Jean-Baptiste Bancarel, l’homme qui fait boire du vin de Marcillac aux Canadiens

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  • Avec sa compagne originaire de Vancouver, Jean-Baptiste Bancarel partage sa passion pour le vignoble français.@JPB
    Avec sa compagne originaire de Vancouver, Jean-Baptiste Bancarel partage sa passion pour le vignoble français.@JPB
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Aurélien Delbouis

Ingénieur agronome formé à l’école de Purpan à Toulouse, le Ruthénois Jean-Baptiste Bancarel vient de fonder, à Toronto, la société Les Grappes. Son rôle : ouvrir ce marché outre-Atlantique aux viticulteurs français qui cherchent à se faire une place au soleil en Ontario, province voisine de Québec qui n’est autre que le premier importateur et acheteur de vins français au monde. Un défi de taille pour ce professionnel éclairé de la viticulture mondiale. Rencontre.

L’émotion de ses premières vendanges, chez son grand-père, en famille, sur les coteaux de Millau, se rappelle à lui régulièrement. Vingt ans plus tard, Jean-Baptiste Bancarel a fait de ces bribes de souvenir un métier. Un métier tiré d’une passion pour la viticulture qu’il a pris soin de laisser maturer avant d’en tirer le meilleur.

Ruthénois pur jus, élevé dans les rangs de l’école d’ingénieur de Purpan, le trentenaire est aujourd’hui agent de vignerons à Toronto, Canada. Son rôle : faire connaître les jolis flacons français et leurs producteurs au pays du houblon roi.

"Tous les étudiants de l’école d’ingénieur de Purpan en sortent avec un diplôme identique mais ce sont les rencontres et les stages qui déterminent la suite, reconnaît l’alumni toulousain qui, depuis ses premières vendanges, a toujours assumé son penchant marqué pour la vigne et les viticulteurs.

"En première année, j’ai eu la chance de partir en Champagne, à Épernay, sur la côte des blancs. J’ai rapidement accroché, rembobine Jean-Baptiste. Je suis ensuite parti en Nouvelle-Zélande chez un passionné. Dans la cave coopérative de Marcillac en troisième année puis en Bourgogne : au domaine des Deux Roches."

Au fil des rencontres, le jeune homme se construit un palais et une conviction : il sera agent. Son rôle : faire connaître ses vignerons et leur ouvrir un marché outre-Atlantique. Car pour le jeune homme, pas question d’exercer en France. Trop convenu.

"J’avais vraiment à cœur de voir autre chose, de changer d’air, de partir dans un pays anglophone pour compléter mon cursus avec une expérience internationale."

Fraîchement diplômé, il décolle pour le Canada, la province de l’Ontario, sa capitale, Toronto. Encore stagiaire, sa mission consiste, déjà, à développer la vente de vins dans la province. Un baptême du feu remarquablement vif dans la métropole de 8 millions d’habitants.

"J’ai tâtonné au début dans une ville immense. Mais présenter des vins à des restaurateurs qui n’ont pas spécialement le temps de vous recevoir reste une expérience très formatrice, s’amuse aujourd’hui Jean-Baptiste qui vient, cinq ans plus tard, de créer sa propre structure commerciale : Les Grappes.

"Après cinq ans au Canada, j’avais envie de me lancer. Il s’avère que je me suis lancé pile avant le début de la pandémie de Covid. Mais y a-t-il un bon moment pour se lancer ?" Depuis Toronto, il présente à des professionnels de la restauration en particulier, quelques-unes des appellations et des domaines qu’il a pris le temps de visiter pendant ses vacances en France.

À sa carte, une cinquantaine de références. "Des vins de Loire, de Bourgogne, du Languedoc et même du Marcillac (!). "Ma philosophie consiste à présenter des vins en bio, biodynamie, respectueux de l’environnement. Des vins issus de petits domaines familiaux et donc difficiles à trouver en Ontario."

Des vins français qui retrouvent l’intérêt des palais canadiens. "Historiquement, Québec est le premier importateur et acheteur de vins français au monde, indique Jean-Baptiste. Mais en Ontario, la situation est bien plus concurrentielle, avec une forte place des vins du Nouveau Monde, de l’Italie, des États-Unis." Un palmarès de cépages et d’appellations "funky" que notre agent compte bien contester. "Il faut prendre des risques, partir un peu a l’aventure. C’est comme ça que l’on se forge un caractère."

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