Aveyron : connaissez-vous le louvetier, ce "chasseur réquisitionné" ?

  • Sur sollicitation des municipalités, les louvetiers interviennent pour réguler renards ou sangliers en cas de « surpopulation temporaire ».
    Sur sollicitation des municipalités, les louvetiers interviennent pour réguler renards ou sangliers en cas de « surpopulation temporaire ». AFP
Publié le
Xavier Buisson

Les louvetiers, ou lieutenants de louveterie, sont 28 dans l’Aveyron et interviennent pour des missions allant de la simple conciliation jusqu’aux décantonnements et tirs de destruction.

La fonction est ancienne. C’est Charlemagne, en l’an 800 puis en 813, qui en a jeté les premières bases en créant la louveterie, alors composée d’équipages de chasse à courre. Ces premiers louvetiers sont chargés de chasser le loup, mais aussi d’autres animaux sauvages, dans le but de protéger les citoyens.

Aujourd’hui, il est plutôt question, pour les 28 louvetiers que compte le département, d’intervenir pour stopper les nuisances générées par de trop importantes populations de sangliers ou renards, mais la protection du citoyen, - ou de ses biens - est restée une priorité.

Didier Alric, 58 ans, chasse depuis 42 ans. Il a souhaité prolonger son amour de la chasse et de la nature en devenant lieutenant de louveterie et a, aujourd’hui, la charge d’une dizaine de communes allant d’Onet-le-Château jusqu’au Lévezou. Contrairement à une idée reçue, la louveterie dépend de l’autorité préfectorale (la Direction départementale des territoires en l’occurrence) et non de la fédération de chasse.

« Nous sommes bénévoles et obligatoirement chasseurs depuis au moins 5 ans », explique Didier Alric. Le louvetier doit aussi justifier de sa bonne forme physique par le biais d’un certificat médical et disposer d’au moins quatre chiens courants ou bien deux chiens de déterrage pour mener à bien sa tâche. Pendant la période de chasse mais aussi en dehors, ses missions sont multiples et réparties au long de l’année.

Conciliation et régulation

À commencer par des interventions de conciliation, lorsque des problèmes se font jour, entre sociétés de chasse ou entre chasseurs et municipalités. Un rôle de « casque bleu », s’amuse le louvetier. Sur sollicitation des municipalités, ils interviennent aussi pour réguler les populations de renards en cas de « surpopulation temporaire », surtout en février ou mars. Le préfet peut par ailleurs demander leur intervention, mais sur des sangliers cette fois-ci, en cas de dégâts constatés par la fédération de chasse ou de « péril urbain », comme de possibles divagations d’animaux en ville... et sur les routes. Le cas s’est présenté il y a quelques semaines aux Balquières, à Onet.

« Nous nous sommes rendus sur place avec sept personnes et des chiens en laisse. Nous avons fait fuir les 11 sangliers et apparemment, ils ne sont toujours pas revenus », explique Didier Alric.

« Chasseurs avant tout »

L’équipe est constituée par le responsable de la circonscription, qui peut faire appel à des chasseurs locaux ou à des collègues louvetiers. L’action d’effrayer les animaux pour éviter leur installation s’appelle du décantonnement, mais les louvetiers peuvent aussi être sollicités pour des tirs de destruction. « On en tire un ou deux, là aussi pour les effrayer », explique-t-il. Ces hommes, « chasseurs avant tout », ne sont pas attirés pas l’idée de « tirer tout ce qui bouge », mais plutôt de réguler les espèces là ou certaines sociétés de chasse rencontrent des difficultés dans le but d’éviter de très coûteux dégâts sur les cultures (que la fédération de chasse devra régler) ou la mise en danger des citoyens lorsque les animaux se rapprochent des villes et villages.

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