Rodez : à la barre pour agression sexuelle, 25 ans après les faits

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    Rodez : à la barre pour agression sexuelle, 25 ans après les faits
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Centre Presse Aveyron

Intéressante affaire que celle jugée, mercredi, par le tribunal correctionnel de Rodez. Un quinquagénaire était jugé pour agression sexuelle sur mineur. Faits qui se sont déroulés... entre 1989 et 1992 sur la côte atlantique. La victime est aujourd’hui un père de famille. Elle a subi cette agression quand elle avait une dizaine d’années. Son agresseur, un ami de la famille alors, avait entre 28 et 30 ans.

C’est en 2014 que la victime a déposé plainte et lancé en quelque sorte la machine judiciaire à l’encontre du prévenu, aujourd’hui domicilié dans l’Aveyron. Soit près de 25 ans après les faits. Si bien que les débats se sont ouverts sur la prescription des faits, dénoncés par la défense du prévenu et réfutés par le parquet. Ce qui n’a pas empêché les juges d’aborder l’affaire sur le fond.

Cette audience a en outre permis au père de famille de souligner la difficulté de son parcours, entre les moments de l’agression et sa décision d’enclencher la machine judiciaire. « Je n’ai pas pu aller plus vite que la vitesse à laquelle j’ai été » s’excusait-il presque devant les juges. Et de lancer : « Toucher un enfant dans sa construction psychologique c’est toucher une enfant dans tout le reste de son humanité ». Une manière de souligner qu’il n’y a pas de prescription en ce qui concerne l’impact de tels actes sur un enfant. Le prévenu, lui, est revenu sur ces gestes commis il y a près de 25 ans. Expliquant, à ce moment-là, « avoir 13 ans dans [sa] ma tête et en même temps vouloir assurer un rôle de père ». Et avoir pris conscience, après, de son homosexualité refoulée. Son avocate fera par ailleurs savoir que son client fut lui-même victime d’agression sexuelle étant jeune.

Pour autant, la victime ne pouvait cacher sa colère à l’encontre de celui qui était son « référent » après le départ du père. Une circonstance aggravante. Et déterminante dans le cas de la prescription. Un texte souligne notamment qu’en cas de viol, d’attouchements sexuels sur un mineur de mois de 15 ans ou commis par un ascendant, une personne ayant autorité ou par plusieurs personnes le délai de prescription est de 20 ans à compter de la majorité de la victime. La victime peut donc porter plainte pour ces faits jusqu’à ses 38 ans.

Et sa colère, la victime l’éprouvait également parce que cet ami n’a pas répondu à ses appels au secours en 2004, quand il traversait une grave crise psychologique.

Pour le procureur, « il n’y a pas de droit à l’oubli dans ces dossiers. » Et de requérir deux ans de prison à l’encontre du prévenu, la partie civile réclamant 18 000 euros de dommages et intérêt. Décision le 4 octobre.

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