Pourquoi les apiculteurs aveyronnais toujours aussi inquiets pour l’avenir

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    Pourquoi les apiculteurs aveyronnais toujours aussi inquiets pour l’avenir
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Centre Presse

L’ année 2017 a été, pour les apiculteurs aveyronnais, plutôt favorable contrairement aux précédentes. Le printemps a été très propice au développement des colonies. Jusqu’au début du mois de mai, l’élevage et les premières récoltes de miel se sont déroulés dans de bonnes conditions. Malheureusement, en mai et en juin, le gel et l’humidité ont durement touché les floraisons et par conséquent le travail des abeilles.

Malgré tout, « encore une fois, la récolte a été médiocre en quantité, déplore Jérôme De Lescure, coprésident du syndicat apicole l’Abeille de l’Aveyron qui regroupe environ 600 adhérents. Au niveau national, moins de 10 000 tonnes ont été récoltées contre 40 000 il y a 15 ans. » Et cette année encore, « aucun signe encourageant pour la protection des insectes pollinisateurs n’a été lancé ».

« On l’a bien vu lorsqu’il s’agit d’en finir avec l’utilisation des glyphosates, rappelle Jérôme De Lescure. Pourtant, il faut bien le rappeler : nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs. Nous sommes également agriculteur. Mais nous devons travailler main dans la main pour la protection des ruches. »

Par exemple, en communiquant entre agriculteur et apiculteur lorsqu’il est question du traitement des surfaces avec des produits phytosanitaires. « Cela permettrait de déplacer les ruches à l’avance et d’éviter beaucoup de dégâts », explique le coprésident du syndicat apicole.

De plus, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) a dénoncé, mi-octobre, l’autorisation de mise sur le marché par la France du sulfoxaflor. Ce nouvel insecticide est introduit sur le marché alors que les néonicotinoïdes, en voie d’interdiction en Europe, doivent être bannis en France par la loi de reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages dès 2018 - des dérogations demeurant possibles jusqu’en 2020.

« En Aveyron, nous avons connu les premiers impacts de ces insecticides, les néonicotinoïdes, dans les années 2000, rappelle Jérôme De Lescure. Et les dégâts ne sont pas visibles immédiatement. Ils modifient le comportement des insectes : à son contact, les abeilles sont désorientées et ne retrouvent plus le chemin de la ruche. La lente hémorragie du cheptel commence. Ces pertes affectent petit à petit tout le fonctionnement de la ruche, jusqu’à la détruire complètement. »

Le coprésident du syndicat apicole estime qu’un peu plus de 30 % des ruches sont perdues chaque année en Aveyron. « On n’avait jamais vécu cela il y a quelques années. » Fort heureusement, il existe pour les apiculteurs des raisons d’espérer. « Nos ruchers écoles intéressent de plus en plus de personnes », assure l’apiculteur.

« Aussi, j’ai pu le constater en tant que vendeur d’essaims, beaucoup de personnes, de particuliers, s’intéressent à l’élevage des abeilles, poursuit Jérôme De Lescure. Par nostalgie peut-être, pour ceux qui avaient durant leur enfance un rucher chez un grand-parent. Mais également par militantisme, pour participer à la sauvegarde des espèces pollinisatrices. » De plus, le prix payé pour un kilo de miel (entre 12 € et 15 €), « est pour le moment correct pour que nous puissions vivre. Mais ce n’est pas suffisant pour que nous puissions acheter une surface agricole, et garantir des fleurs non traitées ».

EN CHIFFRES

585 adhérents au syndicat l’Abeille de l’Aveyron.

1 000 apiculteurs dans le département.

9 000 ruches sont réparties en Aveyron.

80 stagiaires au rucher-école de Toizac, et 50 stagiaires au rucher-école de Millau.

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