Escrime : Alexandre Bardenet (Rodez) vise deux médailles aux JO !

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  • "Il faudra que l’on soit un bloc dans la compétition par équipes, pour marcher sur nos adversaires."
    "Il faudra que l’on soit un bloc dans la compétition par équipes, pour marcher sur nos adversaires." DR FFE - Reproduction Centre Presse
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R.G.

Alexandre Bardenet (30 ans), l’épéiste licencié à l’Escrime Rodez Aveyron, a été sélectionné pour les JO de Tokyo, au Japon, cet été, en individuel et par équipes, aux côtés de Yannick Borel Daniel Jérent, ex-Ruthénois, et Romain Cannone (par équipes). Un rendez-vous qu’il attend avec impatience. Entretien.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre sélection ?

C’est une bonne nouvelle mais pour ne rien cacher, je l’espérais grandement. Je suis très soulagé que la liste soit arrêtée, la décision officialisée, car ça me permet de véritablement me projeter vers les JO dans les deux tableaux et de me mettre dans une configuration de préparation. S’il y a bien une chose que je ne veux pas, c’est subir les Jeux, leur pression, l’événement. Je veux faire ma compétition et me donner toutes les chances de faire un bon résultat en individuel, avec une médaille, et d’aller décrocher l’or avec les copains. Je suis très fier de participer à mes premiers Jeux olympiques et maintenant, on va mettre en place tout ce qui est nécessaire, en corrigeant ce qui n’a pas fonctionné à Kazan, pour ne pas reproduire les erreurs.

Vous avez effectivement été éliminé en trente-deuxièmes de finale lors de cette manche de Coupe du monde en Russie, fin mars. Que s’est-il passé ?

Là-bas, je me suis plus concentré sur les autres que sur moi, mais ça, c’est terminé. On avait un gros travail de communication à faire avec le staff pour voir quelles étaient les attentes des tireurs qui allaient participer aux JO et aujourd’hui, je pense qu’on est dans une meilleure dynamique qu’à Kazan ; on est plus soudés. On a la certitude que les Jeux auront lieu et avec Yannick (Borel, NDLR) et Daniel (Jérent), on a deux personnes qui connaissent la recette pour gagner (tous deux ont décroché le titre olympique par équipes lors des Jeux de 2016). Il faut se servir de leur expérience et arriver là-bas en formant un bloc, un bulldozer pour arracher tous les adversaires qui seront sur notre passage. On est tous sur la même longueur d’onde, ce qui est très bien.

Quels vont être les grands axes de votre préparation ?

Je pense que physiquement, il faudra que je sois encore meilleur que ce que j’ai été. Le physique est un de mes points forts mais je dois peut-être aller encore plus loin dans le dépassement de soi. Je sais que je peux le faire lors de certaines séances qui peuvent être très dures. Dans un premier temps, ce sera ça, faire des bases solides et sortir de ma zone de confort. J’avais beaucoup travaillé physiquement l’an dernier mais le problème est qu’en ne pouvant pas appliquer en compétition ce qu’on fait à l’entraînement, on se retrouve en décalage, et à ce titre, j’ai pris un bon coup de pied au cul à Kazan. Dans un deuxième temps, il faudra que je fasse un gros travail mental avec mon préparateur, pour me concentrer sur moi, être dans le présent, ne pas penser aux JO chaque jour ; travailler sur mes forces et pas forcément sur mes faiblesses, en ne cherchant pas à être quelqu’un d’autre. D’un point de vue plus général, il faudra que l’on implique tout le monde dans le projet, même ceux qui ne vont pas aux Jeux ; les inspirer en leur disant "OK, c’est nous qui y allons mais ça pourrait être vous et si un jour les rôles changent, on sera là pour vous, alors soyez là pour nous". Le but est qu’ils nous mettent dans des situations très inconfortables pour nous pousser à exprimer ce génie que l’escrime française peut avoir, car quand elle est en feu, les autres équipes tremblent.

La clé sur le plan mental ne réside-t-elle pas dans la capacité à ne pas "disputer les JO avant les JO" ?

Si, il ne faut pas se faire la compétition dans la tête avant, ne pas se projeter sur un tableau, un adversaire. Il faut y aller pas à pas. Le socle, c’est travailler dur, s’entraîner dur pour être le mieux préparé pour cet événement. Il faut savoir que les Jeux olympiques ne sont pas la compétition la plus dure sur le plan de l’escrime : il y a moins de tireurs, davantage de petites nations, moins d’Européens, ce qui fait que le niveau est moins élevé que lors d’une Coupe du monde. En revanche, mentalement, c’est la plus dure et de loin car il ne faut pas subir les événements. Celui qui décrochera la médaille d’or sera très fort sur le plan de l’escrime, comme tous les participants, du reste, mais ce sera surtout le mieux préparé.

Le contexte lié à la pandémie, avec toutes les incertitudes qui demeurent, n’est-il pas trop pesant ?

Les Jeux auront lieu, c’est clair et net, mais je pense qu’il y a encore beaucoup de choses qui sont en réflexion du côté des instances, notamment par rapport à la vaccination, qui, je pense, sera obligatoire pour pouvoir aller à Tokyo. Après, on a eu un petit avant-goût à Kazan. C’était troublant d’être enfermé, ce n’était clairement pas la même chose que d’habitude, mais pour moi, ce n’est pas le plus inquiétant. Ce qui l’est, c’est d’avoir un staff incomplet à cause de la Covid étant donné que le nombre de personnes présentes sur place devra peut-être être restreint. Je me pose surtout des questions par rapport à ça car il est possible que l’on se retrouve sur certains assauts avec trois Français en train de tirer ensemble mais un seul entraîneur, ce qui est peu. Après, les Jeux sont un moment incroyable dans la carrière d’un sportif donc je veux en profiter, sans les subir, comme je l’ai dit, et il faudra faire preuve d’un certain détachement par rapport au contexte sanitaire. On a vu à Kazan comment ça s’est passé, il n’y a rien d’insurmontable et je suis certain qu’à Tokyo, tout sera très bien géré.

Préparation en vue.
Préparation en vue. DR

Préparation : du travail physique avant plusieurs stages

Avec la communication de la sélection, la saison d’Alexandre Bardenet et de ses partenaires de l’équipe de France est entrée dans une nouvelle phase.
« Là, on planifie les choses et on fait pas mal de travail physique ; peut-être un peu trop à mon goût car j’aimerais faire davantage d’escrime, mais c’est très personnel, confie le champion du monde par équipes 2019. On va ensuite partir sur des blocs d’escrime très denses et essayer de beaucoup échanger avec le staff, qui connaît nos attentes. Chaque mois s’achèvera par un stage en France, à des endroits où le contexte sanitaire le permettra. Il y en a un prévu à Aix et un autre à Dax, déjà. Ce sera l’occasion de sortir encore plus de notre zone de confort mais aussi de l’Insep (institut national du sport et de la performance, NDLR), pour pouvoir beaucoup tirer mais également faire d’autres activités, pour la cohésion du groupe et conserver de la fraîcheur mentale. »
Et le champion d’Europe des clubs avec l’ERA en 2016 de poursuivre : « Après, ce sera le moment du départ dans notre base avancée dans le sud du Japon, pour un stage terminal. C’est ce que l’on fait généralement avant les championnats du monde, avec les athlètes des six armes, uniquement les sélectionnés et remplaçants. Il s’agira d’effectuer les derniers réglages, de s’habituer au pays, au climat, au décalage horaire… On fera beaucoup moins d’escrime sur le plan du volume ; en revanche, en qualitatif, on sera proches de 100 %, voire de 120 %, pour être prêts le 25 juillet en individuel et le 30 par équipes ».

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