D.Barrau: « Malgré l'accord, on reste dans une crise laitière »

  • Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.
    Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. Archives José A.Torres
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Philippe Routhe

Hier, une solution pour mettre un terme aux tensions entre Lactalis et les producteurs laitiers a été trouvée. Lors d’une troisième réunion, le numéro 1 mondial des produits laitiers a proposé un prix du lait pour août de 280 euros la tonne. Prix qui augmentera de 5 euros tous les mois pour parvenir à 300 euros en décembre. La moyenne annuelle 2016 sera de 275 euros. Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, nous livre son sentiment.

Êtes-vous réellement satisfait de cette sortie de crise? On est réellement satisfait par rapport à l’objectif fixé et la démarche engagée. On estime que Lactalis revient dans le rang. C’est une première étape avec un prix du lait qui est au niveau de celui de ses principaux concurrents. Cela évite la baisse sans fin que l’on pouvait craindre.

Quelle est la deuxième étape? C’est adopter un schéma de travail et d’organisation différent avec les industriels. On ne peut pas être dans le rapport de force permanent. Il faut donc continuer à travailler. On a demandé un rendez-vous à Emmanuel Besnier. Maintenant que la situation s’apaise, on espère bien l’obtenir.

Lactalis a été ciblé ces jours-ci, mais globalement, le prix du lait reste bas... On reste dans une crise laitière. Et quand vous avez le numéro 1 mondial qui paye 5% de moins que les autres, il tire tout le marché vers le bas. Le problème global ne vient pas de Lactalis, mais il a un rôle majeur à jouer. Il a acquis les plus prestigieux fromages du pays et envoie des signaux dévastateurs. Ça, ce n’est pas possible.

Depuis longtemps, les relations avec Lactalis sont compliquées. Pensez-vous que cela puisse réellement changer? On a l’impression d’être trois siècles en arrière en terme de relation entre producteurs et industriels. Mais oui, on a bon espoir que cela change. Puis, on a quand même été agréablement surpris de la réaction des consommateurs et des médias face à la position du numéro 1 mondial.

Mais, face à cette énième bataille avec Lactalis, on se demande pourquoi les éleveurs ne décident pas d’aller livrer leur lait chez quelqu’un d’autre... Parce que c’est très compliqué. Des accords de collectes ont été signés. Dans beaucoup d’endroits, il n’y a qu’un industriel qui collecte. Mais il n’est pas possible d’aller de l’un à l’autre comme cela. En revanche, il faut se rappeler de cette crise. Là, je vais parler en tant qu’Aveyronnais. Nous devons absolument nous interroger sur une proposition différenciée. Mettre en place une offre plus élaborée. C’est un peu aussi une défiance au grand industriel. Car notre métier a un sens. Les jeunes qui s’installent ont plus que jamais envie que leur métier prenne un véritable sens. Il faut que les industriels l’entendent.

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