CARTE. Législatives : la Nupes et la coalition présidentielle au coude à coude avant le face-à-face

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  • La Nupes sera certainement la première force d’opposition.
    La Nupes sera certainement la première force d’opposition. Repro Centre Presse - DR
Publié le , mis à jour
Vincent Coste

Même si les projections en sièges donnent une assez large avance au camp du chef de l’État, une majorité absolue n’est pas garantie pour Emmanuel Macron.

Si l’on considère les élections législatives comme une sorte de troisième tour post-présidentielle, celui-ci pourrait s’avérer particulièrement décisif. Car à l’issue d’une campagne atone, où les thématiques de la sécurité et de l’économie auront dominé les débats, un nouveau duel se dessine dans le paysage politique, entre majorité présidentielle et union de la gauche.

La difficile quête d’Ensemble !

Le président de la République disposera-t-il d’une majorité à l’Assemblée nationale ? Cette question, qui porte en elle l’enjeu principal de ce scrutin, est loin d‘être tranchée ce lundi matin. Car les projections en sièges donnaient une avance relativement confortable à la coalition présidentielle dimanche soir, mais sans lui garantir d’atteindre cet objectif. Et même si les candidats réunis sous la bannière Ensemble ! y parvenaient, cette majorité absolue (le seuil est fixé à 289 sièges) s’avérerait bien mince.

En cas de simple majorité relative, le chef de l’État se retrouverait dans la situation d’un autre Président réélu, François Mitterrand en 1988. Pas sûr qu’il en ait rêvé. Comme il n’avait pas forcément envisagé de dévisser de sept points par rapport à son score de 2017.

La consécration de la stratégie Mélechon

Au coude à coude à l’issue de ce premier tour des législatives, la majorité présidentielle et l’union de la gauche élaborée par Jean-Luc Mélenchon se retrouveront le plus souvent face à face dimanche prochain.

Ce qui représente déjà une double victoire pour le leader de La France insoumise. Troisième de la dernière présidentielle, non-candidat aux législatives, il avait remporté un premier succès majeur en ralliant à son mouvement le PS, le PC, et EELV, ce qui n’était déjà pas rien. Les résultats de ce dimanche consacrent sa stratégie.

Reste un paradoxe : les mêmes partis, désunis, affichaient un total de 24,69 % des voix aux législatives de 2017, résultat peu ou prou équivalent à celui de ce dimanche. Et la somme des scores enregistrés par les mêmes formations en 2012 s’élevait alors à 41,72 %.
Ce qui dit aussi quelque chose de l’état (et de l’étiage) de la gauche dans ce paysage politique recomposé. Enfin, la Nupes se voit proposer un défi de taille à l’occasion de cet entre-deux tours : dans quelles réserves de voix puiser pour ses candidats challengers de ceux de la majorité présidentielle ? (lire ci-dessous).

Les partis en souffrance ou au top

Le poncif du verre à moitié vide, ou à moitié plein selon la manière dont on l’observe peut être resservi au regard de la soirée électorale vécue dimanche soir au RN. Avec un score autour de 20 %, le RN améliore de sept points son résultat des législatives 2017. Le parti de Marine Le Pen, qui décroche aussi sévèrement que régulièrement après une présidentielle a donc réussi cette fois à enrayer cette chute traditionnelle. Ils pourront même vraisemblablement compter sur un groupe parlementaire au Palais-Bourbon.

Mais il y aura forcément une forme de déception dans ses rangs si, in fine, le RN ne compte pas plus qu’une grosse trentaine ou une petite quarantaine de députés. La faute au mode de scrutin, certes, et, tout aussi sûrement, aux alliances impossibles à nouer.
Enfin, subsiste ce gros motif de satisfaction : la stratégie d’éradication de Reconquête ! a fonctionné au-delà même de ceux qui l’ont fomentée.

Les Républicains dévissent encore

Les Républicains pourraient devenir la troisième force en présence à l’Assemblée nationale, et, partant, le deuxième groupe d’opposition, avec un nombre de sièges oscillant entre 40 et 60. Donc, dans le meilleur des cas pour eux, LR et ses alliés perdraient au moins la moitié de leurs effectifs actuels.

Dans cette hypothèse, il s’agirait d’un moindre mal pour la droite républicaine, ce qui dit quand même quelque chose de son délitement, déjà marqué par son absence au deuxième tour des deux dernières élections présidentielles (avec Valérie Pécresse à moins de 5 % cette année…), ou par un échec cinglant aux européennes de 2019.

Comme au Parti socialiste, l’autre ex-grand parti de gouvernement de ce dernier demi-siècle avant l’irruption d’Emmanuel Macron sur la scène politique, une page va bientôt se tourner chez Les Républicains, un nouveau livre s’écrire.

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