« Qui a tué Fualdès ? » (9/40)

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    « Qui a tué Fualdès ? » (9/40)
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Les 27, 28, 29 et 30 juillet, sur la place Foch à Rodez, sera présentée la pièce de Paul Astruc « Qui a tué Fualdès ? », à la nuit tombée. À la veille du bicentenaire - en 2017 - de cette énigmatique affaire criminelle qui a valu pendant longtemps une sale réputation à la ville, les 35 comédiens nous plongent dans le Rodez des années 1800. À travers ses quartiers, ses habitants, ses us et coutumes. Cette série de quarante textes, illustrée par Gérard Marty, court jusqu’au 26 juillet. Infos et billetterie: www.quiatuefualdes.com

J’étais soldat du train dans les armées napoléoniennes. Nous étions chargés du transport des approvisionnements en matériel et munitions ou du convoyage des pièces et du charroi d'artillerie. La planque! Pensez bien que je n’aurais pas déserté d’un poste pareil pour me retrouver à combattre en première ligne. Sauf que, lors du retour de Bonaparte de l’île d’Elbe, on m’a demandé de rejoindre l’armée française et j’ai senti le vent tourner. Nous étions nombreux à douter de la capacité de Bonaparte à s’opposer à la septième coalition qui s’était montée contre lui. Pourquoi l’aurions- nous suivi ?N’y avait-il pas eu assez de morts, assez de familles fracassées? Et quoi de la retraite de Russie, de cette hécatombe? Alors non, ce n’est pas déserter que de s’opposer à la tyrannie, ce n’est pas lâcheté que de dire non. J’étais à Lyon quand je fis le choix de partir. Quelques jours après, mon nom figurait sur les listes placardées dans la ville. Je me cachai. La police surveillait et recherchait tous ceux qui, comme moi, n’avaient pas répondu à l’appel. Je décidai de rejoindre le pays de ma bien-aimée, Anne Benoit. Là-bas, je n’étais pas connu. Ne pouvant pas utiliser de moyens de transports, j’ai marché longtemps, très longtemps, j’ai traversé les montagnes enneigées du massif central, en contournant Le Puy et Mende où le risque était plus grand. J’étais jeune et sur le trajet, je coupais du bois, nettoyais les écuries et réalisais divers travaux en échange d’une soupe, d’un morceau de pain et d’un coin de paille à côté des bêtes pour dormir. Quand la soupe était bonne, je restais parfois deux ou trois jours avant de reprendre mon chemin. Puis un jour le clocher de la cathédrale de Rodez m’apparut. C’était en juin 1815. Les armées de Bonaparte venaient d’être vaincues à Waterloo. Finalement, ma vie n’avait tenu qu’à un fil. J’étais épuisé mais heureux de retrouver ma belle Anne. Hélas, la galère continua. Ayant eu vent de mon parcours, sa famille refusa de me voir et du travail, personne ne voulut m’en donner. Nous cherchions malgré tout un toit pour nous abriter, mais c’était impossible pour un couple illégitime. Seuls les Bancal acceptèrent de nous louer une mansarde rue des Hebdomadiers contre quelques services. J’acceptais tout ce qu’ils me proposaient, mais peut-être trop.

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