Christian Bobin, le poète et ami de Pierre Soulages, est décédé

Quasiment un mois jour pour jour après le décès de Pierre Soulages, le poète Christian Bobin s'est éteint. Il est décédé  ce mercredi 24 novembre, chez lui dans cette ville de Creusot où il est né et qu'il n'a jamais quitté. 

Avec Pierre Soulages, il avait au fil des années noué une amitié lumineuse. Parmi ses derniers ouvrages, deux sont en résonance avec le peintre de l'outrenoir. "La Nuit du cœur", fruit de longues réflexions poétiques nées depuis une nuit dans une chambre d'hôtel de Conques, dont la fenêtre donne sur l'abbatiale, et "Pierre", une aventure intérieure vécue le 24 décembre 2018, jour d'anniversaire de Pierre Soulages, quand il décide de quitter le Creusot  pour se rendre à Sète, "chez Pierre et Colette". Un récit reflétant toute l'admiration du poète pour son ami. 

«Ce qui me bouleverse, dans son travail, c’est qu’il est allé très loin. Je ne dis pas que c’est volontaire chez lui. Pierre Soulages est le serviteur, non pas du noir, mais d’une extrémité de la pensée. C’est un penseur et un poète, autant sinon davantage qu’un peintre. C’est la vibration de ces trois ordres qui me touche dans son travail. La pensée, le poème et la matière argileuse, glaireuse, la lave noire qu’il triture. Matériellement, il a affaire avec ce dont on ne veut plus entendre parler, avec une sorte de boue, de glu.»

""Ce qui me touche dans ta peinture (...), c'est sa puissance de renouvellement, une salve de résurrections". C'est la citation de Christian Bobin qui était affichée dans l'abbatiale de Conques, lors de la messe de Requiem donnée le 4 novembre dernier. 

En 2019, dans le cadre du Siècle Soulages, Christain Bobin s'était rendu au musée Soulages pour une soirée exceptionnelle au cour de laquelle la comédienne Clotilde Coureau, accompagnée par l'accordéoniste Lionel Suarez, avait lu des passages de la "Nuit du cœur". Un temps suspendu. 

 C'est un pilier de la littérature, auteur d'une soixantaine de romans et d'une dizaine de recueils poétiques, dont "le Très-bas", texte poétique consacré à Saint-François d'Assies qui reçut le prix des Deux-Magots qui s'en est allé.