Francis Roux, coureur militant

  • Le chapeau qui coiffe Francis Roux est aussi incontournable que le personnage.
    Le chapeau qui coiffe Francis Roux est aussi incontournable que le personnage. Repro CPA
Publié le
Céline Grousset

Le sexagénaire est devenu en presque trois décennies un personnage quasi incontournable dans le milieu de la course pédestre aveyronnaise. Portrait de cet aventurier au parcours relevé.

Sur les vastes plateaux du Larzac balayés par les vents, où le regard aime se perdre en fixant un horizon empli de promesses, il est une figure qui ne laisse personne indifférent. Convictions chevillées au corps, sa vie se nourrit de ce militantisme qui participe à rapprocher les hommes. Toujours pour la bonne cause. Poing souvent levé, même symboliquement, Francis Roux, paysan et homme de terrain(s), s’est mis à la course à l’âge de 35 ans. Dans le seul but d’arriver… à repousser les limites.

Il double les Templiers et l’Endurance Trail

Adorant se fixer des challenges pour mieux les relever, le Sud-Aveyronnais s’est mis sérieusement à la course en 1992, lors du 20e anniversaire des 100 km de Millau. Une première qu’il a renouvelée à neuf reprises. Ensuite, « parce que cela passait chez nous, j’ai participé au premier trail organisé en France, sur les Templiers, en 1995, lorsqu’ils partaient de Sainte-Eulalie-de-Cernon, avant Nant puis Millau. Je courais les 60 km puis j’ai fait partie de l’organisation », presque naturellement, en étant présent sur le ravitaillement de la Salvetat Basse. « C’était un rassemblement un peu paysan, anti- OGM et un peu beaucoup militant… » conçoit-il dans un sourire à l’évocation des ces exceptionnels moments de partage. « Ensuite, j’ai continué à courir pour le plaisir, sur ces terres magnifiques, même si je ne suis pas bon. Sur l’Hivernale et ses 64 km, je suis arrivé dernier. C’était fabuleux, il y avait une ambiance extraordinaire. Le seul souci était de passer les barrières horaires. Comme sur les 75 km des Templiers où ils arrêtaient souvent après moi… Mais comme je connais tout le monde, je discute, je me régale. »

Reconnaissable entre mille, coiffé de son fameux chapeau de cuir quelque peu élimé qu’une Québécoise lui avait offert pour ses 20 ans (il en a 62), Francis Roux avait même parié avec Gilles Bertrand en 1999 qu’il doublerait Templiers et Endurance Trail, soit 120 et 75 km. « Les gens aussi pariaient sur ça ; je ne pouvais plus me débiner. J’ai mis presque 24 heures sur les Templiers et 12 heures sur le trail. J’étais cuit, je marchais le plus souvent ; j’ai terminé 2 heures après le dernier mais à l’arrivée, on me fit la fête comme si j’avais été le premier. J’ai récolté 17 000 francs qui auraient dû servir à amener des gamins défavorisés à la montagne. Mais comme l’organisation était bien trop complexe, j’ai tout reversé à une association qui suivait les Templiers et œuvrait à améliorer le quotidien d’un orphelinat de N’Djamena. C’était la même philosophie. »

« Il faut être un peu maso, surtout à mon niveau »

Sans jamais se prendre au sérieux mais véritablement coureur dans l’âme, Francis Roux avoue que la course lui permet de s’entretenir afin de « pouvoir boire et manger sans me poser de questions, même si ma femme déteste que je dise ça ».

Mais pas de méprise, derrière cet épicurien un brin provocateur, se cache surtout un passionné. « Grâce aux courses, je passe dans des endroits sublimes mais ce que j’adore ce sont les dénivelés. Si bien que pendant cinq ans, au mois de janvier, j’ai rejoint l’Argentine ou la Bolivie pour randonner à la conquête des grands volcans ou des sommets culminant à plus de 6 500 mètres, comme l’Aconcagua et ses 6 960 mètres que j’ai gravi deux fois. C’est mon oxygène ! ».

Toujours fier d’organiser depuis 26 ans sa course sur l’Hospitalet, toujours motivé à réaliser d’honorables performances, toute l’année, sur les épreuves organisées en Aveyron, en Lozère, dans le Gard ou l’Hérault malgré deux prothèses de hanche, le sexagénaire emmène, entretient et nourrit ces valeurs de bien vivre ensemble qu’il érige véritablement en étendard. « Rien ne m’arrêterait, je ne suis pas bon mais rien ne me fait peur. C’est la tête qui fait la différence », avoue-t-il non sans avoir évoqué le Vinotrail, un 18 km organisé le 11 mars à Arboras (Hérault) qu’il ne manquerait pour rien au monde. Un trail avec dégustation de tous les vins des vignerons présents, « dans un esprit de partage absolument génial. »

Tel est Francis Roux, un homme de terrain(s) et de convictions, qui a trouvé son équilibre sur ces grands espaces larzaciens où le ciel, le minéral et le végétal vous ramènent à l’essentiel. Où les notions de « vivre au pays » et de « copains » puisent tout leur sens…

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