Aveyron : passionné d'armes et adepte de "bushcraft", il est condamné à six mois de prison

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  • Il devra porter un bracelet électronique durant les six prochains mois.
    Il devra porter un bracelet électronique durant les six prochains mois. - Illustration CP
Publié le , mis à jour

Installé à Camjac, il perpétrait des violences et avait une "forte emprise" sur sa compagne. 

L'histoire d'amour n'avait pas vraiment débuté sous les meilleurs auspices. Elle était tout juste âgée de 16 ans, lui venait de fêter ses 33 ans. Elle vivait à Camjac, lui souhaitait quitter Marseille au plus vite après y avoir subi un guet-apens et divers actes de barbarie selon ses dires...

Direction l'Aveyron donc pour un début d'idylle "dans la rue". Ou plutôt sous une tente dans un champ situé dans le petit village d'où est originaire la jeune femme. Rapidement, elle tombe enceinte. Après sept mois de grossesse, ils trouvent enfin un toit. À Camjac toujours. Tout se passe plutôt bien, même si "la famille de ma conjointe ne m'a jamais acceptée", raconte-t-il ce mercredi devant le tribunal de Rodez, évoquant la différence d'âge mais également un certain racisme.

 Qu'importe, le trentenaire trouve son bonheur dans la nature. Il passe des heures dans les bois, tourne des vidéos dans lesquelles il s'exhibe aux côtés de ses chevaux et explique, façon tutoriels, comment traquer les animaux avec diverses armes blanches : arc à poulie, katana, hache... On le dit "survivaliste", il préfère se dire adepte de "bushcraft", sorte d'art de vivre de façon la plus minimaliste et autonome dans la nature.

Puis, vient un deuxième enfant. L'entente dans le couple se gâte. Durant la période de confinement, les services de protection de l'enfance alertent le procureur : depuis des mois, l'école ne voit plus la maman et un témoignage anonyme fait état de violences conjugales. Entendue par la gendarmerie de Naucelle, celle-ci niera tout dans un premier temps. Avant de se livrer. Et de décrire un quotidien sous emprise. 

Privée de téléphone, d'internet, de sorties...

Depuis des années, elle dit subir des violences. Verbales d'abord puis physiques : un jour, tout a failli dégénérer explique-t-elle, racontant une scène durant laquelle elle s'est retrouvée contre un mur, un sabre sous la gorge. "Je me suis blessée à la main pour éviter qu'il ne m'égorge", souffle-t-elle.

Outre cette scène, la jeune femme dit ne plus avoir accès à son téléphone portable, à internet, ne plus pouvoir sortir du domicile conjugal, ne plus s'habiller comme elle l'entend. Les tickets de caisse des courses de la jeune femme sont étudiés à la lettre également. Le tableau est peu reluisant. Les enquêteurs découvriront également la présence d'une alarme et d'un système de surveillance vidéo au domicile.

"Je ne suis pas un monstre"

Devant le tribunal, ce mercredi, le prévenu reconnaît seulement "deux gifles". Le reste ? "C'est faux, je ne suis pas un monstre ! Je ne comprends pas pourquoi elle a raconté tout cela. On s'embrouillait mais elle faisait son petit train-train, son petit ménage, allaitait les enfants... J'ai tout fait pour elle, je l'ai sorti de ses mauvaises fréquentations, je suis resté ici pour qu'elle soit bien. J'ai toujours été passionné par les armes et je n'ai jamais fait de mal à personne. L'alarme, la caméra, c'est parce que je suis traumatisé par ce qu'il m'est arrivé à Marseille. Depuis, je vis dans la peur", explique-t-il, avant de livrer de nombreuses explications aux accusations prodiguées par sa compagne. "Je regrette qu'elle ne soit pas là pour confronter les versions", affirme son conseil, Me Bruce Flavier.

Pour son confrère Me Arnaud Cagnac, à la défense des intérêts de la jeune femme, "si on l'écoute, il n'a rien fait ! C'est un homme égocentrique qui n'utilise que le "je" pour parler. Ma cliente était simplement là pour faire des enfants, s'en occuper et la fermer". Un avis partagé par le ministère public et Emilie Passier. Lors de ses réquisitions, celle-ci a rappelé que l'expertise psychiatrique du prévenu avait révélé un "caractère dangereux". Et qu'il n'y avait "pas de traces dans les fichiers de la justice de l'agression subie à Marseille". "Ses passions pour les armes et la traque des animaux sont inquiétantes", a-t-elle ajouté avant le délibéré : l'homme, désormais âgé de 40 ans et au casier quasiment vierge, a été condamné à six mois ferme. Il portera un bracelet.

Il a en outre plusieurs obligations à respecter durant les prochaines années : interdiction d'entrer en contact avec la victime de laquelle il s'est séparé, interdiction de porter une arme, obligation de trouver un travail - il vivait du RSA -, de passer son permis de conduire, de soins...

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