À Sénergues, une ferme aux autruches au pays de la vache aubrac

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  • De gauche à droite, Cédric, Geneviève et Christian Vigouroux.
    De gauche à droite, Cédric, Geneviève et Christian Vigouroux.
  • Il n’est pas conseillé de « s’amuser » avec les autruches, excepté pour Christian qui connaît leurs limites !
    Il n’est pas conseillé de « s’amuser » avec les autruches, excepté pour Christian qui connaît leurs limites !
Publié le
Adrien Valette

À Sénergues, Christian Vigouroux, son épouse Geneviève et Cédric, leur fils, sont à la tête d’une exploitation on ne peut plus exotique. Au pays de la vache aubrac, ces derniers élèvent… des autruches ! Rencontre.

À dix kilomètres seulement de Conques, sur les terres de Sénergues, au cœur de l’Aveyron, Christian Vigouroux, accompagné de son épouse, Geneviève, et de son fils Cédric, élève depuis 25 ans des autruches. Une touche d’exotisme au pays de la vache aubrac.
Un cou élancé, de grands yeux quelque peu… globuleux, un poids d’environ 150 kg, de longues pattes véloces. L’autruche, le plus gros des oiseaux qui ne vole pas, mais qui court… et pas qu’un peu ! « À près de 70 km/h », assure Christian. Pour l’agriculteur, peu de doutes quant à la supériorité de l’animal ! « Mesurant plus de deux mètres, l’autruche possède une vue quatre fois plus puissante que celle des hommes. Elles peuvent repérer un objet à plus de 10 kilomètres ! Elles possèdent une force extraordinaire, un seul coup de patte peut tuer un homme », lance-t-il. Autant dire que l’envie de s’en approcher trépasse une fois que l’on connaît l’oiseau !

Une histoire de famille

Ici, c’est avant tout une histoire de famille ! « Cela fait quatre générations que nous sommes implantés sur ces terres, raconte Christian. Ce sont mes grands-parents qui ont acheté l’exploitation, mes parents ont continué, j’ai à mon tour pris le relais et l’heure est aujourd’hui à la génération suivante puisque Cédric, notre fils, travaille également à la ferme », poursuit-il.
Et ici, tout tourne autour des autruches. Car, à la reproduction, s’ajoute également la transformation de l’animal. C’est à l’abattoir de Villefranche-de-Rouergue que les oiseaux sont transformés en steaks ou rôtis sous vide.
Et la spécialité ? La terrine d’autruche préparée aux saveurs locales : au marcillac, à la châtaigne, aux cèpes… Des œufs, Geneviève en fait des objets de décoration. Vidés et nettoyés, ces derniers sont peints et embellis. La peau, elle, une fois tannée et teintée est utilisée en maroquinerie. « Le cuir d’autruche est l’un des plus réputés, mais également l’un des plus chers », assure Christian.
La famille cultive sur place les céréales, servant à l’alimentation de ces oiseaux d’exception. Éleveurs passionnés, elle ouvre depuis des années la ferme au public. « Nous avons des cars entiers qui viennent visiter la ferme », explique Geneviève. Entre 1 h 30 et 2 heures de visite, la ferme aux autruches n’a plus aucun secret pour les curieux. Des spécificités de l’animal à son alimentation, en passant par la reproduction, son alimentation ou encore son caractère… Bref, nombreuses et détaillées sont les explications fournies par la famille Vigouroux à l’occasion de ces temps d’échanges « que j’apprécie tout particulièrement », avoue Christian.

Un élevage menacé ?

Deux activités cohabitent au sein de la ferme de Sénergues. « L’activité originelle de la ferme, raconte Christian, c’était le bovin. L’engraissement de taurillon, plus précisément. » Mais, c’est l’effondrement du marché de la viande, notamment en raison de la crise de la vache folle, qui a poussé les éleveurs à diversifier leur activité et ainsi à élever des autruches. « Nous avons donc commencé avec six reproducteurs, puis petit à petit nous avons évolué. Nous avons ensuite ouvert la ferme au public et accueilli, certaines années, jusqu’à 12 000 visiteurs ! », raconte-t-il Mais aujourd’hui, « nous sommes en régressions en raison de plusieurs facteurs ».
« La première difficulté, ce fut l’épidémie de grippe aviaire qui a grandement touché la région cette année. Et, les autruches étant des oiseaux, de fait, nous avons dû cesser nos activités, notamment l’ouverture de la ferme au public. » Mais, à cela s’ajoute une seconde épidémie, celle du Covid-19. « Depuis la crise sanitaire, on peut dire ce que l’on veut, mais les touristes ne sont plus au rendez-vous », regrette Geneviève.
Aujourd’hui, « on lève le pied », annonce Christian. À terme, « l’idée n’est pas de poursuivre l’élevage d’autruches, avoue-t-il non sans émotion, les choses deviennent trop compliquées ». De plus, enchaîne Geneviève, « il est de plus en plus difficile de trouver des artisans qui veulent travailler manuellement et localement. Nous n’allons pas envoyer nos produits à l’autre bout de la planète. Si on continue sur ce modèle, c’est toute l’industrie artisanale dans nos campagnes qui va disparaître ».

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