Juliette de Montvallon, illustratrice dans l’air du temps

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  • Juliette de Montvallon au travail dans son atelier.    
    Juliette de Montvallon au travail dans son atelier.     H.L.
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Hélène Lecarme

Arrivée à l’âge de 13 ans en Aveyron avec ses parents, Juliette de Montvallon, issue d’une famille d’artistes, s’est elle aussi laissé gagner par la fibre artistique.C’est dans un petit hameau de trois maisons, au pied de La Salvetat-Peyralès, au bord du Viaur, que la jeune femme a installé son atelier.

À16 ans, Juliette de Montvallon, passionnée par l’Amazonie, quitte pour deux mois ses études sans un lycée aveyronnais pour effectuer un voyage en Équateur, qui la mène à la frontière colombienne. Cette expérience hors du commun, alliée à la lecture des ouvrages de Carlos Castaneda, qu’elle lit comme on lirait des contes, lui fait prendre conscience de l’importance du soin dans la vie quotidienne. Elle se passionne alors pour les thérapies mises en œuvre par les peuples premiers : pratiquées depuis toujours, elles sont les plus anciennes de l’humanité. Juliette sera art-thérapeute !
Après des études à l’Irfat (Institut de Recherche et de Formation en Art-Thérapie), où la diversité des techniques artistiques abordées et la variété des pratiques thérapeutiques lui permettent d’élaborer progressivement sa propre identité d’art-thérapeute, Juliette fait des stages dans un foyer de femmes victimes de violences conjugales, et dans une prison, où elle anime des ateliers.
Des stages difficiles, qui correspondent bien à la jeune femme, qui ne se fait pas de cadeau, qui fonce et souhaite voir la réalité en face : « Je ne voulais pas me voiler la face. J’avais besoin de me confronter à des choses qui me remettent en question pour me sentir légitime dans mon travail. »

La BD « Entre deux mondes » comme art-thérapie… appliquée à soi-même

Les bandes dessinées de son enfance ont été les modèles de ses premiers dessins ; les lectures réconfortantes que son père lui apportait lorsqu’elle était malade, l’art qui lui a permis de réunir tous les outils d’expression qui lui sont chers : écriture, dessin, peinture, photographie, cinéma…
« La bande dessinée est le trait d’union entre mon monde d’enfant et celui de l’adulte que je suis devenue. »
« Quand on est artiste, glisse-t-elle depuis son atelier de La Salvetat-Peyralès, on parle toujours de soi, de façon plus ou moins frontale. Entre deux mondes, ma première BD, publiée aux éditions Yil en 2018, a été écrite pour dépasser la souffrance, essayer de traiter de façon positive un événement dramatique survenu quelques années plus tôt, durant mes études d’art-thérapeute. C’est un arrêt sur image d’un moment de ma vie. »
Manu Larcenet, auteur de bandes dessinées, a encouragé la créatrice de ce récit autobiographique qui avait su « le malmener » avec une réalisation poignante et juste. Le dessin, dont les couleurs vives symbolisent parfaitement l’enfance et le lien fort qui unit l’auteur à sa petite sœur, s’allie au texte pour exprimer toutes les étapes du deuil : violence inouïe de l’événement choc - véritable cataclysme -, douleur, souvenirs, révolte, dénégation, puis retour progressif à la vie, acceptation du « vivre avec »…
«Trait d’union entre des passions complémentaires, la réalisation de ce projet m’a permis de progresser dans la prise en main de techniques, tant au niveau graphisme qu’au niveau écriture, ou encore de la gestion des couleurs, de l’outil informatique… »

L’illustration, un nouveau mode d’expression dans la quête de sens

Avec le recul du temps, Juliette met à distance son travail et réalise qu’elle a beaucoup évolué depuis, notamment techniquement. En outre, il y a deux ans, un voyage au Gabon et la découverte du bwiti, rite initiatique traditionnel des Pygmées, vient bouleverser sa façon de voir les choses. « J’ai pu observer des techniques de guérison, et j’ai compris que je n’avais pas tous les outils : exemplaires dans leur rapport à la nature, ces peuples sont en communion avec la terre, les plantes, ce qui s’exprime à travers leur médecine et leur folklore. »
Juliette cesse donc son activité d’art-thérapeute pour se tourner à temps plein vers l’illustration et axe son travail d’illustratrice sur des thématiques qui lui sont chères : nature, éthique, préservation de la biodiversité.
Dans un style qui mêle de nombreuses techniques - crayon, aquarelle, encre, gouache, ordinateur - elle crée notamment des hybridations entre la nature et l’homme : ses dessins dénoncent l’insouciance de l’homme qui détruit son environnement et offrent une image d’espoir, espoir fondé sur la prise de conscience et la préservation de la vie. L’aspect surréaliste, décalé, de ses images, amplifie leur aspect symbolique.
Juliette explique son attachement au dessin à la main, aux textures peintes à la main (textures qui serviront de base à la coloration des dessins sur ordinateur) : « Il faut avancer avec ce que l’on a, savoir accepter les surprises, les erreurs. L’outil traditionnel est plus difficile mais plus authentique, car révélateur de ce que l’on est ! »
C’est ainsi que Juliette propose des illustrations susceptibles d’être utilisées aussi bien pour affiches de théâtre, musique, événements, musées, que pour illustrer des articles, ou devenir des enseignes publicitaires, logos… Pour retrouver le travail de Juliette de Montvallon, chercher « Montvallon illustration » sur Instagram ou consulter le site internet éponyme.

 

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