Primaire de la droite : Fillon-Juppé, ce qui les rassemble, ce qui les oppose

  • (COMBO) This combination of file pictures created on November 25, 2016 shows Alain Juppe (L) on October 26, 2016 and Francois Fillon (R) on November 25, 2016 during photo sessions in Paris.
Fillon and Juppe, both former prime ministers, will go head-to-head in a run-off of France's rightwing presidential primary on November 27, 2018, ahead of the presidential election of May 2017. / AFP PHOTO / JOEL SAGET
    (COMBO) This combination of file pictures created on November 25, 2016 shows Alain Juppe (L) on October 26, 2016 and Francois Fillon (R) on November 25, 2016 during photo sessions in Paris. Fillon and Juppe, both former prime ministers, will go head-to-head in a run-off of France's rightwing presidential primary on November 27, 2018, ahead of the presidential election of May 2017. / AFP PHOTO / JOEL SAGET AFP JOEL SAGET
Publié le , mis à jour
avec AFP

Politique. A partir d’un socle commun, Alain Juppé et François Fillon s’opposent surtout sur le degré de libéralisme économique, l’immigration et l’attitude envers la Russie.Derniers coups d’œil sur les points majeurs de leurs programmes, avant de déposer votre bulletin de vote dans l’urne.

Des choix similaires

Les deux candidats allongeront l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans, Juppé précisant que cela interviendra d’ici à 2026. Ils réduiront les allocations chômage, par une dégressivité dans le temps pour Juppé, un plafonnement avec une dose de dégressivité pour Fillon. Ils veulent durcir la politique pénale et construire des places de prison (16 000 pour Fillon, 10 000 pour Juppé).

Emplois publics : quelle purge ?

Les deux veulent réduire les dépenses publiques (de 100 milliards d’euros en cinq ans pour Fillon, de 85 à 100 mds pour Juppé), avec l’objectif d’un équilibre budgétaire à la fin du quinquennat et un outil : la réduction du nombre d’emplois publics, actuellement de 5,5 millions. Mais ils divergent sur l’ampleur de cette baisse : de 500 000 en cinq ans grâce à l’augmentation du temps de travail des fonctionnaires à 39 heures pour Fillon, de 200 000 à 300 000 en cinq ans grâce à des départs en retraite non remplacés pour Juppé.

Fiscalité : 1 ou 2 points de TVA

Les deux veulent réduire impôts directs et cotisations, sur les entreprises et les ménages, avec notamment la suppression de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune), la hausse du plafonnement du quotient familial, la réduction progressive de l’impôt sur les sociétés. En compensation, ils veulent relever la TVA : de deux points pour Fillon, afin de compenser la suppression de la cotisation salariale maladie, d’un point pour Juppé pour compenser en partie la réduction des cotisations des entreprises destinées aux allocations familiales.

Quelle durée du travail ?

Les deux veulent supprimer les 35 heures et laisser aux entreprises le soin de négocier le temps de travail. Juppé maintient toutefois, à défaut d’accord, une durée légale, à 39 heures, tandis que Fillon supprime cette notion dans le secteur privé, laissant juste dans la loi la durée maximale de 48 heures.

Russie et Syrie : la divergence

Partisan de la fin des sanctions économiques contre la Russie, Fillon estime qu’il n’y a pas « d’autre choix que de nous tourner vers les Russes et le régime syrien pour éradiquer les forces de l’État islamique ». Critiquant « la fuite en avant » de la Russie en Syrie, Juppé juge qu’il « n’y aura pas de retour à la paix en Syrie avec Bachar al-Assad ».

Immigration et droit du sol

Les deux proposent des quotas d’immigration et une réforme du regroupement familial. Fillon propose que le droit du sol (un jeune étranger né et élevé en France devient Français à sa majorité) ne soit plus automatique : la nationalité ne serait accordée qu’à la demande du jeune. Juppé maintient le « droit du sol » automatique si au moins un des parents était en situation régulière à la naissance de l’enfant. Fillon veut supprimer l’aide médicale d’Etat (AME), destinée aux étrangers sans papiers, alors que Juppé veut la limiter aux cas d’urgence. Fillon était pour une loi anti-burkini, Juppé contre.

Fichés S : rétention en débat

Juppé est « tout à fait favorable » à des centres de rétention pour les individus « fichés S » par les services antiterroristes, à condition que l’internement soit décidé par un juge. Fillon refuse cette idée et veut s’en tenir à « l’application stricte du code pénal ».

Mariage gay : garder ou réécrire

Juppé ne reviendrait pas sur la loi Taubira instaurant le mariage homosexuel. Fillon envisage sa réécriture sur l’adoption pour éviter que la loi considère « qu’un enfant est fils ou fille, de manière exclusive, de deux parents du même sexe ». Principe de précaution Fillon veut retirer « le principe de précaution » de la Constitution, Juppé le maintenir. Ce principe fait obligation aux gouvernants de prendre des mesures en cas de risque sur l’environnement, même si le dommage encouru « reste incertain en l’état des connaissances scientifiques ».

Fillon pour l’uniforme

Les deux souhaitent plus d’autonomie des universités et établissements scolaires, en particulier pour les rythmes scolaires. Fillon propose aussi le port de l’uniforme à l’école.

Cumul des mandats

Fillon ne touchera pas à la loi qui interdira à partir de 2017 d’être à la fois parlementaire et maire. Juppé n’exclut pas d’autoriser un cumul de deux mandats dans les petites et moyennes communes.

Ce qu’ils proposent pour le système de santé

  • LES REMBOURSEMENTS EN QUESTION ?

François Fillon veut économiser 20 milliards d’euros sur 5 ans et limiter l’augmentation des dépenses de santé à 2 % par an avec une « règle d’or » : imposer l’équilibre des comptes de l’Assurance-maladie. Les Français seraient davantage mis à contribution, avec un basculement des cotisations maladie patronales vers un mix CSG/TVA. Il souhaite aussi introduire une franchise médicale en fonction des revenus dans les limites d’un seuil et d’un plafond, qui remplacera le ticket modérateur et la franchise de 1€ actuelle. L’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy veut « focaliser » l’assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée (ALD) et l’assurance privée sur le reste. Les moins favorisés ne pouvant accéder à l’assurance privée bénéficieraient « d’un régime spécial de couverture accrue ». Alain Juppé souhaite lui aussi rétablir les comptes à l’équilibre mais sans remettre en cause le taux de couverture des dépenses de santé par l’Assurance maladie. « Chaque pour cent de remboursement en moins, c’est autant de renoncement aux soins pour des personnes modestes, toutes celles qui paient des charges et ne bénéficient d’aucune aide pour leur santé », écrit-il dans son programme. Il mise sur une « tolérance zéro » envers les actes inutiles et redondants et la lutte contre les fraudes. Tout deux souhaitent réformer l’Aide médicale d’État (AME) destinée aux immigrés en situation irrégulière, en la réservant aux situations d’urgence.

  • FIN DES 35 h À L’HÔPITAL

Les deux candidats de droite sont d’accord pour sortir des 35 heures à l’hôpital, mais avec une divergence de taille l’augmentation de la rémunération du personnel : François Fillon veut établir les 39 heures à l’hôpital en « contrepartie » d’améliorations des rémunérations pas forcément équivalentes. L’ex-Premier ministre a cité en exemple l’entreprise Smart où les salariés ont accepté de travailler 39 heures payées 37. Le maire de Bordeaux indique certes vouloir « sortir du dogme des 35 heures » et remettre à plat les organisations du travail, mais pas de « façon brutale ». « 39 heures payées 37 (..) ça ne se fera pas. On ne peut pas demander à des fonctionnaires de travailler plus pour gagner moins », a-t-il lancé jeudi soir lors de leur débat.

  • L’ACCÈS AUX SOINS

Les deux candidats partagent l’idée de développer des maisons médicales afin de désengorger les Urgences. François Fillon souhaite la mise en place de structures de petites urgences, comme les maisons intercommunales de garde qui prendraient en charge les patients sans avance de frais. Le député de la Sarthe écrit dans son programme qu’il a l’intention de rationaliser la carte hospitalière « quitte à accroître de façon raisonnable la distance d’accès » avec la reconversion d’établissements, mais aussi la fermeture de certains d’entre eux. Le maire de Bordeaux parle de « donner un nouveau rôle aux hôpitaux locaux ».

  • LA MÉDECINE LIBÉRALE

Ils s’accordent pour valoriser d’avantage la médecine libérale et supprimer la généralisation du tiers payant. La dispense d’avance de frais, rejetée par la profession qui y voit des contraintes administratives supplémentaires, doit se mettre en place en 2017. Face aux déserts médicaux, François Fillon et Alain Juppé privilégient les incitations, déjà nombreuses, à s’installer en zone sous dotée.

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