"C'est une catastrophe, une horreur..." : les campings de l'Aveyron face à la pénurie de personnel

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  • Cette pénurie, vécue par l’ensemble des acteurs, est relativement récente.
    Cette pénurie, vécue par l’ensemble des acteurs, est relativement récente. Archives Centre Presse - José A. Torres
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Xavier Buisson

L’avant-saison qui "a bien démarré" met un peu de baume au cœur aux gérants de campings aveyronnais confrontés, comme nombre d’acteurs du tourisme, à une grave pénurie de personnel qu’ils espèrent conjurer avant le début de la haute saison.

«Les gens s’y prennent très tôt, j’ai l’impression que l’on est revenu bien avant le Covid». Laure Dalbin, gérante du camping Les Genêts, qui célèbre cette année ses 50 ans de présence au bord du lac de Pareloup, semble plutôt satisfaite en cette avant-saison pour laquelle les réservations ont «très bien démarré». Notamment pour la période du pont de l’Ascension, où les locations affichent complet.

Et alors que la météo s’annonce plutôt maussade pour la fin de semaine, la gérante sait qu’elle ne pourra pas compter sur des réservations de dernière minute. Près de 45% de la clientèle des Genêts est d’origine étrangère. «Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni», liste Laure Dalbin, qui est aussi la présidente de la Fédération aveyronnaise de l’hôtellerie de plein air.

La «catastrophe» du manque de personnel

«Pour les campings du département, les mois de mai et juin sont la dernière ligne droite avant le coup d’envoi de la haute saison, au début du mois de juillet. Et pour l’Ascension et la Pentecôte, c’est sûr, on va bien travailler», explique-t-elle. Pour la suite en revanche, rien n’est moins sûr. Avec un gros point d’interrogation, unanimement relevé par la profession, dans l’Aveyron comme ailleurs : la pénurie de personnel. «C’est une catastrophe, une horreur. Le pire, c’est pour la restauration…», affirme la gérante, qui n’a pour l’heure trouvé aucune des sept personnes censées constituer l’équipe de restauration.

Une situation vécue par l’ensemble des acteurs du secteur, mais relativement récente. «Il y a 15 ans à la même époque, nous avions dès le mois de décembre une énorme pile de CV sur le bureau», se souvient Laure Dalbin, «obligée de refuser des groupes» du fait de cette situation. Réceptionnistes ou employés de ménage font aussi défaut. «Beaucoup commencent la saison avec un effectif à la moitié de ce qu’il devrait être», résume la présidente de la fédération de l’hôtellerie de plein air, qui fédère 68 des 182 campings du département.

À la veille de cette nouvelle saison, nombre d’entre eux ont réalisé des investissements afin, notamment, de lutter contre les effets d’une éventuelle canicule. Riche des enseignements de l’année passée, le camping des Genêts, qui peut accueillir jusqu’à 650 personnes, a par exemple décidé d’installer un goutte-à-goutte pour arroser ses végétaux.

Un choix doublement gagnant pour Laure Dalbin : économie d’eau… mais aussi de personnel, du fait de la rareté des employés.

«Aujourd’hui, les gens n’arrivent plus à déstresser»

L’heure est donc à l’espérance dans l’établissement, ouvert à Salles-Curan depuis 50 ans cette année. «C’est une affaire familiale, j’ai repris en 2007 mais j’ai toujours travaillé ici», explique la patronne, observatrice privilégiée du petit monde des campeurs. «Si je dois faire une saison comme la saison de 2022, je pense que je mettrai le camping en vente», affirme même la gérante.

«Par le passé, la clientèle n’était pas la même, il y avait beaucoup plus d’étrangers. Aux Genêts il y a 20 ans, il y avait 160familles néerlandaises pour trois familles françaises», se souvient-elle. Avec une certaine nostalgie pour les temps encore plus anciens, ceux d’«avant les RTT» où les vacances… en étaient vraiment. «Les gens prenaient tout beaucoup plus à la légère… Aujourd’hui c’est bien différent, les gens n’arrivent pas à déstresser».

En chiffres

8.818 emplacements proposés dans les 182 campings de l’Aveyron.
10% des campings sont classés 4 ou 5 étoiles, 24% 3 étoiles, 15% 2 et 1 étoiles, 49% des établissements sont non classés, les 2% restants étant non classés ou labellisés.
1.147.295 nuitées comptabilisées en 2022 dans l’Aveyron d’avril à septembre (un chiffre en hausse de 2,2% par rapport à l’année précédente) dont 58% en emplacement nu et 42% en locatif.
26,4% des campeurs du département sont d’origine étrangère.
52,97%, le poids de l’hôtellerie de plein air dans l’offre globale d’hébergement contre 15% pour l’hôtellerie.
46€ par nuit et par touriste, la dépense moyenne consacrée à l’hébergement dans le département, tous types d’hébergements confondus.


 

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Les commentaires (5)
rasetapeau Il y a 11 mois Le 19/05/2023 à 09:39

Système libéral, loi de l'offre et de la demande, s'applique dans tous les sens.

Altair12 Il y a 11 mois Le 18/05/2023 à 10:34

Je ne suis ni employeur, ni salarié mais j'ai entendu parler des charges salariales ; bon nombre d'employeurs souhaiteraient augmenter les salaires mais ils ne le peuvent en raison de ces charges !
A contrario la France entretient 5,5 millions de chômeurs et 2 millions de RSA alors qu'il y a plusieurs centaines de milliers d'emplois non pourvus ; il y a là un gros problème flagrant au quel nos gouvernants n'osent s'attaquer !

JCChat Il y a 11 mois Le 19/05/2023 à 06:23

Ni salarié ni employeur mais gros mathématicien.

Rose-lyne Il y a 11 mois Le 18/05/2023 à 07:23

AUgmentez sérieusement les salaires et tour entrera dans l'ordre

betty12 Il y a 11 mois Le 18/05/2023 à 13:47

Bravo c'est tout a fait ça ! les salaires ne sont pas a la hauteur, les gens ne veulent plus travailler pour des clopinettes.