« Qui a tué Fualdès ? » (7/40)

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    « Qui a tué Fualdès ? » (7/40)
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Théâtre. Les 27, 28, 29 et 30 juillet, sur la place Foch à Rodez, sera présentée la pièce de Paul Astruc «Qui a tué Fualdès?», à la nuit tombée. À la veille du bicentenaire - en 2017 - de cette énigmatique affaire criminelle qui a valu pendant longtemps une sale réputation à la ville, les 35 comédiens nous plongent dans le Rodez des années 1800. À travers ses quartiers, ses habitants, ses us et coutumes. Cette série de quarante textes, illustrée par Gérard Marty, court jusqu’au 26 juillet. Infos et billetterie: www.quiatuefualdes.com

L’Angèle habitait dans le faubourg, et mon frère et moi, nous passions devant chez elle chaque jour en allant à l’école. Je ne sais pas pourquoi elle nous avait pris en grippe. Peut-être parce qu’elle nous avait vus nous moquer de son infirmité, de cette jambe qu’elle traînait comme un boulet attaché à la cheville; ou peut-être parce qu’on maraudait dans son jardin ou parce qu’on s’était amusé à jeter des cailloux sur son chat, je ne sais pas. Alors, anxieuse, elle guettait notre passage derrière sa fenêtre, son ouvrage à la main, et, dès que nous arrivions, sortait sur le pas de sa porte en criant de passer notre chemin. Mais nous n’en avions que faire et nous lui tirions la langue, lui faisions des pieds de nez ou des cornes du diable. Sur le chemin, nous nous creusions la tête, cherchant quelle blague nous pourrions lui jouer. Un hiver, alors que nous rentrions de l’école et que la neige avait recouvert le sol d’un épais tapis, nous nous mîmes à fabriquer son effigie en neige; un caillou pointu en guise de nez, de grandes dents en écorce, de gros nichons avec des pommes de pin et une queue de diablesse avec de la ficelle. Et, pour couronner le tout, nous avions inscrit à la craie sur une pierre, «Angèle, la gazelle ». Ah ça avait bien fait rire les copains et nous étions très fiers de notre oeuvre! Angèle n’avait pas ri. Dans ses yeux, étaient apparues quelques larmes. Angèle, malgré son air bourru avait un coeur d’or et nous ne l’avons compris que bien plus tard… Lorsque mon frère et moi avons vu cela, nous avons cessé de l’importuner. La vie venait de nous apprendre qu’elle boitait d’une jambe mais pas du coeur.

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