Alexandre Geniez : « Tenter d’aller décrocher une victoire d’étape »

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    Alexandre Geniez : « Tenter d’aller décrocher une victoire d’étape »
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le coureur aveyronnais de la formation française AG2R La Mondiale s’est confié avant le départ du Tour d’Espagne, ce samedi, son deuxième grand Tour cette saison, après celui d’Italie, qu’il a achevé à la onzième place.

Quel bilan faites-vous de votre retour à la compétition, au Tour du Limousin (1) ?

Le bilan est très bon sur le plan de la condition physique. C’est rassurant car ça faisait deux mois que je n’avais pas couru et je ne savais pas totalement où j’en étais. Sur le plan des résultats, je pense qu’on pouvait espérer beaucoup mieux sur une course comme celle-là. Personnellement, étant donné que c’était ma reprise, je ne voulais pas me mettre de pression en visant le classement général, mais si j’avais pu gagner une étape, ç’aurait été bien. Le deuxième jour, j’étais dans le match, mais il faisait très, très chaud dans le final ; ça m’a un petit peu posé problème car c’est quelque chose que je crains. Le lendemain, je suis parti dans une échappée. Ç’a roulé très fort mais j’étais très en forme puisque lorsqu’on s’est fait reprendre, j’ai réussi à repartir. Dans le final, on était à deux, avec Benoît Cosnefroy mais on n’a pas eu de chance parce qu’il a failli tomber et a un petit peu lâché par la suite. Par la suite, c’était compliqué d’aller chercher quelque chose. Étant donné que c’était une course française et qu’on était, avec Groupama-FDJ, la deuxième formation du World Tour présente, l’équipe attendait qu’on aille chercher quelque chose mais certaines fois, ça marche, et d’autres, ça ne marche pas ; c’est le sport, et on ne peut pas dire que l’absence de victoire est due à un manque de condition car j’étais content de la mienne, et Benoît Cosnefroy et François Bidard étaient très forts. C’est dû aux aléas de la course et à son profil, pour grimpeurs-puncheurs : ce n’était pas facile de se démarquer.

Avez-vous évacué la déception d’avoir dû renoncer au Tour de France ?

Oui, totalement. Ça n’a pas été facile même si, au début de saison, dans ma tête, je savais que je me préparais pour le Giro et, au fond de moi, j’avais un petit peu fait une croix sur le Tour. Je savais que cet enchaînement-là, que j’avais déjà fait en 2015, était compliqué. À l’époque, après le Giro, j’avais roulé un jour sur deux au début avant de reprendre plus intensivement. Comme ça n’avait pas marché, j’avais décidé de couper un peu plus cette année, pour reprendre en étant un peu mieux ensuite. Au départ, j’ai eu l’impression d’avoir bien récupéré mais j’ai rapidement vu que ce n’était pas le cas, dès la fin du stage que l’on a effectué avec l’équipe au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire, du 18 au 22 juin, NDLR), puis lorsque je suis parti dans les Pyrénées. C’est pour ça que j’ai préféré renoncer car s’il s’agissait d’aller au Tour de France pour être en difficulté pendant trois semaines, c’était trop compliqué. Je n’aurais pas répondu aux attentes de l’équipe et personnellement, j’aurais été déçu. L’équipe m’avait dit qu’elle ne m’attendait pas au début du Tour mais plus à la fin mais quand on est comme ça, c’est difficile de se dire qu’on va voir pendant deux semaines car il faut quand même arriver à rallier l’arrivée chaque jour.

Quel regard portez-vous sur la performance de vos coéquipiers, et notamment de Romain Bardet, pendant cette Grande boucle ?

Je pense qu’ils ont fait un joli Tour, même si certaines personnes ont émis des critiques ou attendaient plus de leur part. On a quand même obtenu le maillot blanc avec Pierre Latour et pas bénéficié de circonstances favorables, avec trois abandons. Pour ce qui est de Romain, le grand public attendait beaucoup de lui étant donné qu’il avait terminé deux fois sur le podium final. Il attendait qu’il confirme et certains imaginaient même qu’il puisse gagner, et moi le premier : je me disais que c’était peut-être la bonne année car il était très fort mais même s’il n’y est pas parvenu, ce qu’il a fait est tout à fait honorable. Il a été extraordinaire lors de l’étape des pavés car quand on voit de quelle manière il a géré le stress et tous les ennuis (multiples crevaisons)… Il a été à l’attaque, comme à l’Alpe d’Huez, où il ne lui a pas manqué grand-chose pour gagner. Globalement, je pense que lui comme l’équipe peuvent être très satisfaits.

Pour en revenir à vous, comment abordez-vous le Tour d’Espagne, qui vous a plutôt bien réussi par le passé, avec deux victoires d’étapes, en 2013 et 2016 ?

Je pense que ma préparation a été vraiment bonne. J’ai pu travailler sereinement, en effectuant un stage dans les Alpes, notamment. On aura une bonne équipe, ça va être intéressant. Je viserai des étapes, mais pas au début, car je sais que ce sera difficile. On va partir de Malaga donc ça va être le four, avec entre 40 et 45 degrés toute la journée, et je sais que jusqu’à l’étape douze, je n’aurai pas grand-chose à jouer. Je ne me lancerai pas dans une échappée, à moins qu’il y ait une journée un peu plus fraîche, mais je n’y crois pas trop. Jusqu’au surlendemain de la journée de repos, à Salamanque, il n’y aura rien à jouer. En revanche, après, je me lancerai dans les échappées pour tenter d’aller décrocher une victoire d’étape.

Avez-vous déjà coché certains rendez-vous ?

Non, pas vraiment. Je sais que j’ai une pointe de vitesse suffisamment bonne pour pouvoir m’exprimer dans une arrivée au sommet en petit groupe, lors d’une étape vallonnée, pas forcément très dure. En tout cas, après l’étape douze, il n’y aura pas des tonnes de possibilités, avec un chrono en Galice, l’étape d’Andorre, lors de laquelle je serais étonné que l’échappée aille au bout, et celle de Madrid. Il n’en restera que six-sept lors desquelles ce sera ouvert. Et en dehors de ça, il faudra voir comment ça court, qui seront les leaders pour le classement général.

Ce Tour s’annonce en tout cas assez ouvert, en l’absence de Froome, tenant du titre, et de Thomas, lauréat du dernier Tour de France, les deux leaders de la formation Sky...

Oui, mais chez Sky, même l’équipe deux peut être très forte (rire) ! Je pense que Nibali sera un gros client, comme Quintana, car ce parcours lui convient sûrement mieux que celui du Tour de France. Aru sera là mais je pense qu’il est moins fort que l’an dernier. Et est-ce que Pinot voudra jouer le classement général ? Je ne suis pas certain que ce soit la meilleure préparation à l’approche du championnat du monde.

Pour finir, comment avez-vous accueilli votre absence de la préselection française pour le championnat du monde ?

Ce n’est pas une déception mais je pense que ce n’est pas très réglo vis-à-vis de mon début de saison. Je ne suis pas allé le dire au sélectionneur, qui était présent au Tour du Limousin, car je n’ai pas voulu envenimer les choses, mais je ne trouve pas ça très carré. Après, je pense que la saison sera déjà bien remplie, d’autant plus qu’après la Vuelta, il y aura plusieurs courses en Italie, comme les Trois vallées varésines, le Tour d’Emilie, le Grand Prix Beghelli, Milan-Turin et le Tour de Lombardie, pour lesquelles je suis très motivé.

(1) : Il a terminé treizième, trente et unième, quatrième et soixante-quatorzième lors des quatre étapes, pour une trente-troisième place finale, à 4’35’’ du vainqueur, Nicolas Edet (Cofidis).

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