Vers Colombiès, la série Mona & Lisa, une recette à déguster sans modération

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  • Jane, Nathalie et Isabelle, à l’origine de cette « aventure vidéo ».
    Jane, Nathalie et Isabelle, à l’origine de cette « aventure vidéo ». Repro CP
Publié le
Hélène Lecarme

C’est un phénomène qui se répand comme une traînée de poudre. Normal, il est fort sympathique. Créée par un trio de choc qui propose de mettre à distance le quotidien et d’en rire, la série « Mona & Lisa », composée de films de 3 minutes, offre humour et poésie bienvenus en ces temps compliqués.
 

Créer en temps de crise, est-ce possible ? Oui, et le trio à l’origine de la série Mona & Lisa le prouve avec brio ! Vous voyez la photo du tournage, dans cette grande cuisine aveyronnaise à l’ancienne où chauffe un poêle à bois ? Eh bien, c’est le studio de ces dames. Si les conditions restent rustiques, la réalisation des vidéos est techniquement d’une qualité toute professionnelle.

Mettre les bouchées doubles

À l’origine du projet, des amies dont le quotidien, comme celui de beaucoup d’entre nous, a été bouleversé par la crise sanitaire. Pour Jane, ses chambres d’hôtes aux volets bleu gris, au cœur du village de Combrouze - commune de Colombiès - et sa Table à rallonges sont en pause sanitaire longue. Nathalie, qui gagne sa croûte en jonglant avec organisation de spectacles et mise en place d’expositions, se morfond dans un travail devenu purement administratif, et craint de rester en carafe en cette période longue comme un jour sans pain. Quant à Isabelle, réalisatrice et vidéaste qui s’est mise au vert, elle a vu fondre ses contrats comme beurre au soleil et en a gros sur la patate.
Que faire pour ne pas se sentir inutiles, pour être actives, participer à la vie publique, mettre leur grain de sel ? Car impossible d’imaginer ces trois bavardes si sociables rester sur leur faim en se croisant les doigts : après avoir pédalé dans la choucroute durant plusieurs semaines, trouvant ubuesque la lecture de la somme de consignes et décrets régissant notre quotidien, constatant qu’elles n’étaient pas sorties de l’auberge, elles ont mis les bouchées doubles, jusqu’à en avoir la tête comme une citrouille.
Comment sortir de l’absurdité ambiante ? Elles en ont écrit, des tartines, et n’y sont pas allées avec le dos de la cuillère. C’est ainsi qu’est née l’idée de la série.

Créer une série, ce n’est pas de la tarte !

Raconter des salades sans que ça tourne au vinaigre, faire son miel de ce qui nous gâche la vie depuis un an, et, cerise sur le gâteau, faire rire, le tout sans un radis ? Un vrai défi !
Mona et Lisa, personnages de la série, la cinquantaine, simples et pragmatiques, mettent les pieds dans le plat. L’idée de chaque épisode est bête comme chou : jouant sur la réalité de gestes du quotidien imposés par une crise sans précédent, Mona et Lisa, se moquant des conventions, créent un univers poétique. Elles nous rappellent la beauté des choses simples, et nous laissent le soin de donner du sens à ce que nous vivons tous depuis près d’un an : la réalité suffit à nous projeter dans l’absurde. Tout le monde se retrouve dans ces femmes d’âge mûr qui réagissent avec bonne humeur aux contraintes. Fond et forme visent la simplicité : images magnifiques, plans très soignés (mémorable gros plan sur les rondeurs d’une Mona coupant la pelouse aux ciseaux à barbe !), montage aux petits oignons, musique toujours au diapason du propos, tout concourt à aller à l’essentiel en cultivant l’art du futile dans un univers onirique.
« Les scènes se passent à la campagne. Elles dépeignent l’absurdité des mesures sanitaires pensées particulièrement pour les grandes villes et souvent inadaptées au monde rural. Ça permet également d’amener un regard tendre et poétique, plus proche de nos réalités, de plonger dans un univers beau, un peu suranné, hors du temps… Aborder les sujets au premier degré laisse au spectateur son sens critique et son libre arbitre. Il faut déclarer la guerre au virus ? OK ! Porter un masque et se tenir à distance, quitte à ne pas se comprendre ? Bon… Laver ses courses au retour du marché ? Lavons ! »
Une semaine de travail - ponctuée de mémorables rigolades - est nécessaire à la réalisation de chaque épisode : écriture, découpage technique, recherche d’accessoires, répétitions, tournage (6 plans à tourner en moyenne), montage, mise en ligne sur You tube…

Avoir du pain sur la planche

La mayonnaise a pris ! Le premier épisode a été mis en ligne le 27 décembre et la petite équipe n’a pas bossé pour des prunes. On n’en fait qu’une bouchée, de ces tranches de vie. Elles passent crème, les 3 minutes, et on boit du petit-lait. La consécration, c’est Nathalie accueillie par un « ça va, Mona ? », dans un magasin de Rieupeyroux.
Le trio va devoir appuyer sur le champignon ! On ne sait pas si la série Mona & Lisa mettra du beurre dans les épinards de leurs créatrices, ou mieux, fera bouillir la marmite, mais déjà, elle nous régale : la série doit comporter encore un bon nombre d’épisodes, qui vont nous aider à avoir la pêche en ce début d’année. Prenons-en de la graine.


 

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