Ils sont prêts à renverser des montagnes

Les agriculteurs savent mobiliser. D’autant plus lorsque la cause à défendre risque d’affecter directement la survie même d’une grande partie des leurs. Preuve en a encore été donnée, hier matin, du côté de Toulongergues, sur la commune de Villeneuve, où plus de 350 agriculteurs répondant à l’appel conjoint de la FDSEA 12 et des JA de l’Aveyron, se sont rassemblés sur l’exploitation caprine de la famille Estival.

Cette ferme n’a pas été choisie au hasard.En effet, au cas où la réforme des critères de définition des Zones soumises à contraintes naturelles (ZSCN), voulue par l’Union Européenne (voir nos précédentes éditions), serait adoptée, quarante communes aveyronnaises, soit plus d’un millier d’exploitants agricoles, dont la famille Estival, seraient exclues de ce classement.

« On disparaît »

Et comme l’a justement rappelé Christian Estival, l’hôte de ce rassemblement situé sur la zone d’exclusion : « Si on passe en zone plaine, on disparaît. » Et avec eux, un grand pan de l’économie locale. Car, comme de nombreux interlocuteurs l’ont précisé : « Tout est lié. Les aides perçues - en cas de déclassement du piémont, la perte potentielle sur les aides PAC pour l’Aveyron serait de plus de 8,6M€ par an - les agriculteurs ne les placent pas dans des paradis fiscaux. Non, ils les réinvestissent dans l’économie locale », a ainsi précisé Germain Albespy, coprésident des Jeunes Agriculteurs.

Un constat qui a aussi fait mouche chez les nombreux élus de tous bords et les représentants des chambres consulaires, présents hier, comme les représentants de l’État en Aveyron, aux côtés des agriculteurs. Des élus qui se sont succédé au micro pour (re) dire tout leur attachement au monde agricole et au modèle d’agriculture aveyronnais.

Les élus au soutien

Pour la députée Marie-Lou Marcel, « il n’y a pas de crainte à avoir dans l’immédiat. Le nouveau zonage proposé par l’Europe n’a pas encore intégré les critères nationaux que nous ne manquerons pas de faire remonter. Nous sommes mobilisés à vos côtés et j’ai confiance. » Jean-Claude Anglars, vice président du conseil départemental, tout comme Stéphane Bérard, conseiller régional en charge des dossiers agricoles ont, quant à eux, déclaré que les deux assemblées se sont emparées de la problématique. « Cette carte est inadmissible, a précisé l’élu régional. Nous serons vigilants et au combat à vos côtés. »

Des soutiens sous forme de motions ont également déjà été votés, notamment au conseil départemental. D’autres devraient rapidement suivre. Les agriculteurs qui n’entendent pas relâcher la pression ont d’ores et déjà prévu d’autres actions, dont une manifestation, le 14 novembre, à Montauban. « Le temps presse, a rappelé Dominique Fayel, président de la FDSEA.Début janvier, le ministère de l’Agriculture devra transmettre le nouveau zonage à Bruxelles, et on espère bien que d’ici là les zones qui ont injustement été exclues seront de nouveau intégrées au classement ZSCN. En tous cas, on fera tout pour. »

r.b.