Manhac : une petite révolution à l'Aveyronnaise dans la gestion de l’eau potable

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  • Près de 30000 abonnés sur 80 communes sont desservis par L’Aveyronnaise des eaux à travers 2700 km linéaires de canalisations.
    Près de 30000 abonnés sur 80 communes sont desservis par L’Aveyronnaise des eaux à travers 2700 km linéaires de canalisations. Repro Centre Presse Aveyron - Richard Storchi
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

À Manhac, L’Aveyronnaise des eaux a obtenu le marché de l’adduction d’eau, sur le secteur du Syndicat mixte des eaux Lévézou-Ségala, face aux traditionnels poids lourds du milieu que sont Veolia ou Saur.

C’est une première dans le département, arrachée de haute lutte par Manuel Valentin, directeur associé de L’Aveyronnaise des eaux et Gilles Gineste, président de la holding des actionnaires G3.
Depuis le 1er janvier 2022 et dans le cadre d’un contrat de 6 ans renouvelable, l’entreprise de 22 salariés, installée à Manhac, a donc en charge "la gestion et l’exploitation technique de l’eau potable sur tout le syndicat, avec la particularité que c’est un territoire rural immense", résume Manuel Valentin.
Près de 30000 abonnés sur 80 communes sont ainsi desservis par L’Aveyronnaise des eaux à travers 2700 km linéaires de canalisations.
Les choses n’ont pas été simples pour l’entreprise qui, pour réussir son pari, était opposée à des exploitants comme Veolia ou Saur, qui représentent 95% des exploitants en France.
"On a été mieux-disants, on a misé sur le local avec un actionnariat aveyronnais. Nous faisons appel à une dizaine de prestataires locaux, des petites entreprises de terrassement, cela a peut-être plu aux élus que l’on fasse travailler le local", poursuit-il.

La recherche de fuites en ligne de mire

Entre montage du dossier et recherche de locaux, c’est au pas de course (et après un investissement d’1,5 M€) que l’entreprise a vu le jour. Elle a désormais la charge de cet immense réseau, un marché d’1,9 M€ par an.
Le principe de fonctionnement de l’adduction est le suivant: « L’eau provient du lac de Pareloup, elle est achetée par le syndicat à EDF. Elle devient de l’eau potable à la station du moulin de Galat, à 900 mètres d’altitude, qui alimente le réseau en gravitaire jusqu’à Rieupeyroux, Villefranche-de-Rouergue et même Cordes-sur-Ciel. Le syndicat mixte produit l’eau, nous, on la distribue jusqu’à chaque commune qui adhère au syndicat et tout le réseau est sous notre responsabilité », explique Manuel Valentin. L’équipe de L’Aveyronnaise des eaux est notamment composée de 11 fontainiers, en charge de l’entretien d’un secteur : gestion d’éventuelles fuites, relève et changement des compteurs (2000 ont été remplacés en 2022 sur un total de 10000 d’ici la fin du contrat), problématiques de pression…
Dans leur ligne de mire: la recherche de fuites, causées par l’âge des canalisations, la sécheresse ou d’éventuelles casses, qui font que dans l’Aveyron comme ailleurs, 20% de l’eau potable n’arrive jamais jusqu’au robinet. Un aspect « primordial » pour Manuel Valentin, dont l’équipe se compose aussi d’électrotechniciens, en charge des infrastructures gérées à distance.
En 2022, les équipes ont assuré près de 1300 interventions sur le réseau pour des fuites, problèmes de pression ou pannes de compteur.

Syndicat des eaux du Lévezou Ségala : "Une volonté de reprendre la main"

"Après l’analyse des offres et des échanges avec les autres entreprises, c’est L’Aveyronnaise des eaux qui a été retenue parmi les cinq entreprises en lice", se souvient Yves Regourd, président du syndicat mixte des eaux du Lévezou Ségala. Et outre ce basculement inédit vers une petite entreprise locale, le syndicat a vécu une seconde évolution majeure en décidant de reprendre la main sur la gestion de « son » eau.
Explications du président Regourd : "Dans le cadre de l’exploitation de notre réseau nous avions passé un marché de prestation de service. L’entreprise Sogedo assurait l’exploitation de notre usine du moulin de Galat et en 2020, soit deux ans avant l’arrêt du contrat, les élus ont décidé de prendre en régie directe la gestion de l’usine et son fonctionnement. Aujourd’hui, L’Aveyronnaise des eaux a en charge la partie gestion et exploitation du réseau".
Cette reprise en régie a permis de générer de l’embauche : de trois personnes avant 2020, le syndicat emploie 13 personnes aujourd’hui, des électromécaniciens et des administratifs.
"C’était une volonté de reprendre la main sur la production d’eau potable, sur le côté technique, et sur le suivi de nos abonnés, un suivi sur la facturation, une meilleure connaissance de nos abonnés", liste Yves Regourd.
À l’année, 7 millions de mètres cubes sont prélevés dans les retenues hydroélectriques du Lévezou, au Vioulou et au lac de Bages. Quatre partent chez les abonnés du syndicat, trois sont revendus à une quinzaine de collectivités partenaires. Le syndicat affiche une performance de 82 %, soit 18 % d’eau qui disparaît avant d’arriver aux robinets. La qualité de l’eau affiche de bons résultats du fait de l’amélioration du processus de traitement qui utilise notamment des filtres aux matériaux innovants. En 2022, 5 M€ ont été investis dans l’usine.

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