Aveyron : le cri d’alerte de l’ADMR, en manque de salariés

  • Les responsables de l’ADMR s’inquiètent de la situation.
    Les responsables de l’ADMR s’inquiètent de la situation. GR
Publié le
Guilhem Richaud

La fédération aveyronnaise des associations d’aide à domicile réclame que la profession soit revalorisée.

La colère commence à monter. Et le personnel comme les dirigeants de l’ADMR de l’Aveyron finissent par se demander s’ils ne sont pas en train de se faire balader. Au sortir d’une année particulièrement compliquée pour les différentes associations d’aide à domicile, tant en Aveyron que sur la totalité du pays, elles montent désormais au créneau pour que le gouvernement prenne conscience de la situation et alerter l’opinion. "La situation du secteur de l’aide à domicile est dramatique tant dans le département que sur l’ensemble du pays, assure Nicole Cristofari, présidente de l’ADMR de l’Aveyron. On espérait beaucoup de la loi grand âge et autonomie qui devait être votée l’année dernière et qui a été reportée. C’est une décision incompréhensible vu l’urgence de la situation."

Un point d’indice inférieur au Smic

Parce que les études montent que désormais 80 % des personnes âgées souhaitent rester à leur domicile, – une problématique majeure en Aveyron –, et que la demande pour accompagner ces personnes en situation de dépendance est de plus en plus importante. " Face à cette demande, nous n’avons pas les réponses ", alerte la présidente de la fédération départementale, qui met le doigt sur le nœud problème : les associations n’arrivent pas à recruter car les salaires, fixés par la grille nationale, qui dépend de l’État, ne sont pas assez élevés. Et c’est sur cette base que viennent les subventions des donneurs d’ordre (principalement des départements) qui permettent aux associations de payer leur personnel. Résultat, pour l’Aveyron, l’ADMR estime qu’il manque au moins 60 équivalents temps plein pour répondre correctement à la demande. Si la situation est compliquée, c’est bien que les salaires sont trop faibles. " Pour certains, on a un point d’indice en dessous du Smic, détaille Laure Pradeilles, la directrice de l’ADMR12. Au vu de la situation on leur demande d’être de plus en plus qualifiés. Il y a eu une professionnalisation importante qui n’a pas été revalorisée. "

Parce que s’il y a eu une légère évolution du point d’indice récemment, elle n’a bénéficié qu’à très peu de salariés car celui-ci reste en dessous du Smic et que les associations payent déjà la différence puisqu’on ne peut pas payer un salarié en dessous du tarif horaire minimum en France. " Ces salariés ne sont pas payés à la hauteur de leur mission et de ce qu’ils apportent, insiste Nicole Cristofari. Ces métiers doivent être revalorisés. "

En Aveyron, avec la spécificité d’un département très rural, le recrutement est encore plus difficile qu’ailleurs. " On a des endroits très reculés où, pour assurer correctement le service, il est nécessaire d’avoir des emplois de proximité, analyse Gilbert Vigneron, vice-président de l’association. Ce n’est pas avec des salaires pareil que les personnes seront prêtes à déménager."L’ADMR ainsi que les trois autres fédérations du secteur associatif de l’aide, de l’accompagnement et des soins à domicile ont lancé une campagne de communication au niveau national pour faire pression sur le gouvernement et les parlementaires. Ils demandent une refonte totale de la grille des salaires et des métiers.

Le chiffre

1 429

C’était le nombre de salariés employés, au 31 décembre 2019, par les différentes associations qui composent la fédération des ADMR de l’Aveyron. Le chiffre de l’année 2020 n’a pas encore été consolidé, mais les dirigeants estiment qu’il a légèrement diminué, à cause notamment des difficultés de recrutement. Souvent par choix, beaucoup de ces employés ne sont pas à plein temps et ils représentent, en tout, 878 équivalents temps plein. L’ADMR estime pour remplir à bien sa mission de service public il lui faudrait embaucher 60 ETP supplémentaires. Mais elle a beaucoup de mal à recruter.

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