Escrime : pour l'Aveyronnais Bruno Gares, président de la FFE, "Il faut absolument aider les clubs"

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  • Bruno Gares vit désormais la moitié de la semaine à Rodez et l’autre en région parisienne, où se trouve le siège de la FFE.
    Bruno Gares vit désormais la moitié de la semaine à Rodez et l’autre en région parisienne, où se trouve le siège de la FFE. JAT
Publié le , mis à jour
Propos recueillis par Aurélien Parayre

L’Aveyronnais de 55 ans, tout nouveau président de la FFE, débute son mandat dans un contexte bien délicat, et à plusieurs titres. Entretien.

Un peu plus d’un mois après votre élection à la tête de la Fédération française d’escrime, comment se passe cette nouvelle vie de président ?

Déjà, on a une équipe (en responsabilité, autour de lui, NDLR) qui est soudée. Et on découvre, effectivement, que ce n’est pas simple tous les jours. Qu’il faut remobiliser le personnel, les cadres techniques. Qu’il faut redonner de l’envie, surtout dans le contexte actuel. Car cette situation fatigue le système, en fait. Il faut que l’on soit devant, pour motiver les troupes, leur donner de l’espoir. Donc, ça demande beaucoup plus d’énergie car la deuxième vague fait mal psychologiquement aux salariés (une soixantaine au total, NDLR).

Comment s’est déroulée la passation avec la précédente équipe aux manettes, présidée par Isabelle Lamour ?

Il n’y en a pas eu. Le soir de l’élection… (Il hésite) Voilà, il n’y en a pas eu.

Mais où sont les dossiers, comment travailler sur de la potentielle continuité de projets ?

Il n’y en a pas eu.

Cela veut dire concrètement que vous repartez de zéro ?

On analyse ce qu’il y a avec le personnel. Mais concernant la ligne politique, il n’y a pas eu d’échange.

C’est aussi la conclusion d’une campagne électorale qui aura été pour le moins tendue, non ?

Certainement. Je ne sais pas si elle était tendue. Toute campagne électorale est tendue…

La crise sanitaire vous a-t-elle permis malgré tout de prendre toute la mesure de votre victoire. De vous dire : "Ça y est, on l’a fait, on est là pour quatre ans".

(Il coupe) Non. La problématique, c’est justement ce manque de tuilage. Donc on découvre des dossiers, on les analyse, on met en place notre façon de travailler, pour impulser, aller plus vite. Et surtout, avec cette phase II de la pandémie, on s’est retrouvé là, sans même pouvoir fêter la victoire. On s’est mis la tête dans les dossiers tout de suite. Et on n’a pas le choix, car il faut absolument aider les clubs.

Justement, comment faites-vous pour aider les clubs ?

Heureusement que l’État a à nouveau mis en place le chômage partiel car les clubs sont dans une situation catastrophique. Il y a aussi une perte d’effectif, au niveau national à date, de 9 000 licenciés (sur environ 52 000 au 15 mars dernier, NDLR). Et cela représente 350 000 euros en moins sur le budget fédéral. D’autant que le budget du sortant est également impacté à hauteur de 300 000 euros. Donc on a un budget négatif sur l’année 2020 qui est malheureusement conséquent.

Cela veut dire que vous allez être obligé de faire des choix ?

Obligé de faire des choix financiers graves dans l’année qui suit, oui.

Quels seront-ils ?

On est en train d’étudier les meilleures sorties possible… Déjà, il y a moins de compétitions (les championnats nationaux ont été annulés notamment, NDLR), donc on dépensera un peu moins.

Plus personnellement, comment gérez-vous votre emploi du temps durant ce reconfinement alors que le siège de la Fédération se situe à Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis ?

En tant que président de fédération, j’ai une dérogation permanente qui me permet d’aller en région parisienne pour suivre les dossiers, les accompagner. Je travaille aussi en visio de chez moi pour certains dossiers. Mais être présent à Paris est primordial, car il faut réorganiser la Fédération. On ne peut pas rester dans la routine, car cela faisait bien trop longtemps qu’on était dedans, comme on l’avait d’ailleurs dit durant la campagne. Et c’est maintenant qu’il faut le faire, pendant ce moment de semi-sommeil ; se réorganiser pour être le plus efficient possible, et cela dès janvier si on peut reprendre, pour préparer la vie sportive 2021, et déjà préparer l’accompagnement des clubs pour la saison 2021-22.

Et, toujours personnellement, le rôle de président de Fédération est-il conforme à ce dont vous pensiez ? Vous vous attendiez à cela ?

(Il hésite) De toute façon, notre équipe s’est fait élire pour un programme. Et il démontrait qu’on ne voulait pas fonctionner de la même façon qu’avant. On veut amener une nouvelle ligne politique. Je l’ai bien précisé en réunions avec les cadres techniques. On a un objectif, il faut le tenir. Même si, pour l’instant, il y a un petit contretemps.

Vous allez aussi, chose qui n’était pas prévue en mars au moment où vous déclariez votre candidature, avoir à gérer les JO de Tokyo qui ont été repoussés d’un an, à l’été prochain…

Je ne m’inquiète pas trop pour le haut niveau. Les Jeux, ce sont 24 athlètes. Pour les préparer, il en faut 72. Et ils sont à l’INSEP, ils s’entraînent. Ils sont certes dans le dur, car enfermés dans le même lieu, mais ils ont déjà de la chance de continuer à vivre de leur passion. Leur problème, c’est qu’ils n’ont pas d’opposition, mais les autres nations aussi. Et pour ne pas déstabiliser l’équipe de France, on ne va pas toucher aux entraîneurs en 2021.

Faire revenir sous la bannière bleue des entraîneurs tricolores à forte compétence, était aussi un axe fort de votre campagne. Du coup, est-ce repoussé ?

C’est simplement décalé d’un an. Effectivement j’avais demandé à Franck Boidin (Japon) et Hugues Obry (Chine) de rentrer, à d’autres aussi de revenir le plus tôt possible avec nous. On est en train de travailler sur la réintégration de certains entraîneurs, oui.

Au bout de ce mandat, et c’est loin et proche à la fois, il y a les Jeux de Paris-2024. Aujourd’hui, quand on les évoque devant vous, à quoi pensez-vous en priorité ?

Pour l’instant, je pense à l’accession au haut niveau et à comment préparer les jeunes pour 2024. Mettre les bonnes personnes aux bons endroits et, d’ores et déjà, un accompagnement ciblé en termes de préparation.

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