’on fait la préparation physique. Là, je me demande presque ce que je vais faire. C’est un peu triste.» 

Olivier Ferrand : «Pour lui, la porte sera toujours ouverte»

Malgré l’inévitable spleen, l’Aveyronnais estime être suffisamment entouré pour que la transition se passe bien. Mais il a tout de même prévu de se garder un petit plaisir. Comme un fumeur invétéré qui s’accroche à son dernier mégot avant d’arrêter.

David Mazars continuera à s’occuper de la section UNSS du collège Saint-Joseph, qu’il a créée il y a quatre ans. Et puis, il n’écarte pas l’hypothèse de revenir un jour. Un moyen de «vivre plus facilement ce moment», selon lui.

Après tout, il a déjà habitué le Roc à des retours. En tant que joueur, le pivot formé au club avait fait ses valises à deux reprises pour aller à Carmaux, en 2000 puis en 2003. Avant de revenir à chaque fois à la maison. De même, il avait arrêté d’entraîner l’équipe féminine pendant deux saisons, après la descente en prénationale, en 2011.

«S’il veut revenir»

«S’il veut revenir, il sait que la porte est ouverte, assure Olivier Ferrand, le président du club. Je ne doute pas qu’un jour il repointera son nez. Le hand, c’est sa vie. Un retour ne me déplairait pas, car je sais que l’on ne retrouvera pas quelqu’un d’autre comme lui.» Des égards que le dirigeant lui réserve en raison de ses états de service. Malgré ses bras musclés et ses joues velues, David Mazars incarne le handball féminin à Rodez depuis une dizaine d’années.

Une option qu’il n’avait pourtant jamais envisagée. «En plus de ma carrière de joueur, j’avais envie d’entraîner. Cela m’attirait depuis longtemps. J’ai commencé lors de mon retour au Roc après mon second passage à Carmaux, se souvient-il. Mais au début, j’avais dit à mon président que je voulais absolument une équipe de garçons. Hors de question de m’occuper des filles.»

«C’est un vrai formateur» 

Son vœu est exaucé. Il a en charge les U15 masculins. «À trois mois de la fin de la saison, on me demande de prendre également les U18 féminines, car l’entraîneur est parti, poursuit-il. J’accepte pour rendre service mais j’y vais à reculons.

Finalement, c’est le coup de foudre.» Le début d’une belle idylle. En plus de continuer sa carrière de joueur, le pivot du Roc prend en charge la section féminine du club. «Au début, il n’y avait que deux équipes, en U13 et U18, indique-t-il. Onze ans plus tard, nous sommes présents dans toutes les catégories d’âge et l’équipe senior est passée du niveau départemental à la nationale 3. C’est une grande fierté.» 

Pour franchir les divisions, le Monastérien s’est appuyé à la fois sur des joueuses issues des clubs du département - «afin de créer une identité aveyronnaise» - et sur des purs produits de la formation Roc.

«C’est un vrai formateur. Il est capable de prendre des jeunes filles et d’en faire des joueuses de haut niveau», lance Zina Namar, l’une des cadres de l’équipe actuelle des Rocettes. «Il est fait pour entraîner, poursuit-elle. Il a un charisme naturel et suffisamment de psychologie pour gérer un groupe de filles.»

Proximité et exigence

En tant qu’entraîneur, David Mazars est proche de ses joueuses, au point de tisser des liens forts avec la plupart d’entre elles. «Pour moi, c’est plus qu’un entraîneur, confirme Zina Namar. C’est également un ami, un confident.» Mais n’allez pas croire pour autant qu’il “cocoone” ses joueuses à longueur d’entraînement.

 «Il est très exigeant», lance Caroline Fabre, une ancienne du Roc. Cette proximité rend les adieux un peu plus difficiles à vivre. Particulièrement lorsqu’il a annoncé la nouvelle à son groupe.

«Au mois de janvier, à la fin d’un entraînement à l’Amphithéâtre, il nous avait rassemblées pour annoncer sa décision, se souvient Zina Namar. Il y a eu beaucoup de larmes. Il a tout donné pour nous, ce sera dur de le remplacer.»

«Elles sont suffisamment nazes pour monter au moment où je pars»

«En leur parlant tôt, il y avait le risque d’une démobilisation, reconnaît David Mazars. Mais cela me trottait trop dans la tête. Et ce n’aurait pas été honnête de les prévenir au dernier moment.» Finalement, l’annonce du départ n’a pas influé sur les résultats. Au contraire. Les Rocettes sont toujours en lice pour une montée en nationale 2.

«Certaines joueuses qui ne veulent pas que je parte me disent souvent “si on monte, tu restes”», lance le technicien. Mais il assure que même en cas de montée, il ne reviendra pas sur sa décision. Malgré la possibilité d’accéder pour la première fois au quatrième échelon national. «Elles sont suffisamment nazes pour monter au moment où je pars, plaisante David Mazars. Et j’espère qu’elles le feront.»

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