Roumanie: les sociaux-démocrates célèbrent un retour en force aux législatives

  • Une Roumaine dépose son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote à Bucarest, le 11 décembre 2016, dans le cadre des élections législatives
    Une Roumaine dépose son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote à Bucarest, le 11 décembre 2016, dans le cadre des élections législatives AFP - DANIEL MIHAILESCU
  • Le président roumain Klaus Iohannis dépose son bulletin dans l'urne le 11 décembre 2016 dans un bureau de vote à Bucarest pour les élections législatives
    Le président roumain Klaus Iohannis dépose son bulletin dans l'urne le 11 décembre 2016 dans un bureau de vote à Bucarest pour les élections législatives AFP - DANIEL MIHAILESCU
  • Des Roumains passent devant des panneaux électoraux, le 9 décembre 2016
    Des Roumains passent devant des panneaux électoraux, le 9 décembre 2016 AFP - DANIEL MIHAILESCU
  • Des affiches électorales dans une rue de Bucarest, le 9 décembre 2016
    Des affiches électorales dans une rue de Bucarest, le 9 décembre 2016 AFP - DANIEL MIHAILESCU
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Centre Presse Aveyron

Le Parti social-démocrate (PSD) a signé dimanche un retour en force sur la scène politique roumaine à la faveur d'une large victoire aux élections législatives, un an après avoir dû quitter le pouvoir à la suite d'un dramatique incendie dans une boîte de nuit de Bucarest.

Le PSD, désavoué par la rue en novembre 2015, était crédité de 45% des suffrages, devançant de 15 points les forces de centre droit, selon des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote et diffusés à leur fermeture.

"Le vote d'aujourd'hui montre une option claire des Roumains", s'est félicité le patron du PSD, Liviu Dragnea, selon lequel "il n'y a plus aucun doute quant aux gagnants".

Soutenu par un solide socle électoral rural et âgé, ce parti a tiré profit d'une campagne qui l'a vu multiplier les promesses de fortes hausses des salaires et des retraites, dans ce pays où la pauvreté touche un habitant sur quatre.

"Les Roumains ont voté pour la croissance économique, pour davantage d'argent dans leurs poches, pour des emplois bien rémunérés", a résumé M. Dragnea.

Ses principaux adversaires, le Parti national libéral (PNL) et l'Union sauvez la Roumanie (USR), deux formations de centre droit, ne sont en revanche pas parvenus à capitaliser sur le mouvement de grogne contre la corruption qui avait acculé le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta à la démission.

Ces deux partis recueillent respectivement 21% et 9% des voix, d'après les sondages à la sortie des bureaux de vote, soit un net recul par rapport aux études réalisées avant le scrutin.

Le PSD devrait quant à lui pouvoir compter sur le soutien du petit parti libéral Alde, qui, selon les premières estimations, parviendrait à atteindre les 5% nécessaires pour entrer au parlement.

M. Ponta avait dû renoncer à ses fonctions après l'incendie le 30 octobre 2015 dans une boîte de nuit de la capitale roumaine, le Colectiv, qui avait fait 64 morts. La Roumanie est depuis administrée par un gouvernement de technocrates dirigé par l'ancien commissaire européen Dacian Ciolos et soutenu par le centre droit.

Le drame, survenu dans un établissement qui s'était affranchi du respect de toutes les normes de sécurité, a été jugé symptomatique de la corruption endémique qui gangrène ce pays.

Sur fond d'apathie et de discrédit de la classe politique, le taux de participation n'a été que de 39,5% dimanche.

"Notre Roumanie est complètement détruite. On ne peut plus y vivre. Il n'y a pas d’emplois, les gens partent travailler à l’étranger", déplorait dans la journée Marin Oana, un habitant de Singureni, commune pauvre du sud.

Mécontents des bas salaires et du mauvais état des infrastructures, quelque trois millions des 20 millions d'habitants que compte la Roumanie ont émigré ces dernières années.

Membre de l'Union européenne depuis 2007, elle a renoué avec une croissance robuste après un épisode de sévère récession, mais reste le deuxième pays le plus défavorisé au sein des 28, derrière la Bulgarie.

- 'Respecter le vote' -

Le PSD a fait savoir qu'il ne révèlerait le nom de son candidat au poste de Premier ministre qu'après l'investiture du nouveau Parlement, au plus tôt le 19 décembre.

Une loi datant de 2001 interdit à toute personne ayant été condamnée par la justice de devenir ministre et cette disposition est susceptible d'affecter M. Dragnea, qui s'est vu infliger le printemps dernier une peine de deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale.

Le dirigeant du PSD a toutefois laissé entendre dimanche qu'il souhaitait briguer les fonctions de chef du gouvernement. "Tous les hommes politiques et toutes les institutions doivent respecter le vote d'aujourd'hui", a-t-il souligné.

Un tel scénario ouvrirait la voie à une crise avec le président de centre droit Klaus Iohannis, qui a annoncé qu'il exclurait de la liste des Premiers ministrables "toute personne ayant des démêlés avec la justice", même si elle n'a pas été jugée, ce qui mettrait également hors jeu M. Ponta, renvoyé en justice pour blanchiment d'argent et évasion fiscale.

Dans ce pays traditionnellement europhile, qui a reçu 26 milliards d'euros d'aides depuis son adhésion à l'Union européenne, les principaux partis étaient favorables à l'UE. Pour la première fois cependant, des candidats avaient appelé Bucarest à "s'affranchir de la tutelle" de Bruxelles afin de "promouvoir ses propres intérêts".

Au total, 466 sièges étaient à pourvoir au cours de ce scrutin proportionnel à un tour dont les premiers résultats officiels seront annoncés lundi.

Source : AFP

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