Mort de Morgan Keane : le chasseur aveyronnais condamné à deux ans de prison avec sursis

  • Me Sylvie Bros défend l'auteur du tir de chasse.
    Me Sylvie Bros défend l'auteur du tir de chasse. La Dépêche du Midi - Marc Salvet
Publié le , mis à jour
Manon Adoue et Aouregan Texier

Ce jeudi 12 janvier au matin, le tribunal correctionnel de Cahors s'est prononcé sur le sort des deux chasseurs impliqués dans la mort de Morgan Keane, le 2 décembre 2020 à Calvignac (Lot).

La justice a rendu son délibéré. Julien F., le tireur et Laurent L., le directeur de battue étaient jugés, le jeudi 17 novembre à Cahors, pour homicide involontaire par le tribunal correctionnel de Cahors suite à la mort de Morgan Keane. Comme le rapportent nos confrères de La Dépêche du Midi, le jeune Lotois avait succombé à une balle lors d'une battue aux sangliers, le 2 décembre 2020 à Calvignac. Lors du procès, Alexandre Rossi, le procureur du Lot a requis six mois de prison ferme contre chacun des deux chasseurs pour " ce tragique homicide involontaire qui était écrit, presque inscrit sur le carnet de battue tant les fautes commises et les manquements à la sécurité sont évidents". 

Sursis, interdiction de chasser, amende

Deux mois quasiment après le procès, la justice a donc tranché. Le tribunal de Cahors a condamné Julien F., le chasseur auteur du tir, à 2 ans de prison avec sursis et au retrait définitif de son permis de chasse. Laurent L., le directeur de battue a lui été condamné à 18 mois de prison avec sursis et à l'interdiction de passer son permis de chasse dans les cinq ans.

Les deux hommes devront verser 18 000 € d'amende au titre du préjudice moral pour les parties civiles. À l'annonce des peines, c'est la déception chez les amis de Morgan Keane. Peggy, l'une d'entre eux et par ailleurs membre du collectif Un jour un chasseur s'effondre : " Le permis de chasse aurait dû être retiré définitivement au directeur de la battue, il ne devrait pas avoir le droit de pouvoir rechasser un jour ". Elle reprend : " On est vraiment heurté par l'attitude du directeur de la battue. Il n'était pas là aujourd'hui mais surtout, il n'a jamais présenté ses excuses, c'est bien le seul".

"Leur vie ne va pas changer alors que nous si"

À la sortie, devant le palais de justice, Yann, un ami de Morgan Keane lâche, dépité, hors caméra :
"Je voulais juste justice pour mon pote, pour Morgan". Puis, il nous explique : "Donc, on peut avoir tué quelqu'un et rester chez soi au chaud comme si de rien n'était. 18 000 € d'amende, c'est dérisoire. Leur vie ne va pas changer alors que nous si".

Pour les parties civiles, Me Benoit Coussy, "le message envoyé aux mauvais chasseurs aujourd'hui est important et fort, ils n'ont qu'à bien se tenir. L'interdiction définitive est quelque chose de difficile à mettre en place sur le plan administratif, je ne suis pas sûr que même à l'issue de ses cinq ans d'interdiction le directeur de la battue reprenne un jour un fusil". Pas de prison ferme donc mais une peine conséquente qui "opère un virage" selon lui. L'avocat de Rowan, le frère de Morgan Keane poursuit : "C'est un réel durcissement de la justice, généralement, les peines de prison pour les chasseurs ne sont que de 6 mois voire 3 mois avec sursis". 

Lors du procès, Me Sylvie Bros, l'avocate du tireur, a estimé qu' "il aurait dû bénéficier d'un rappel des règles de sécurité, un accompagnement vu son inexpérience, des consignes simples et claires. Il y a une erreur mais il n'est pas dangereux, il ne voulait pas transgresser les règles". Pour le directeur de battue, Me Emilie Geffroy a mis en avant que " le directeur de battue n'a pas tenu le fusil à Morgan Keane. Il se sent responsable mais pas coupable", affirmant que le responsable de la chasse ce jour-là avait bien donné les consignes. Elle avait par ailleurs demandé la relaxe de son client.

Un appel n'est pas exclu

Pour Michel Bouscary, le président de la fédération de chasse du Lot, ce délibéré apporte le dénouement d'une affaire dramatique. Mais pas la fin du travail sur la sécurité : "On a subi un préjudice moral, toute la chasse entière d'ailleurs. On s'engage à poursuivre la formation des directeurs de battue et la formation obligatoire décennale mise en place par la loi sécurité 2020. Nous souhaitons que tous nos chasseurs soient formés d'ici la rentrée prochaine pour éviter un tel accident".

Me Emilie Geffroy qui défend le directeur de battue n'est pas surprise par l'annonce des condamnations. "Pour moi, juridiquement, l'infraction ne tient toujours pas. Nous allons voir pour faire appel de la décision, on peut le faire jusqu'au 23 janvier", glisse-t-elle. Me Sylvie Bros qui défend l'auteur du tir mortel espère de son côté que " la décision de justice apaisera les différentes parties". Elle n'exclut pas de faire appel. 

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Les commentaires (2)
filochard Il y a 1 année Le 12/01/2023 à 16:25

Chasse à interdire le dimanche jour de promenade des familles avec les enfants. Contrôle d'alcoolémie systématiquement

Anonyme13114 Il y a 1 année Le 12/01/2023 à 10:21

Condamnation en deçà des réquisitions comme d'habitude.