Élection présidentielle : sur le Lévézou, la droite tourne le dos à Pécresse

  • À Alrance, Emmanuel Macron a fait 36,74 % contre 23,31 en 2017.
    À Alrance, Emmanuel Macron a fait 36,74 % contre 23,31 en 2017. Centre Presse
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Sur l’un des bastions de la droite aveyronnaise, les électeurs ont largement préféré Macron à Pécresse. Ce qui n’avait pas été le cas avec Fillon en 2017.

Le bastion a longtemps semblé imperdable pour la droite. Même en 2012, quand Nicolas Sarkozy avait été défait par François Hollande, même en 2017, quand Emmanuel Macron avait éliminé François Fillon, le candidat de la "droite traditionnelle", qu’il porte l’étiquette de l’UMP (en 2012) ou LR (en 2017), avait été largement plébiscité au premier tour sur le Lévézou.

L’Aveyron est une terre de droite, et le Lévézou, jusque-là, n’avait jamais dérogé à la règle. Mais cette fois les électeurs ont bien changé d’avis. Que ce soit à Alrance, à Villefranche-de-Panat où à Salles-Curan, comme partout dans l’Aveyron (et en France), les électeurs ont renié la candidate des Républicains. "Elle n’a pas fait de campagne, souffle Henri, désolé. Même ses soutiens locaux ne se sont pas impliqués. Pourtant, ici, sur le Lévézou, il y en a."

"Ça ne sert à rien de la soutenir…"

Pierre, lui, à Salles-Curan, fait le même constat. Il avait décidé depuis plusieurs semaines de ne pas voter pour les Républicains. "Les sondages ont montré qu’elle était loin, constate-t-il. Ça ne sert à rien de la soutenir…" Lui a fait un choix assumé : "J’ai voté pour Marine Le Pen, elle a montré qu’elle était capable de diriger la France."

Il est le seul des électeurs rencontrés à la sortie des trois bureaux de vote à assumer pleinement ce choix. Mais d’autres l’ont imité. Cependant, le report de voix le plus évident des électeurs LR a bien eu lieu vers le président sortant. Contrairement à 2017, Emmanuel Macron, arrive en tête dans les trois communes du Lévézou (36,74 à Alrance contre 23,31 % en 2017, 36,83 % à Salles-Curan contre 23,32 % en 2017, 33 % à Villefranche-de-Panat contre 26,77 en 2017). "Je me retrouve dans sa politique, assure Marie, tout juste retraitée, croisée sur le chemin du bureau de vote d’Alrance. Je n’ai pas de raison de voter contre lui. Macron aujourd’hui, c’est le Sarkozy d’hier." À Villefranche-de-Panat, Paul, lui, est tout aussi pragmatique : "C’est comme pour Carole Delga aux régionales, assure-t-il. Elle a fait du bon travail, alors on a voté pour elle. Là, Macron a fait du bon boulot, il n’y a pas de raison de ne pas le reconduire."

Voilà comment LR perd, pour la deuxième fois de suite (après les régionales) un scrutin en Aveyron. Une véritable claque similaire au schéma national qui ouvre la porte a plein d’interrogations sur l’avenir d’un parti désormais en souffrance. Et qui va forcément faire réfléchir les trois candidats déjà investis pour les prochaines législatives.