Valls s'invite dans la polémique sur le burkini, invoquant "les valeurs de la République"

  • Le Premier ministre Manuel Valls, le 15 juillet 2016 à l'Elysée
    Le Premier ministre Manuel Valls, le 15 juillet 2016 à l'Elysée AFP/Archives - Thomas SAMSON
  • Un "burkini" dans un centre commercial de Kuala Lumpur, en Malaisie, le 16 août 2016
    Un "burkini" dans un centre commercial de Kuala Lumpur, en Malaisie, le 16 août 2016 AFP - MOHD RASFAN
  • Des Tunisiennes, dont l'une porte un "burkini", sur une plage près de Bizerte, au nord-est de Tunis, le 16 août 2016
    Des Tunisiennes, dont l'une porte un "burkini", sur une plage près de Bizerte, au nord-est de Tunis, le 16 août 2016 AFP - FETHI BELAID
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Centre Presse Aveyron

En apportant son soutien aux maires - majoritairement de droite - qui ont interdit le port du burkini sur les plages, Manuel Valls se veut fidèle à son image de défenseur des "valeurs de la République", au risque de susciter l'hostilité d'une partie de la gauche.

"Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public", a affirmé le Premier ministre dans un entretien mercredi à La Provence. "Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique".

Derrière le burkini, tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes, il y a, selon Manuel Valls, "l’idée que par nature les femmes seraient impudiques, impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes". "Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre", martèle-t-il.

"Mais il n'a rien d'autre à faire, le Premier ministre de notre pays ?" s'est insurgé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, pour qui Manuel Valls, "en suivant les pas d'une droite très radicalisée qui court après le Front National, joue un jeu très dangereux".

"Stop à l'islamophobie d’État !", s'est insurgé dans un communiqué le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), pour qui ces déclarations "entretiennent consciemment un climat raciste et islamophobe, qui autorise ensuite des centaines de personnes à manifester comme à Bastia aux cris excluants de +On est chez nous+".

Interrogé par l'AFP, le député PS "réformateur" Pascal Terrasse s'est dit "surpris de voir à quel point le Premier ministre soutient les maires, sans que le Conseil d’État ou même la loi soient venus dire si cette décision était conforme à notre Constitution".

La parole de Manuel Valls "n'engage que lui", a-t-il estimé, "pas certain qu'elle puisse engager le Parti socialiste" où cohabitent selon lui deux conceptions de la laïcité, "une conception libérale et une conception ultra-restrictive".

A droite, le président de la puissante Association de Maires de France (AMF), François Baroin (LR), a apporté sur Twitter son "soutien aux maires, qui pour des raisons d'ordre public ont interdit le port du burkini sur nos plages".

- "Que le gouvernement engage l'interdiction" -

Le député LR Thierry Solère s'est lui "réjoui" que Manuel Valls comprenne leur position, mais a aussi appelé le gouvernement à agir. "Que la justice fasse respecter l’interdiction de la burqa et que demain le gouvernement engage l’interdiction de ces habits, et surtout qu’il la fasse respecter", a-t-il lancé sur Europe 1.

Sur Twitter, Éric Ciotti a salué "une position courageuse", mais souligné que "les paroles ne peuvent suffire pour combattre le communautarisme".

La présidente du FN Marine Le Pen a elle aussi apporté son soutien aux maires sur son blog, arguant que "c'est de l'âme de la France dont il est question".

"Bien sûr le burkini doit être proscrit des plages françaises, où il n’a strictement rien à faire. C’est une question de laïcité républicaine, d’ordre public, assurément", a-t-elle estimé.

Le Premier ministre n'entend cependant pas légiférer: "Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière : la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution".

"Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public", a déclaré celui qui, par ailleurs, s'était dit, au printemps, favorable à une interdiction du voile à l'université.

Manuel Valls a en outre apporté son soutien à Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France et qui a invité lundi les musulmans à la "discrétion".

Plusieurs villes côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire le burkini: Cannes, Mandelieu-La Napoule, Villeneuve-Loubet, Cap-d'Ail, dans les Alpes-Maritimes, Le Touquet, dans le Pas-de Calais, administrées par des maires de droite. A Sisco, en Haute-Corse, le maire PS a fait de même, et un autre maire socialiste, à Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, a annoncé vouloir suivre le mouvement.

Source : AFP

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