Belmont-sur-Rance : Henri Molliné, tailleur de pierre le jour, inventeur de jeux de société la nuit

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  • Henri Molliné est à l’origine de plusieurs jeux à succès, dont certains trouveront sans doute toute leur place sous le sapin dans quelques jours.
    Henri Molliné est à l’origine de plusieurs jeux à succès, dont certains trouveront sans doute toute leur place sous le sapin dans quelques jours. Repro CPA
Publié le , mis à jour
Guilhem Richaud

Jeux, jouets ou objets décoratifs en bois sont de toutes les générations et traversent les époques sans rien perdre de leurs éclats. À quelques jours de poser des surprises sous les sapins, Centre Presse a rencontré des artisans et autres « artistes » passionnés par le travail du bois, dans leur atelier ou au détour d’un marché. Une alternative aux écrans qui, visiblement, ne laisse pas de marbre petits et grands.

Dans sa maison de Belmont-sur-Rance, il a aménagé, sur la mezzanine, un espace dédié. Certains ont une bibliothèque recelant des centaines de livres. Chez Henri Molliné, ce sont les jeux de société qui s’exposent en nombre. Il en a beaucoup, pour tous les goûts. Des classiques, mais aussi quelques raretés, pour un public initié. Il faut dire que pour lui, le domaine n’a plus vraiment de secret. Il est à l’origine de plusieurs jeux à succès, dont certains trouveront sans doute toute leur place sous le sapin dans quelques jours. Ce sera sans doute le cas de « Pharaon », un jeu de gestion de ressources et placement d’ouvriers sur le thème de l’Égypte ancienne, qui s’est vendu à près de 20 000 exemplaires, une véritable performance dans ce domaine, et dont l’éditeur a décidé, cette année, d’y ajouter une extension. Une consécration pour le Belmontais, qui est tombé dans les jeux de société petit, avec les classiques, comme beaucoup, avant de décider un jour de se lancer lui-même dans la création il y a une vingtaine d’années.

« Je ne trouvais pas ce que je voulais, raconte-t-il. J’adorais la Formule 1 et je n’ai jamais trouvé un jeu qui me convenait. » Il tente alors d’en créer un. Mais ça n’aboutit pas. Le concept est resté dans un carton et 20 ans plus tard, Henri Molliné, ou Henri Pym, son nom d’auteur, ne désespère pas de le ressortir un jour ou l’autre. Mais si cette première tentative n’a pas abouti, celui qui est tailleur de pierre dans sa « vraie » vie - les auteurs ne sont que très peu à en vivre en France -, n’a pas désespéré. Passionné, il baigne en permanence dans le jeu de société.

Le Ministère des affaires ludiques

Avec un groupe d’amis, il a créé le Ministère des affaires ludiques, qui anime des soirées dédiée dans le Sud-Aveyron, ainsi qu’un festival annuel à Saint-Affrique. Surtout, il se rend régulièrement sur différents salons spécifiques comme celui de Cannes, ou celui de Parthenay. C’est d’ailleurs lors d’un déplacement dans les Deux-Sèvres qu’il a pu sauter le pas et se lancer réellement dans la création. « La première fois que j’y suis allé, j’ai rencontré un éditeur qui m’a dit qu’il cherchait un concept de jeu reposant sur un univers postapocalyptique, se souvient-il. J’y ai travaillé toute l’année et j’y suis revenu lors de l’édition suivante avec « Gang rush ». Je n’ai pas revu l’éditeur, mais un autre s’est positionné. C’est comme ça que j’ai commencé à développer des jeux chez Ankama. »

Dans la foulée, il enchaîne avec « Monster Slaughter », un jeu à figurines, que la maison d’édition propose en financement participatif. Elle lève 400 000 € et c’est le premier gros succès de l’auteur. Il enchaîne ensuite avec « Dino Party », plutôt pour les enfants, puis Stellium, le fruit d’une rencontre avec des auteurs qui cherchaient quelqu’un pour les aider à développer leur concept. Et enfin donc « Pharaon », édité cette fois par Catch Up Games. Une série de succès qui a de quoi rendre fier l’Aveyronnais, qui s’est fait un nom, pour sa capacité à s’adresser à tous les publics.

Lui, passionné de « gros jeux », pour les spécialistes, a bien compris qu’il fallait parfois tenter de rester accessible au plus grand nombre. C’est aussi ce qui le guide dans la réflexion dans ses projets en cours. « Je travaille sur un prototype à base de rébus que j’aimerais présenter à Parthenay l’année prochaine. Je suis également avec un collègue sur un concept autour du commerce et de la navigation à l’époque des Vikings. » Une activité qui le passionne et à laquelle il s’astreint, sur son temps libre, avec une grande régularité. Et dès qu’il sera prêt, il espère bien convaincre les éditeurs de travailler ainsi avec lui et d’allonger ainsi la liste de ses créations. À ce moment-là, il faudra sans doute alors rajouter une étagère dans la ludothèque.

 

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