Le Ceser interpelle l’État pour sauver les barrages de l'Aveyron

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  • La Région a adressé un courrier au Premier ministre pour s’opposer à la mise en concurrence des barrages comme ici en Nord-Aveyron.
    La Région a adressé un courrier au Premier ministre pour s’opposer à la mise en concurrence des barrages comme ici en Nord-Aveyron. Centre Presse Centre Presse - José A. Torres
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Olivier Courtil

Jean-Louis Chauzy au titre du conseil économique, social et environnemental régional, a adressé hier un courrier au Premier ministre pour arbitrer en faveur du maintien de ce service public.
 

Véritable serpent de mer, le conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) est monté au front hier pour s’opposer à la mise en concurrence des barrages hydroélectriques par la voix de Jean-Louis Chauzy, son président. "Le combat continue depuis une dizaine d’années, nous avons alerté à trois reprises le président Hollande sur la situation, j’ai regretté quand Nicolas Hulot a mis en concurrence en 2016 sans consulter EDF ni les élus. Il faut défendre les filières stratégiques comme EDF, il en reste peu en ce domaine en position de leader mondial. La France doit dire stop à Bruxelles." En ce sens, un courrier a été adressé à Jean Castex, Premier ministre, pour se positionner en faveur du maintien du service public. "Personne ne comprendrait qu’on donne aux pays étrangers la gestion de nos outils. On s’est trompé avec l’aéroport de Toulouse, on ne va pas recommencer ici", poursuit Jean-Louis Chauzy qui mise sur une réponse d’ici à deux semaines du chef du gouvernement, auquel cas il se rendrait à Paris rencontrer le Premier ministre en février. "J’irai chercher les réponses positives pour gagner l’arbitrage." L’élu, originaire de l’Aveyron, n’a pas manqué de mettre en lumière les atouts du département et le poids du groupe énergétique en Occitanie. "Les barrages du Nord-Aveyron apportent de l’électricité pour un million d’habitants. EDF représente 1 700 emplois en France dont 800 en Occitanie pour la modernisation, la rénovation et réaliser la maintenance sept jours sur sept. Il faut assurer la pérennité. "

Indépendance énergétique

Au-delà de l’emploi et de son économie, il en va de la ressource en eau avec l’accès en eau potable, pour la démographie, le tourisme et de l’indépendance énergétique. "A l’heure où les élus s’arrachent les cheveux pour la gestion de l’eau et que la crise du Covid montre l’intérêt de la souveraineté, il est impensable de ne pas protéger ce bien commun de la France. C’est la propriété du peuple Français." Une protection réalisée par l’ensemble des vingt-sept pays de l’Union européenne. Seuls, le Portugal et l’Italie se trouvaient dans la même configuration que la France mais tous deux ont repoussé la mise en concurrence. Le Portugal a prolongé ses concessions et les Transalpins n’ont tout simplement pas institué de loi pour encadrer la mise en concurrence. Ce qui fait dire à Jean-Louis Chauzy : "La France est la seule à discuter son renouvellement et négocier encore la loi sur la transition énergétique." D’autant que de cet arbitrage dépend le plan de relance. Un plan qui prévoit deux milliards d’euros dont la moitié en direction de l’Occitanie. "On est tributaire de l’arbitrage, on ne va pas actionner ce plan si c’est pour servir les pays étrangers, mais l’argent a été approvisionné. Il faut dire oui au plan de relance."

Dire oui au plan de relance et donc non à la mise en concurrence, ce fut aussi le mot d’ordre de la centaine de salariés EDF à Rodez mardi dernier en s’opposant au plan Hercule d’EDF qui prévoit un démantèlement du groupe énergétique en trois secteurs avec l’ouverture aux investisseurs privés concernant le distributeur Enedis et l’énergie verte à l’exception de l’hydroélectricité. "Dans la mesure où nous avons un service de grande qualité avec des compétences reconnues, pourquoi ouvrir à la concurrence ? La plaisanterie a assez duré", conclut le président du Ceser, appuyant ainsi salariés et syndicats.

 

"La plaisanterie a assez duré. J’ai regretté quand Nicolas Hulot a mis en concurrence sans consulter EDF et les élus, il faut sortir par le haut. Nous ne sommes pas obligés de nous faire tout piller. On s’est trompé avec l’aéroport de Toulouse, on ne va pas recommencer ici. Il faut dire non à l’ouverture à la concurrence.

En chiffres

  • 2000, acception cette année-là par le gouvernement d’ouvrir le système public d’énergie à la concurrence.
  • 2014, le droit communautaire et la loi française conduisent mécaniquement à une mise en concurrence des concessions hydrauliques d’une puissance de plus de 4,5 MW.
  • 1, la France est aujourd’hui le seul pays d’Europe a négocié encore la mise en concurrence des barrages hydrauliques. Les 26 autres pays européens ont refusé.
  • 4 000 MW sont exploités en Occitanie par EDF.
  • 2 milliards d’euros sont prévus dans le plan de relance dont la moitié pour l’Occitanie.
  • 800 000 € de ce milliard d’euros seraient versés pour les barrages du Nord-Aveyron.
  • 800 emplois EDF en Occitanie.
  • 10 % de l’électricité en France est produite par l’hydroélectricité.
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