Sud Aveyron : Maël Alric, homme de défis !

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  • Maël Alric, toujours soucieux de trouver les bons équilibres.
    Maël Alric, toujours soucieux de trouver les bons équilibres. DR
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Centre Presse Aveyron


Après un retour à ses racines sud-aveyronnaises, l’ex-champion de France junior du 3 000 mètres steeple aspire à bien plus.

À quelques pas de la route des Seigneurs du Rouergue tellement inspiratrice, au creux de cette douce vallée où le Dourdou s’alanguit paisiblement dans son lit, il est une personnalité qui contraste singulièrement avec les éléments. Passionné, bouillonnant, insatiable et perfectionniste, Maël Alric conjugue activités agricoles et sportives avec la même efficacité, la même soif de victoires. En ayant toujours un nouveau défi à relever…

Changement de cap après Albi

Installé depuis juillet 2017 avec ses parents au sein du Gaec de Salze, sur la commune sud aveyronnaise de Saint-Izaire, Maël Alric est revenu aux sources. Habitué à franchir les obstacles lorsque la spécialité du 3000 mètres steeple lui permit notamment de devenir champion de France junior puis vice-champion de France espoir, il ne parvint toutefois à dominer celles qui l’obligèrent à stopper sa carrière en pleine ascension : les blessures. Au terme de ses études suivies sur Albi où il menait déjà de front cursus de sportif de haut niveau à l’ECLA (avec deux entraînements par jour) et fac de biologie, il décida de changer de cap pour revenir aux sources, à la terre, en 2012. Celle de son grand-père puis de ses parents, nourricière à souhait, transformée en « bio » dès 2011 où le lait du troupeau ovin, en partie destiné à fabriquer le roi des fromages, allait également être valorisé sur l’exploitation en tome, yaourts, recuite, confiture de lait et caillé, pour le plus grand plaisir des fins gourmets. « On voulait sortir du schéma classique maïs-semence établi par mon grand-père qui nous posait des problèmes, surtout en matière d’irrigation, de pesticides et d’OGM qui ne correspondaient plus à nos valeurs, pour privilégier l’autonomie, tant décisionnelle que financière. L’idée de créer une fromagerie fut longuement réfléchie mais c’est ce qui m’a motivé à devenir agriculteur et le pari, risqué, est relevé depuis 7 ans. Nous ne regrettons pas ce choix qui nous permet de favoriser les circuits courts en restant au contact des consommateurs que nous livrons sur Toulouse, Montpellier, Albi, Rodez, Millau et Saint-Affrique. »
Pour autant, comment concilier efficacement son métier et sa passion pour la course, surtout lorsqu’on perçoit sans peine que la soif de performer anime toujours ce quasi trentenaire (en 2020) ? « C’est le plus difficile, convient Maël, mais par chance, mes parents sont conciliants et me laissent du temps pour m’entraîner. Je conçois que ce ne serait
pas possible hors de ce contexte, surtout lorsque l’on sait que les plus grosses échéances se situent entre février et septembre, c’est-à-dire exactement comme celles qui coïncident avec la traite et la transformation. »

Intégrer l’équipe de France de duathlon

Homme de sacrifices, Maël Alric s’est toujours nourri de cette adrénaline qui vous pousse à vous dépasser, à donner le meilleur, à puiser au plus profond de vous-même. Habitué à gérer le temps et les contraintes, il a décidé de mener une nouvelle bataille : intégrer l’équipe de France de duathlon (épreuve de course, de vélo et de course). Pour ce faire, il est parvenu à satisfaire l’un des critères de sélection particulièrement drastiques en performant au mois de décembre sur un 10 km courus à Barcelone au terme duquel il devait passer sous la barre des 30 minutes, un record aveyronnais (30’06’’) vieux de 20 ans… Il termina, en pleurs, en 29’41’’. « Ce fut le Graal ! Grâce aussi à toute l’équipe qui m’aide à m’accomplir, ma compagne, Lara Ballestra, également acharnée de sport, gendarme à Broquiès, spécialiste de triathlon, avec laquelle j’ai grand plaisir à m’entraîner, Yannick Kerloch, mon coach breton, Guilhem Prax qui nous suit (à savoir la dizaine d’athlètes du Team Causses et Cévennes auquel Lara et moi appartenons) et nous sponsorise sur tout le matériel dans la mesure où j’en use beaucoup puisqu’une semaine classique d’entraînement ce sont environ 80 km de course puis de 200 à 400 km à vélo, mon club de l’ACSA, Francis, mon collègue
d’entraînement, Guillaume, Kiné sur Millau et mes parents, bien sûr qui, comme Lara, supervisent ma motivation et mon alimentation. Tous, à leur façon, participent à ce que vous performiez le jour J. Là, c’est le must. »
Depuis Barcelone, Maël met donc tout en œuvre sur les différentes manches de championnat organisées en France, tant individuellement que collectivement (avec son équipe du TRI 12), afin de capitaliser les points nécessaires qui pourraient le qualifier pour les mondiaux de duathlon, voire les championnats d’Europe de fin juin sur lesquels les places en équipe de France devraient être plus nombreuses. « Je m’entraîne parfois le matin à 4h30, avant la traite, puis entre midi et deux… ». Son but ultime étant de performer sur un championnat international, afin « de ne pas avoir de regrets. »

Une vie de famille

Sanguin et stressé, avouant alterner entre moments d’excitation et de désarroi, il sait que le sport l’a construit, en lui permettant notamment d’atteindre ses principaux objectifs. Ensuite, une fois l’expérience duathlon réussie, il sera temps de passer à autre chose. « Je ne veux plus avoir à supporter cette pression du résultat, être rongé par le stress. Il faut que l’entraînement reste un plaisir et non une obligation. C’est pourquoi je me tournerai à terme vers le trail ». Mais point de Maël Alric si quelques challenges ne peuvent être relevés, à l’instar des 100 km de Millau pour fêter dignement ses 30 ans ou d’une participation sur les 75 km des Templiers. « Je voudrais battre un maximum de records d’Aveyron pour laisser ma trace » tout en pensant à construire une famille, parce que « c’est la vie. »
Après 18 ans d’athlétisme, Maël Alric se projette. Toujours. Plus loin. Fonctionnant à l’affect, ne voulant jamais décevoir ceux qui l’entourent, ce « fils d’Aveyronnais et de Bretonne, un mélange explosif », repousse les limites. Les siennes. À quelques pas de la route des Seigneurs du Rouergue tellement inspiratrice, au creux de cette douce vallée où le Dourdou n’a pas toujours le temps de s’alanguir…

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