VIDEO. Pénurie de médecins en Aveyron : en dix ans, le territoire de Rance et Rougier est passé de sept à trois praticiens

Abonnés
  • La maison de santé de Belmont-sur-Rance se vide malheureusement de plus en plus.
    La maison de santé de Belmont-sur-Rance se vide malheureusement de plus en plus. M.D.
Publié le
Michel Durant

Le départ à la retraite du Dr Arnould fragilise plus encore l’offre de soins sur la communauté de communes Monts, Rance et Rougier.

"On va y arriver, il faut tout explorer. On a des atouts." Les propos de Monique Aliès, présidente de la communauté des communes Monts, Rance et Rougier, se veulent optimistes et volontaristes. Le départ à la retraite, le 1er mai, du docteur Bernard Arnould est une mauvaise nouvelle. Il fragilise un peu plus l’accès aux soins des 6 500 habitants du territoire.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont quelque peu anxiogènes. Il y a dix ans, sept médecins officiaient, ils ne sont plus que quatre et bientôt trois avec le départ du docteur Bernard Arnould qui, à 75 ans, goûtera enfin à une retraite bien méritée.

Trois maisons de santé ouvertes il y a trois ans

Autant dire que ce départ va rendre la situation encore plus difficile dans un secteur où les professionnels de santé et les élus des vingt-trois communes ont pourtant uni leurs efforts dès 2016 pour aboutir, en 2020, à la construction de trois maisons de santé à Camarès, Belmont et Saint-Sernin-sur-Rance.

Sur les quatre médecins, ils sont deux, avec le docteur Véran de Camarès, à faire partie du réseau de santé, épaulés par 23 soignants spécialisés (infirmières, kinésithérapeutes, podologue, sage-femme…) .

"On ne découvre pas le problème", indique l’élue par ailleurs maire de Belmont et conseillère départementale : "On recherche activement des médecins. Dans l’idéal, il en faudrait trois de plus. Il y a un an que l’on sait que le docteur Arnould va cesser son activité. On a multiplié les démarches auprès des organismes traitant de ce problème à la Région et au Département. On a fait une vidéo sur youtube (voir ci-dessous). L’été dernier, on a pris un chasseur de têtes. On a participé à des forums de médecine pour essayer de recruter des médecins… Les docteurs Arnould et Véran étaient maîtres de stage, mais aucun des stagiaires n’a voulu venir s’installer une fois diplômé. Il y a quelques contacts qui, pour l’instant, se sont avérés vains. On n’a pas pu concrétiser nos recherches."

Les raisons sont multiples : l’éloignement, une vie déjà installée ailleurs, le travail du conjoint, le manque d’une structure hospitalière complète, le manque d’équipements culturels et de loisirs, l’éloignement des grandes villes… La situation va être particulièrement compliquée dans une zone où 40 % de la population a plus de 60 ans avec, sur son sol, des structures spécialisées pour handicapés et quatre maisons de retraite ayant besoin d’un médecin coordinateur avec in fine "un affaiblissement de l’attractivité du territoire dont la santé est un des piliers", constate Monique Aliès qui espère "trouver au moins une solution transitoire d’ici l’été".

"Inquiétude chez les patients"

"Les établissements spécialisés accueillent 250 résidents et génèrent 300 emplois", comme tient à le souligner Bernard Arnould qui indique que cela aura "aussi des répercussions sur le plan économique".

Le patricien, qui a exercé pendant 48 ans dans le Belmontais, constate "une inquiétude chez ses patients devant le manque de succession" et éprouve un sentiment "de colère devant l’impéritie des pouvoirs publics qui depuis 30 ans mettent en place des mesures qui ne résolvent pas le fond du problème".

Le médecin affiche "un optimisme réaliste" et tient à mettre en avant "les excellentes relations humaines entre le médecin et les patients en milieu rural" ainsi que "le travail en commun des professionnels de santé et des élus" pour résoudre "un problème lié aussi au devenir de l’hôpital sur le Sud-Aveyron".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?