Economie : avec Moam à Rodez, des bijoux artisanaux surcyclés qui envoient du bois

Originaire de Bessières, dans la région toulousaine, Morgane Arnoux-Moreau a fait des études de bijouterie au lycée professionnel Nicolas Flamel, rattaché à l’École Boulle, dans le IIIe arrondissement à Paris. "En quatre ans, j’ai obtenu deux CAP – art du bijou et du joyau, et joaillerie – et un brevet des métiers d’art (BMA). À la sortie, je n’ai pas trouvé de travail. Ayant des notions de dessin industriel, j’ai pris un poste de styliste maquettiste pour créer des petits packagings pour Yves Rocher", raconte la créatrice de 39 ans.

"Me rapprocher de la nature"

"J’ai finalement eu l’opportunité de travailler dans un atelier prestataire de Mauboussin, à la cheville c’est-à-dire à l’atelier où je m’occupais du service après-vente et de la logistique. J’ai ensuite intégré un autre atelier qui fabriquait de pièces en petites séries pour Van Cleef & Arpels et Cartier. Puis je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant et mes priorités ont changé : je voulais profiter de ma famille et me rapprocher de la nature". Lorsque son mari trouve une opportunité de mutation, le couple vient s’installer en Aveyron.

Créatrice éco-responsable

Nouvelle région mais même passion pour Morgane Arnoux-Moreau qui veut laisser place à sa créativité. Elle fait quelques croquis, des essais mêlant bois local et métaux précieux, et crée son auto-entreprise. "J’avais déjà fait un projet en bois à l’école de bijouterie et ce matériau s’inscrit tout à fait dans ma démarche éco-responsable", explique l’artisane qui s’est fait accompagner par la chambre de métiers de l’Aveyron où elle a suivi des formations et rencontré d’autres porteurs de projets devenus des partenaires. "J’ai notamment fait la connaissance d’une professionnelle du bois qui tient une coutellerie à Laguiole et me donne ses chutes. Cela me permet de travailler de nombreuses essences issues de forêts françaises gérées durablement". 

Récupération, argent, etc.

Outre la récupération, Morgane Arnoux-Moreau veille à avoir une production responsable : "J’utilise l’argent car c’est un métal précieux qui se recycle et fonctionne en circuit fermé depuis que les mines ont fermé en France. Je n’utilise pas de vernis mais une cire élaborée avec une artisane locale pour préserver la douceur du bois et éviter tout toxique au contact de la peau". 

Boucles d’oreilles, colliers, bracelets, lettrages, nœuds papillon et autres alliances sont ainsi réalisés à partir de chutes de bois (couteaux Laguiole, charpentes, meubles, terrasses…), mais Morgane Arnoux-Moreau trouve également sa matière première dans des objets fournis par ses clients pour des projets sur-mesure. "Dernièrement, une dame m’a apporté la pipe de son papa avec laquelle j’ai fabriqué des boutons de manchette pour son fils. Cet objet chargé d’affect s’est transformé en pièce unique qui a du sens". Hommages, mariages, naissances… Moam crée de plus en plus de bijoux personnalisés dits d’amour, pleins de symboles pour ceux qui vont les porter.

Créatrice instinctive, Morgane Arnoux-Moreau s’adapte au bois, ses veines, ses teintes, et ses caprices. "Mon atelier est un laboratoire dans lequel je teste et expérimente sans arrêt. Que ce soit la mise en volume du bois ou du métal, la soudure, la fonte, la gravure, le polissage… Le bois est une matière naturelle, noble, vivante que je cherche à sublimer". 

Les bijoux Moam sont à retrouver sur son site www.moam-bijoux.fr, à la boutique Le Bal des créateurs à Rodez et chez Anna créations à Arvieu.