Créatrice de Caviar d’Aubrac, Milana Volodtchenko a le parfum dans la peau

"Il y a déjà la gastronomie, le chemin de Compostelle (GR 65) et bien d’autres trésors (re)connus... Mais, pourquoi pas un parfum ?". Milana Volodtchenko pose ainsi la question à voix haute. Même si elle a la réponse. Elle est, en effet, à l’origine de la création de Caviar d’Aubrac, une eau de parfum à base de gentiane jaune (15 à 20 % de concentration). Cette aventure a commencé en 2019 avec, pour l’instant, un seul conditionnement (30 ml). "L’enjeu est difficile car je veux rester dans cette identité du rare, avec une bonne qualité mais à la portée de toutes les bourses, insiste-t-elle. Et l’ambition finale est de signer une production locale". En attendant, ce "made 100 % en Aveyron", le "jus" (c’est son vrai p’tit nom) est fait à Grasse, tandis que l’assemblage est réalisé dans une usine de conditionnement en région parisienne. En clair, les projets ne manquent donc pas. Mieux, elle a déjà imaginé les terrains où pousseraient les bâtiments et les terres pour produire la gentiane, autour de Castelnau de Mandailles, où elle a posé ses valises au cœur du village. Milana Volodtchenko est née, en 1975, à Kazan, la capitale de la république du Tatarstan, une des divisions de la Russie, d’un père ukrainien et d’une mère tatar. "Je sais conjuguer le mot métissage, sourit-elle volontiers. Je suis ainsi le fruit d’un jumelage des racines". Elle a grandi en Ukraine, étudiant notamment à la faculté d’économie de Karkhov, la capitale industrielle et culturelle du pays, avant de rejoindre la France en 1995, Paris puis la Côte d’Azur, où elle a pris ses quartiers à Grasse, dans l’univers de la parfumerie, "pour apprendre et perfectionner mes connaissances olfactives" chez différents créateurs : Charbot (devenu Robertet), Fragonard, Molinard et Christian Louis. Passionnée aussi par tous les arts et la musique en particulier, elle a préparé dans la capitale un Master d’animation de projets culturels à l’institut des études supérieures des arts. Sollicitée par le pianiste Fabrice Eulry pour créer un festival, ils ont lancé Blues en Aveyron, à Espalion, en 2017, où ils ont été les hôtes d’André et Simone Damon, fondateurs du Petit journal à Paris. Curieuse et spontanée, elle a voulu devenir "ambassadrice de ce département qui m’a tendu les bras, à travers une action noble et en proposant ma perception personnelle". D’accord, mais comment ? "Quand une idée tourne en boucle dans ma tête, il faut que je marche, avoue-t-elle. C’est lors d’une balade à Espalion sur les bords du Lot que j’ai eu le déclic". Cette révélation en lien avec les anciennes tanneries (qui lui réveillaient l’histoire de Grasse) a été complétée par la découverte de la gentiane au cours d’un apéro servi chez des amis où elle a bu de la salers. "L’amertume de cette boisson m’a séduite, confirme Milana Volodtchenko. J’ai donc décidé d’en faire une eau de parfum. En offrant une vie différente aux racines de gentiane jaune d’Aubrac, âgée de 8 ans, dont on retire l’huile essentielle".