Aveyron : la trufficulture elle aussi face au défi du réchauffement climatique

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  • Le Syndicat a fusionné avec  la Maison de la truffe en 2022.
    Le Syndicat a fusionné avec la Maison de la truffe en 2022.
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Baisse de production, des effectifs, manque d’eau, concurrence européenne… Pour faire face à ces nouveaux enjeux, le Syndicat des trufficulteurs de l’Aveyron est en quête de solutions.

L’année passée a été malheureusement historique. Rarement, en effet, les trufficulteurs de l’Aveyron avaient à ce point souffert. Souffert de la sécheresse d’abord, qui a sérieusement amputé la production annuelle de l’or noir. "En Aveyron comme partout en France, on estime que la récolte a diminué de 50 % en 2022", développe Mathieu Rivière, président du Syndicat des trufficulteurs de l’Aveyron. "C’est franchement la catastrophe. La France a produit une vingtaine de tonnes cette année, contre 50 habituellement", déplore le natif de Peyre à la tête d’un syndicat qui compte aujourd’hui 160 membres.

Déjà, lors du traditionnel marché aux truffes de Comprégnac, organisé le dimanche avant Noël, le bilan ne laissait rien augurer de bon. À peine 7 kg de truffes avaient trouvé preneurs en quelques minutes, contre 17 kg l’année précédente. Elle qui a besoin d’un terrain drainant et d’un sol calcaire pour s’épanouir, a souffert cette année de la longue période de sécheresse et de la chaleur. "Le cycle de la truffe est très long. Elle naît au mois de mai pour une récolte au 15 novembre à peu près. Mais la chaleur, l’été dernier, a fait monter la température de la terre et a tué les truffettes au mois de juillet."

Les prix ont presque doublé

Une pénurie généralisée qui se répercute fatalement sur les prix et sur leur volatilité, là encore assez inédite. "Nous avions généralement un prix stable à l’année, avec un pic avant les fêtes. Ensuite, le cours diminue en janvier et février, avant de repartir à la hausse en fin de saison. Mais cette année, c’est beaucoup plus fluctuant", valide un adhérent. Au moment de la Saint-Valentin, le kilo de truffe s’est échangé contre près de 1 200 €. Près du double pour un produit "qualité extra".

Si le Syndicat dit avoir "joué le jeu" en assurant à ses clients réguliers des prix "raisonnables", qu’en sera-t-il demain, si la pénurie venait à s’installer durablement ? Une question que Mathieu Rivière se pose tous les jours. Pour assurer une production digne de ce nom et palier la chute des précipitations, la solution consisterait à arroser chaque arbre à des périodes précises. "De l’ordre de 200 litres par arbres tous les 15 jours en période de sécheresse", estime un trufficulteur. "Irréalisable aujourd’hui" alors que le taux d’étiage des rivières n’a jamais été aussi bas. "Nous étudions aussi des solutions de paillage pour limiter les effets du gel, et l’évaporation en été", développe le président prêt aujourd’hui à étudier "toutes les solutions" pour assurer un avenir à la truffe aveyronnaise et à son syndicat crée au milieu des années 1970.

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